Durant son comité exécutif, jeudi dernier au Caire, la CAF a ouvert la voie à un changement de la date de tenue de la CAN prévue au Cameroun durant l'été de 2021 (11 juin au 9 juillet) avec la participation, comme en Egypte l'été dernier, de 24 nations. Le coup de force opéré par la Fifa, qui avait décidé de tenir la première Coupe du monde des clubs durant la période estivale de l'année 2021, va certainement pousser la CAF à revenir vers ses «premières amours», en l'occurrence organiser le rendez-vous continental durant l'hiver (entre fin décembre et début mars) comme c'est le cas depuis 1957 (seule la seconde édition, en 1959 en Egypte, a eu lieu durant le printemps en mai). Dans ses résolutions, l'instance du Malgache Ahmad Ahmad concède à la «météo» le droit de trancher la date exacte du rendez-vous de Cameroun-2021. En juin-juillet, le Cameroun et la région de l'Afrique de l'Ouest doit accueillir son «hiver» avec une activité météorologique intense marquée parfois par des pluies torrentielles néfastes aussi bien aux pelouses que fouleront les footballeurs que les infrastructures de base (routes, aéroports etc.). Les chantiers menés par le pays organisateur, à qui la Confédération africaine de football a retiré l'organisation de la 32e édition pour «retards dans les travaux», avant de la confier à l'Egypte six mois avant sa tenue, ne sont pas concernés par cette décision que l'instance africaine prononcera d'ici peu. Une aberration sachant que l'avancement de la date de déroulement de la 33e phase finale de la CAN aura des conséquences sur ces mêmes travaux d'édification de stades et d'autres infrastructures de base (routes, hôtels etc.) nécessaires pour que les 24 sélections, leurs supporters et les officiels trouvent leur confort au Cameroun. Or, avancer de plus de six mois la date d'organisation de cette Coupe d'Afrique des Nations pourrait impacter non seulement le calendrier des compétitions africaines interclubs et celles des sélections nationales mais aussi l'achèvement des chantiers menés par le gouvernement camerounais depuis voilà 5 ans. Hormis les stades de la capitale, les autres sites retenus pour accueillir les 52 matchs de ce tournoi ne sont pas prêts. Et ne le seront pas à en croire des informations en provenance du pays de Paul Biya. Certains sites spécialisés ont même prévenu que les chantiers pourront s'achever en 2036… Le Cameroun ne sera pas «prêt» L'idée d'avancer les dates qui obéit à des considérations purement politiques, l'actuel président de la CAF ayant toujours souvenance des «méfaits» causés par son prédécesseur camerounais, pourrait donc aboutir à la délocalisation, une fois de plus, de cette phase finale. Vendredi, l'ancienne star des Lions Indomptables Patrick Mboma n'y est pas allé avec le dos de la cuillère en soulignant que le Cameroun ne sera pas au rendez-vous pour accueillir la manifestation footballistique de 2021. «J'ai des doutes que le Cameroun puisse organiser la CAN en 2021. Nos infrastructures sportives ne sont pas au point», a-t-il déclaré à la presse de son pays. De passage au Cameroun, le Ballon d'or africain» en 2000 a fait part de ses inquiétudes quant à la tenue de l'édition 2021 au Cameroun. «Je souhaite que le Cameroun organise la CAN. Mais j'ai des doutes que le Cameroun puisse organiser la CAN en 2021. Je suis inquiet parce que, selon moi, nos infrastructures sportives ne sont pas au point», a-t-il fait savoir au site ABK Radio. L'aveu de Mboma est partagé par beaucoup d'acteurs du football camerounais qui pensent que leur pays ne sera pas au rendez-vous à cause notamment de l'avancée à pas de tortue des travaux dans la plupart des chantiers ouverts. Un avis également «validé» par les inspecteurs de la CAF qui, durant leur récente visite au Cameroun, ont accordé «six mois» aux responsables camerounais pour que les chantiers soient réceptionnés. Un délai qui coïncide avec l'organisation par le Cameroun du CHAN-2020 annoncé entre le 4 et le 25 avril de l'année prochaine. A titre d'exemple, les inspecteurs de la CAF ont constaté le retard dans la réalisation du stade d'Olembe à Yaoundé conçu pour accueillir 60 000 personnes et doté de deux terrains d'entraînement, d'espaces commerciaux et d'hébergement. Pour le seul stade d'Olembe qui portera le nom de Paul Biya, la CAF a fait savoir qu'elle n'attendra pas au-delà de juin 2020. Soit deux mois de plus que les délais fixés à la réception des stades Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé (38 000 places), stade Kuekong de Bafoussam (20 000 places), stade Omnisports de Limbe (20 000 places, déjà utilisé lors de la CAN féminine 2016), stade Omnisports de Bepanda et le Complexe sportif de Japoma qui accueilleront le CHAN-2020. L'Algérie comme roue de secours ? C'est donc l'incertitude qui plane sur non seulement la date mais également le lieu où se tiendra la CAN-2021. Le Cameroun ne sera probablement pas «prêt» et la Côte d'Ivoire, chargée de recevoir l'Afrique deux ans plus tard (2023) ne le sera pas non plus. Et ne constitue pas non plus une solution «légale» et qui offre des garanties pour la réussite de la 33e édition. Alors qui sera ce pays qui peut suppléer au pied levé le Cameroun dans le cas où la CAF venait à retirer l'organisation de la CAN-2021 ? Au jour d'aujourd'hui, en attendant les suites que donnera la CAF à ce «dossier», aucun pays ne s'est manifesté officiellement. Certains relais officieux ont fait dire au ministre de la Jeunesse et des Sports, Salim-Raouf Bernaoui, que l'Algérie serait capable d'accueillir ladite compétition «si la CAF venait à la solliciter». Le ministre algérien qui avait démenti avoir tenu de tels propos précisera que les stades de Baraki, Douéra, d'Oran et de Tizi-Ouzou seront fonctionnels avant juin 2020. Soit la date fixée comme ultimatum aux Camerounais pour boucler l'ensemble des travaux menés dans les chantiers ouverts pour les besoins de l'organisation de la CAN-2019 puis 2021. La semaine dernière, dans une déclaration à Reuters, M. Bernaoui a fait cette déclaration pleine d'opportunisme. «Nous soutenons le Cameroun parce que c'est un pays ami et nous sommes prêts à lui donner un coup de main s'il a besoin de nous». Et de confier que «j'ai pu avoir l'accord des hautes autorités du pays. Nous avons tous les moyens et nous serons prêts à accueillir cet événement». Plus «déterminé», il aura cette conclusion sans équivoque de l'intérêt de l'Algérie pour abriter une compétition de cette envergure. «Nous sommes prêts à remplacer le Cameroun, dans le cas où la CAF déciderait de lui retirer l'édition de 2021 , a-t-il estimé. A Ahmad Ahmad de réfléchir à la proposition… M. B.