Enième rebondissement dans l'affaire du retrait de la CAN-2019 au Cameroun. La Confédération africaine envisage, en effet, de chambouler le calendrier des trois prochaines éditions du tournoi africain en confiant, d'abord, l'édition de 2019 initialement attribuée à la Côte d'Ivoire, au Cameroun. Une décision qui risque de ne pas plaire aux Ivoiriens. Alors que les Camerounais n'ont pas encore dit leur dernier mot après la décision de la CAF de leur retirer l'organisation de la 23e édition, en promettant de terminer, dès février prochain, les travaux des infrastructures prévues pour l'événement de l'été prochain et en sollicitant les structures d'arbitrage internationales (TAS, Fifa etc.), de nouveaux rebondissements sont intervenus ces dernières heures. C'est le président de la CAF, le Malgache Ahmad Ahmad qui ouvre la voie à cette éventualité. «Pour faire les choses de manière plus humaine, décalons toutes les CAN et donnons plus de chances et plus de temps au Cameroun pour qu'il réalise les infrastructures. (...) Nous avons pris cette décision de décaler le Cameroun en 2021 et la Côte d'Ivoire en 2023. La Côte d'Ivoire non plus ne sera pas prête pour la Coupe d'Afrique 2021 au vu de l'évolution des travaux », dira le patron de l'instance du football africain dans un entretien accordé à Afrique Média TV. Et d'ajouter : «Donnons au Cameroun plus de temps pour qu'il réalise les infrastructures, et accompagnons-le pour qu'il soit bien prêt.» Un scénario qui ne plaît ni aux Camerounais certains de voir les nouveaux stades mis en place spécialement pour la CAN-2019 livrés en février 2019, soit quatre mois avant le rendez-vous (15 juin- 13 juillet) encore moins aux Ivoiriens qui jurent par tous les saints qu'ils n'accepteront pas d'accueillir «leur» tournoi en 2023. Par la voix du président Paul Biya, le Cameroun a déjà mis le holà. «Puisque c'est ainsi, je terminerai mes travaux à (la) date (prévue) et je prendrai qui de droit à témoin», dira le chef de l'Etat camerounais qui, révèle Félix Zogo (président du Cocan), assure que «les stades seront tous livrés fin février». Le Cameroun qui a mis le paquet (1,5 milliard d'euros dépensés jusque-là) pour améliorer et construire les infrastructures sportives, hôtelières, autoroutières et de télécommunications pense être en mesure d'accueillir convenablement la phase finale de la CAN-2019 que la CAF veut confier à d'autres pays à choisir avant la fin de ce mois. Les Camerounais pensent bien que les raisons invoquées par le CE/CAF ne sont pas valables. Félix Zogo se basant sur un courrier adressé par le président de la CAF au président camerounais estime que les raisons sont ailleurs. «Cette lettre prouve au moins une chose : c'est que les attributions et les retraits sont faits de manière unilatérale par le président de la CAF, le Comité exécutif ne lui (servant) à rien», affirme Félix Zogo. C'est l'histoire de l'arroseur arrosé, en somme. Le Cameroun et les deux autres pays (Côte d'Ivoire et la Guinée, ndlr) ayant été désignés par Issa Hayatou lors d'un congrès de la Confédération en 2016 lequel avait fermé l'œil sur pas mal d'autres dossiers de candidature en feignant notamment d'appliquer la règle de l'alternance entre les différentes zones géographiques (les trois pays en question sont issus de l'Afrique de l'Ouest).
L'arroseur arrosé Un dossier, celui du retrait de l'organisation au Cameroun, qui ne semble, en définitive, pas clos et qui n'est pas le dernier des soucis du président malgache de la Confédération. Un autre front vient, en effet, de s'ouvrir. C'est le ministre des Sports ivoirien, Paul Danho, qui, irrité par les propos du président de la CAF qui dit que «même la Côte d'Ivoire ne sera pas prête», en livre la «conviction» de son gouvernement. «La Côte d'Ivoire est retenue pour l'organisation de la CAN-2021. Elle n'est plus au stade de la candidature. Donc, il n'y a pas de candidature ouverte pour 2021. Plutôt pour 2019, suite à la défaillance du Cameroun. La CAN 2021, c'est la Côte d'Ivoire qui l'organisera. Nous travaillons donc pour être prêts pour 2021», a-t-il déclaré. Pour les Ivoiriens plus question, donc, de lorgner une autre date que celle décidée en 2016 par le CE de la CAF présidé alors par Issa Hayatou. La Côte d'Ivoire se devait, à son avis, d'être consultée pour abriter éventuellement l'édition de 2019. Un véritable «bourbier», en somme, pour Ahmad Ahmad et son staff qui savent que la succession du Cameroun promise au Maroc a du plomb dans les ailes. L'Afrique du Sud et l'Egypte n'ont pas encore dit leur dernier mot. La nation arc-en-ciel considérée par Ahmad Ahmad en personne comme étant parmi les trois pays (avec le Maroc et l'Egypte) en mesure d'abriter la prochaine phase finale en cas de retrait de l'organisation de la CAN-2019 au Cameroun, en raison surtout de ses capacités d'accueil opérationnelles suspend sa décision au bon vouloir du gouvernement. La sortie médiatique de Danny Jordan, président de la Safa, dimanche, semble avoir fait bouger les choses en Afrique du Sud dont l'opinion publique est autrement plus favorable à accueillir la fête du football africain qu'elle ne l'était en 2014 quand la CAF était dans l'embarras après le désistement du Maroc. Chez les Pharaons, la tendance est inversée mais le désir partagé. Si la FEF de Hany Abou Rida pense que le Maroc est tout indiqué pour être le théâtre de la 32e phase finale, en suggérant que l'Egypte ne se portera pas candidat, le gouvernement par la voix de son ministre des Sports, Achraf Sobhi évoque la possibilité d'organiser la prochaine Coupe d'Afrique des nations, et ce, en application du plan mis en place par le ministère dans lequel l'Egypte se doit d'abriter un maximum d'événement sportifs d'envergure. Même s'il est prématuré de dire que les Egyptiens sont divisés sur la question, une décision finale devrait être prononcée sous peu. Hier, la FEF a tenu son conseil mensuel initialement prévu le 6 décembre (jeudi) pour discuter de cette éventualité. Selon les premiers échos, la fédération égyptienne étudierait la possibilité d'une co-organisation avec le Maroc. Une option qui ne devrait pas plaire aux décideurs de la CAF «enragés» par les précédentes expériences (Ghana-Nigeria en 2000 et Guinée-Equatoriale-Gabon en 2012). En tout état de cause, à la date butoir fixée par la CAF pour réceptionner les dossiers de candidature, Ahmad Ahmad passera des nuits blanches. M. B.