Les soubresauts politiques que vit la région de Boumerdès et le pays en général n'ont pas dévié de son chemin un fait séculaire à caractère agricole et même socioculturel qu'est la récolte de l'olive. Une récolte exceptionnelle (une augmentation de 328%) et un rendement très bon à l'hectare annoncent une campagne oléicole prospère dans la région de Boumerdès qui cultive l'olive Chamlal. Au niveau de l'huilerie de la famille Megdoud d'Aït Amrane, c'est l'optimisme qui l'emporte. Chez les Megdoud, on a commencé à triturer les fruits (Amtor) qui tombent et qui sont ramassés avant la récolte, et on a déjà atteint, dans certains champs, un rendement de 20 litres d'huile au quintal d'olives. Selon Hamid Megdoud, le rendement général moyen du début de saison est de 16 litres au quintal. C'est mieux que la saison écoulée durant laquelle, selon lui, on avait enregistré un rendement de 14 litres au quintal avec, en sus, une récolte catastrophique. Cette récolte annoncée comme très bonne a quelque peu stabilisé, pour l'heure, le prix du litre. L'huile de très bonne qualité et totalement bio est vendue, chez les Megdoud, à 700 dinars le litre. Rachid Messaoudi, chef de service Appui technique au niveau de la DSA (Direction des services agricoles) de la wilaya de Boumerdès, partage cet optimisme et parle d'année exceptionnelle en dépit des aléas climatiques qui ont perturbé, au mois d'avril, la floraison. Selon lui, sur une superficie en production de 7 600 hectares pour une aide plantée de 8 600 hectares, il est prévu de récolter 160 000 quintaux d'olives. Une augmentation de 328% par rapport à la saison écoulée, durant laquelle les familles n'avaient récolté que 37 400 quintaux d'olives et n'avaient produit que 568 000 litres d'huile. Le chef de service de la DSA estime, par ailleurs, le rendement d'olives à l'hectare pour la campagne 2019/2020 à 22 quintaux. Durant cette campagne en cours, il est prévu de produire 2 700 000 litres d'huile au niveau de la wilaya de Boumerdès – une augmentation de 377% par rapport à la saison 2018/2019. On sait que la région de Boumerdès exploite le Chamlal en zone montagneuse et sur le piémont. Messaoudi nous fait savoir que jusqu'à présent, 1.000 hectares ont été récoltés et les premiers rendements de l'olive de cette année sont évalués entre 18 et 20 litres au quintal. Beaucoup reste à faire pour atteindre les normes européennes et espérer exporter en quantité. 29 huileries d'une capacité de 275 q/heure sont en production. Comme le parc huilerie est important, certains gérants achètent de l'olive dans d'autres régions, à l'ouest du pays notamment. Ce n'est pas le cas des Megdoud. «Parce que la qualité de l'olive n'est pas la même car la géologie – à l'ouest, on cultive dans la plaine et on irrigue – et le climat est différent de celui de notre région», nous explique Hamid. Justement, beaucoup reste à faire pour réaliser des changements chez les familles surtout en matière de récolte et de transport. En effet, l'olive de Boumerdès a la qualité bio mais elle n'est pas collectée de manière à la faire accéder aux normes européennes et éventuellement l'exporter. «Pour produire l'huile extravierge, il faut récolter l'olive quand elle est verte. Cela touchera la quantité produite. Malheureusement, les familles privilégient la quantité. Elles n'entament la récolte que quand les olives sont totalement noires», nous explique Hamid Megdoud. Quant aux services agricoles, ils donnent quelques conseils pour au moins produire une huile avec moins d'acidité, donc de bonne qualité. Ils conseillent l'utilisation des cageots à la place de sacs en plastique pour le transport et un stockage ne dépassant pas 3 jours après récolte pour triturer. Abachi L.