Djamel Ould-Abbès est sous le coup d'une nouvelle accusation. Il est, désormais, également poursuivi pour dilapidation de deniers publics sur la base de témoignages et déclarations récemment apportées par certains de ses anciens collaborateurs. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ce nouveau chef d'inculpation lui a été notifié, hier, par le juge d'instruction chargé du dossier au terme d'une audition dans le fond pourtant très attendue par le concerné. Explications : Djamel Ould-Abbès a été placé sous mandat de dépôt le 8 juillet dernier pour une affaire liée à sa gestion durant la période où il occupait la fonction de ministre de la Solidarité. Son avocat, Me Ksentini, avait alors indiqué à la presse que son client n'avait pu se défendre correctement car il s'était préparé à répondre de sa gestion durant une période antécédante, celle qui remonte avant 2019 et durant laquelle il avait également assuré le poste de ministre du même département. «Nous n'avions pas les documents justificatifs sur nous», expliquait encore la défense. Au terme de sa comparution devant le procureur de la Cour suprême, Djamel Ould-Abbès a été placé sous mandat de dépôt et les chefs d'accusation retenus à son encontre rendus publics dans un communiqué émanant de la même instance. Il s'agit d'octroi d'indus privilèges et avantages, abus de fonction et conclusion de marchés en violation des dispositions législatives et réglementaires en vigueur. Dans le bureau du magistrat qui l'informe de sa décision de l'incarcérer, l'ancien ministre proteste et met en avant son âge, 86 ans, qui, dit-il, ne lui permet pas de supporter un séjour carcéral. Après quatre mois d'emprisonnement, le juge programme son audition dans le fond, un moment très attendu par le mis en cause, affirme son avocat, car il considérait pouvoir à ce moment se défendre sur les faits qui lui étaient reprochés. La procédure, qui consiste à écouter les prévenus à leur demande, s'est déroulée peu de temps avant la fin de l'année écoulée. Au terme de sa comparution, le magistrat instructeur fixe une seconde audition. Elle s'est déroulée hier, une audience durant laquelle Ould-Abbès apprend alors qu'il est poursuivi pour dilapidation de deniers publics. Des sources bien au fait du dossier nous apprennent que ces accusations sont basées sur les révélations de ses anciens collaborateurs. Parmi eux, l'ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité également incarcéré en juillet dernier à la prison de Koléa. Les déclarations de ce dernier ainsi que celles de deux présidents d'associations ont enfoncé l'ancien ministre, nous dit-on. Ainsi, ils affirment que Djamel Ould-Abbès octroyait à ses propres associations, qu'il avait lui-même créées, des chèques destinés à leur fournir une aide financière, mais camouflait le fait en faisant signer des contrats de donation par le trésorier de ses deux associations ainsi que son secrétaire général. Ce dernier affirme également avoir ébruité l'affaire en informant les instances concernées, et que le dossier avait été pris en charge par l'organe de prévention et de lutte contre la corruption qui n'a pu y donner suite en raison de l'immunité parlementaire dont bénéficiait Djamel Ould-Abbès. Selon Me Ksentini, l'ancien ministre dément catégoriquement les faits qui lui sont reprochés et accuse au contraire les présidents de ses associations et son ancien secrétaire général d'avoir falsifié des documents et utilisé sa signature pour détourner de l'argent. Une confrontation entre les différentes parties qui s'accusent mutuellement devrait être prochainement programmée. Plusieurs autres témoins devraient être également auditionnés dans les prochains jours. A. C.