Selon l'avocat Farouk Ksentini, le juge instructeur a ajouté une nouvelle inculpation à M. Ould Abbes, à savoir la dilapidation de deniers publics. L'ancien ministre de la Solidarité nationale et de la Famille et ex-secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbes (85 ans), a été entendu, hier, par le juge d'instruction près la Cour suprême pour des affaires de corruption. Poursuivi pour mauvais usage de la fonction, corruption, dilapidation de deniers publics, M. Ould Abbes a été entendu dans le fond au sujet de plusieurs affaires liées à la période où il était en charge de ce secteur. En effet, de lourdes charges sont retenues dans le dossier du mis en cause qui avait conclu des contrats de marché contraires à la législation, suivi de l'exploitation abusive de sa fonction de ministre et la falsification de documents officiels, soit les mêmes chefs d'inculpation retenus à l'encontre de l'ancien ministre de la Solidarité et de la Famille, Saïd Barkat, qui, lui aussi, a comparu dans le cadre de l'instruction approfondie. Ainsi, le juge d'instruction s'est intéressé aux détails contenus dans le procès-verbal de l'enquête judiciaire, de l'Office de la répression contre la corruption et de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), relevant du ministère des Finances. Il a été relevé que le mis en cause était impliqué dans la dilapidation de plus de 700 milliards de centimes, une somme détournée durant la période allant de 2001 à 2016. L'instruction s'est intéressée de près à la traçabilité de cette somme colossale qui était destinée à des chapitres de financement très précis au niveau du ministère. Autres éléments nouveaux dans l'enquête judiciaire, l'implication de 21 autres personnes, dont l'ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité et de la Famille, ainsi que de hauts cadres du même ministère, des directeurs centraux et des présidents d'associations qui auraient indûment bénéficié de cet argent, alors que ce fonds était initialement destiné aux catégories vulnérables de la société, comme les familles et les personnes défavorisées et les personnes aux besoins spécifiques. Contacté par nos soins, l'avocat du mis en cause, Farouk Ksentini, a affirmé que "le conseiller enquêteur près la Cour suprême avait déjà entendu Djamel Ould Abbes sur le sujet et nous avons demandé à ce que le juge termine son audition dans le fond. Mais, nous n'avons pas demandé la liberté provisoire. M. Ould Abbes a été entendu, il y a quelque temps, et les choses ont trop tardé. Et aujourd'hui (hier, ndlr), le juge lui a ajouté une nouvelle inculpation, celle du détournement de deniers publics. Et cela n'arrange pas du tout nos affaires". Par ailleurs, le même juge a entendu l'ancien ministre de la Solidarité nationale et de la Famille, Saïd Barkat, pour, notamment, dilapidation de deniers publics et conclusion des contrats de marché contraires à la législation en vigueur. L'enquête avait révélé que le mis en cause a commis plusieurs violations lors de l'octroi, en 2010, d'une somme de plus de 2 000 milliards de centimes à son prédécesseur Djamel Ould Abbes, au nom de son association "Paix et Solidarité" pour l'acquisition de bus pour les élèves des zones enclavées, connus sous le nom de "bus de solidarité" et la conclusion de 15 accords illégaux pour l'achat d'ambulances. Pour rappel, les deux mis en cause ont été placés sous mandat de dépôt au mois de juillet 2019 et ont été incarcérés à la prison d'El-Harrach.