Une exposition de peinture contemporaine célébrant le jazz et jetant des passerelles entre la musique et les arts visuels a été inaugurée samedi à Alger par l'artiste peintre Noureddine Chegrane sous le titre : «Hommage au jazz». Organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) à la villa Dar Abdeltif, cette exposition célèbre le jazz par la liberté qu'il exprime, la fusion et l'importante place qu'occupe l'improvisation. Dans une première collection, Noureddine Chegrane rend hommage à de grands noms du jazz américain comme Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Duke Ellington, ou encore Miles Davis par des toiles reproduisant de nombreux instruments (guitare, saxophone, batterie, piano...) et portent ces noms comme des graffitis. L'artiste précise qu'il ne prétend pas reproduire les instruments de musique à l'identique mais «tel que je les perçois dans une symbolique de création». Une seconde collection est dédiée aux origines africaines du jazz et des instruments de musique. Des musiciens, des instruments traditionnels et des danseurs du continent sont représentés avec une palette plus riche et plus chaude, portant une infinité de symboles de la culture et des noms de jazzmen afro-américains. Noureddine Chegrane, qui a aussi été musicien de jazz dans sa jeunesse, explore la fusion musicale à travers les toiles Jazz in Algeria, Afro-Jazz et Jazz Gnawa. Dans ces œuvres, le bendir, le ney, le goumbri ou encore le tbel sont intégrés pour composer, avec des couleurs et des traits, une mélodie aussi harmonieuse que la fusion de styles musicaux. Réputé pour son utilisation du symbole berbère et nord-africain dans ses œuvres, le peintre revisite le costume traditionnel, la tapisserie et les tatouages dans certains de ses travaux. Comme dans ces précédentes expositions, Noureddine Chegrane sort du conformisme du support et propose des toiles rondes et triangulaires. L'artiste, pour qui le jazz et la peinture sont «similaires du point de vue de la création et de l'improvisation», tente de restituer visuellement l'harmonie exprimée par cette musique avec le même processus de création. Né en 1942, Noureddine Chegrane a étudié à l'Ecole d'architecture et des beaux-arts d'Alger auprès de M'hamed Issiakhem. Il appartient au groupe Aoucham (Tatouage), un courant artistique célébrant les patrimoines culturels algérien et nord-africain. Il a exposé dans de nombreuses villes du monde. Son «Hommage au jazz» est visible jusqu'au 7 février prochain.