Abdelwahid Temmar, ex-ministre de l'Habitat et ancien wali de Mostaganem, a été placé ce jeudi sous mandat de dépôt par la Cour suprême. Un communiqué publié par cette instance énumère de multiples et lourdes charges. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ce qu'il faut savoir est que Abdelwahid Temmar est poursuivi en qualité d'ancien wali de Mostaganem, un poste qu'il a occupé de 2015 à 2017, période durant laquelle «le gouvernement recevait des directives en faveur d'ouvertures et de facilitations de projets d'investissements», rappellent des sources proches du dossier. Elle est aussi considérée comme étant une période cruciale pour laquelle sont comptabilisés et ont été placés en détention de nombreux hauts responsables et gestionnaires. Temmar a été lui aussi ciblé par une enquête. Une information judiciaire a été ouverte à son encontre au niveau de Mostaganem, son dossier a été ensuite transmis à Alger, au niveau de la Cour suprême où il a comparu ce jeudi. En milieu de journée, la nouvelle est tombée : le juge en charge de son dossier a décidé de le placer en détention provisoire après avoir été inculpé pour des faits énumérés dans un communiqué rendu public dans l'après-midi. On apprend ainsi que l'ancien wali de Mostaganem est poursuivi pour deux affaires différentes. Dans la première, il a été inculpé pour «faux en écritures publiques par altération d'écriture, dilapidation et usage illégal de deniers publics accordés à un fonctionnaire dans le cadre de l'exercice de ses fonctions, octroi d'indus privilèges à autrui en violation des dispositions légales et réglementaires, abus de pouvoir, abus de fonction, changement de la vocation d'une terre agricole, atteinte au domaine national et à l'état naturel du littoral». Temmar a été cependant acquitté dans une seconde affaire en rapport avec une « rédaction de documents administratifs portant des faits erronés et abus de fonction ». Le communiqué émanant de la Cour suprême ne fournit aucun détail supplémentaire au sujet des dossiers pour lesquels a été emprisonné l'ancien ministre. Des sources concordantes font, cependant, savoir que ce dernier est poursuivi pour, entre autres, avoir autorisé et signé des documents d'octroi de marchés sans que les bénéficiaires aient préalablement introduit des demandes. Abdelwahid Temmar est ainsi le quatorzième ancien ministre sous Bouteflika à être incarcéré à El-Harrach pour corruption. Le fait confirme, si besoin est, que l'opération anti-corruption se poursuit et s'élargit, puisque même d'anciens ministres qui ne figuraient pas sur la liste des personnes ciblées ont été rattrapés. On a pu ainsi voir l'ancienne ministre des PTIC et celle de l'Industrie se faire convoquer et auditionner par la brigade de gendarmerie de Bab Jdid spécialisée dans les affaires économiques. Aucune information fiable n'indique pour l'heure que Houda Feraoun et Djamila Tamazirt aient été déjà auditionnées par une juge d'instruction. Des sources concordantes font, par ailleurs, savoir que les enquêtes dans les affaires de corruption se sont étendues à d'anciens responsables en fonction avant l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika. Aucun nom n'a filtré jusqu'à présent. L'action judiciaire contre les personnes déjà emprisonnées bât, cependant, son plein. L'instruction des dossiers des ministres emprisonnés se poursuit, pour certains elle tire à sa fin et on devrait s'attendre à une programmation de la date de leur procès. Quatre ministres ayant déjà fait l'objet d'une condamnation seront eux rejugés, en appel, cette semaine. Ouyahia, Sellal, Youcef Yousfi, Mahdjoub Bedda ont été condamnés à des peines allant de quinze à sept années dans le dossier de l'automobile. A. C.