Sabri Boukadoum, le ministre des Affaires étrangères, s'est rendu hier mardi à Tripoli, la capitale libyenne siège du Gouvernement d'union nationale (GNA) où il a eu des entretiens avec Fayez El Serraj en vue de donner une nouvelle impulsion au processus de dialogue entre les parties en conflit. L'on peut considérer cette nouvelle sortie du chef de la diplomatie algérienne comme une continuité logique de l'engagement de l'Algérie en faveur de l'instauration de la paix en Libye. Des efforts reconnus encore récemment par le ministre allemand des Affaires étrangères et la représentante de l'Onu auprès du Comité international de suivi des résultats de la Conférence de Berlin du 19 janvier dernier tenue les 14 et 16 de ce mois à Munich où était présent Sabri Boukadoum. «Monsieur bons offices» inscrit ce déplacement à Tripoli dans des conditions plutôt favorables en dépit de la violation de la trêve ces derniers jours, du fait des attaques du maréchal Khalifa Haftar sur la banlieue de la capitale libyenne. Mais il est attendu une certaine désescalade dans les affrontements armés qui ouvrirait la voie à une rencontre pour des négociations mettant en pratique un cessez-le-feu réel. Cela est d'autant symbolique que la visite de Sabri Boukadoum intervient à l'occasion du 9e anniversaire de la chute du régime Kadhafi. Par ailleurs, le 33e Sommet de l'Union africaine qui a eu lieu dernièrement à Addis-Abeba (Ethiopie) a vu réaffirmée l'implication de l'organisation panafricaine dans la recherche de la paix en Libye aux côtés de l'Onu. C'est donc dans une certaine décontraction que l'émissaire algérien rencontre les autorités du GNA, à leur tête Fayez El-Serraj auprès de qui l'Algérie jouit d'un préjugé favorable et d'une confiance réciproque. C'est à Tobrouk, où il s'est rendu le 6 février dernier, que Sabri Boukadoum devait développer des trésors de subtilités diplomatiques pour casser la méfiance que nourrit Benghazi à l'endroit d'Alger qu'elle accusait de partialité. A ce sujet, la mise au point est venue du Président Abdelmadjid Tebboune à la Conférence de Berlin où il a déclaré que l'Algérie se tient à équidistance entre les deux belligérants, ce qui est en soi un atout de taille permettant de jouer l'intermédiaire entre les frères ennemis. D'ailleurs, l'écho positif est venu de Tobrouk où le maréchal Haftar en personne a déclaré : «Je salue la position positive de l'Algérie vis-à-vis de la crise libyenne.» Reçue et écoutée par toutes les parties et pas seulement libyennes, Alger pourrait voir, à moyen terme, ses efforts couronnés de réussite, amenant les deux protagonistes à dialoguer directement dans le cadre du processus de règlement de cette crise qui dure depuis février 2011. A moins d'un sabordage de toutes ces initiatives en faveur de la paix par les puissances interventionnistes... Brahim Taouchichet