Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé mercredi un "cessez-le-feu" en Libye afin d'éviter "une bataille sanglante" à Tripoli, après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité qui devrait adopter prochainement un texte poussant à l'arrêt des combats, selon des diplomates. "Il est encore temps d'arrêter" les affrontements, "encore temps d'avoir un cessez-le-feu, d'éviter le pire", a déclaré à des médias M. Guterres après deux heures et demie de discussions avec le Conseil. "Nous avons besoin de relancer un dialogue politique sérieux", a-t-il ajouté, en reconnaissant que son appel au maréchal Khalifa Haftar de ne pas entreprendre d'offensive sur la capitale, alors qu'il se trouvait en visite en Libye, "n'avait pas été entendu". Aujourd'hui, en dépit d'un embargo sur les armes de l'ONU largement ignoré, "chaque partie va demander à ses soutiens de l'armement" pour pouvoir dominer l'autre et donc "la priorité absolue est d'avoir un cessez-le-feu", a dit en substance, "alarmiste", le secrétaire général. Il a demandé en conséquence aux pays soutenant les belligérants de faire pression sur eux pour éviter une surenchère en armements qui alimenteraient la possibilité de combats urbains meurtriers, a précisé un diplomate. Au cours de la discussion, un projet du Royaume-Uni a été évoqué pour faire adopter par le Conseil une "déclaration présidentielle" ou "une résolution" réclamant l'arrêt des combats, une relance du processus politique et réaffirmant un soutien clair à l'émissaire de l'ONU sur le terrain, Ghassan Salamé.
Boukadoum propose de réunir la tripartite Algérie-Tunisie-Egypte Le ministre des Affaires étrangères, M. Sabri Boukadoum a eu mercredi à son initiative, des entretiens téléphoniques avec ses homologues de Tunisie M.Khemaies Jhinaoui et d'Egypte M. Sameh Chokri, ainsi qu'avec M. Ghassan Salame, Représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye sur la situation dans ce pays, a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères (MAE). Ces entretiens ont porté sur la situation en Libye à "la lumière des graves développements que connait la scène intérieure dans ce pays frère et voisin", a précisé la même source, ajoutant que "la dégradation de la situation sécuritaire et les risques de glissement vers une situation d'instabilité généralisée ont fait l'objet d'un échange approfondi". Le chef de la diplomatie algérienne a appelé à "fédérer les efforts" des pays voisins et à "user de l'influence de chacun auprès des acteurs libyens pour faire cesser les hostilités et privilégier le dialogue, seul à même de préserver l'unité et la cohésion du peuple libyen, de sauvegarder ses institutions et de soustraire la décision souveraine des Libyens aux ingérences étrangères". Pour ce faire, M. Boukadoum a proposé de réunir, "sans délai", la tripartite composée des ministres des Affaires étrangères d'Algérie, de Tunisie et d'Egypte pour "l'examen des voies susceptibles d'aider à transcender la crise actuelle". La démarche de l'Algérie procède de "sa solidarité permanente avec l'ensemble du peuple libyen et de sa disponibilité à entreprendre tout ce qui est possible pour favoriser un retour rapide à la paix et à la sérénité et une reprise du processus politique de sortie de crise sous l'égide des Nations Unies", a soutenu le communiqué du MAE.
Les combats à Tripoli ont fait 56 morts en une semaine Les combats dans la capitale libyenne ont fait 56 morts et 266 blessés au cours des six derniers jours, a indiqué jeudi l'Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que l'ONU se mobilise pour soutenir les hôpitaux débordés du pays. "Au cours des six derniers jours, de violents bombardements et des coups de feu dans la capitale libyenne ont fait 266 blessés et 56 morts, dont un chauffeur d'ambulance et deux médecins", a précisé l'OMS dans un communiqué. "Des milliers de personnes ont fui leur foyer, tandis que d'autres se retrouvent piégées dans des zones de conflit. Les hôpitaux à l'intérieur et à l'extérieur de la ville (Tripoli, ndlr) reçoivent chaque jour des victimes", a-t-elle ajouté. L'agence spécialisée de l'ONU a également indiqué qu'elle augmentait ses stocks de matériel médical dans les zones touchées par les combats. par ailleurs, "nous avons envoyé des équipes médicales d'urgence pour aider les hôpitaux de première ligne à faire face à la charge de travail et pour soutenir le personnel chirurgical en collaboration avec le ministère de la Santé", a détaillé le représentant de l'OMS en Libye, Syed Jaffar Hussain, cité dans un communiqué. Les combats se sont intensifiés mercredi entre les forces du maréchal Khalifa Haftar qui avancent depuis près d'une semaine vers la capitale libyenne, et celles du Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, malgré les appels de cette dernière à l'arrêt des hostilités.
Les combats ont déplacé plus de 8.000 personnes Les combats qui frappent la capitale libyenne Tripoli ont déplacé plus de 8.000 personnes, dont la moitié au cours des deux derniers jours, a indiqué l'ONU vendredi. "Les déplacements en provenance des zones touchées par les affrontements dans les environs de Tripoli continuent de se multiplier", a déclaré aux médias un porte-parole des Nations unies à Genève, Rhéal Leblanc. En outre, "de nombreuses familles restent bloquées à l'intérieur des zones touchées par le conflit", a-t-il dit. L'ONU craint pour leur sécurité. Vient s'ajouter le fait que les vivres s'amenuisent. Le maréchal Khalifa Haftar a lancé le 4 avril une offensive pour s'emparer de Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA), dirigé par Fayez al-Sarraj et reconnu par la communauté internationale. Avec son Armée nationale libyenne (ANL), non reconnue sur le plan international, le maréchal Haftar espère étendre son emprise sur l'ouest de ce pays pétrolier, alors qu'il contrôle déjà l'est et --plus récemment-- le sud. En face, les forces pro-GNA affirment être déterminées à mener une contre-offensive généralisée. Dans un pays plongé dans le chaos depuis 2011, les organisations internationales craignent que les civils ne fassent une nouvelle fois les frais des violences. Des dizaines de personnes ont été tuées au cours de cette semaine dernière et plus de 300 ont été blessées, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Manifestations contre l'agression militaire lancée par Haftar Des milliers de Libyens sont sortis vendredi dans les principales villes du pays pour manifester contre l'agression militaire lancée par les troupes de Khalifa Haftar pour contrôler la capitale Tripoli. Les manifestations pacifiques organisées notamment à Tripoli et Misrata, retransmises en direct par des chaines de télévisions locales, ont drainé des foules imposantes en cette journée printanière. Plusieurs intervenants ont pris la parole rejetant à l'unanimité la "guerre contre la capitale" ainsi que "le coup d'Etat contre les autorités civiles du pays". "Haftar est un criminel de guerre", "Non à la militarisation du pouvoir", "Non au remplacement d'un dictateur par un autre", "Tous ensemble derrière le gouvernement d'union national"," Non au pouvoir des militaires", "Oui pour une Libye, Etat civil", pouvait-on notamment lire sur les banderoles brandies à l'occasion par les manifestants. Avec son Armée nationale libyenne (ANL), non reconnue sur le plan international, le maréchal Khalifa Haftar a lancé le 4 avril des hostilités pour s'emparer de Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA), dirigé par Fayez al-Sarraj et reconnu par la communauté internationale. En face, les forces pro-GNA ont affiché leur détermination à ne ménager aucun effort pour faire cesser les agressions menées par le maréchal Khalifa Haftar. L'armée loyale s'est aussi engagée à venir en aide aux citoyens pris au piège des combats qu'ont fait des dizaines de morts et déplacé des milliers de personnes. Par ailleurs, les appels de la communauté internationale à la désescalade se multiplient pour ouvrir la voie à la tenue de la Conférence nationale prévue initialement à la mi-avril mais reportée sine die à la suite des combats à Tripoli. Cette conférence avait pour objectif de dresser une feuille de route en vue de mettre fin à la période de transition chaotique qui perdure depuis la chute du régime de Maamar el-Gueddafi en 2011.
Le gouvernement libyen résolu à repousser les forces de Haftar Les forces du gouvernement d'union nationale libyen (GNA) ont affiché leur détermination à ne ménager aucun effort pour faire cesser les hostilités lancées jeudi dernier sur la capitale Tripoli par le maréchal Khalifa Haftar. L'armée loyale s'est aussi engagée à venir en aide aux citoyens pris au piège des combats qui se poursuivent dans la capitale malgré moult appels de la communauté internationale à la désescalade et à privilégier la solution politique au conflit libyen. Elle a assuré mardi sur la chaîne de télévision libyenne officielle que les forces du GNA "progressent" sur le terrain pour mettre un terme aux combats et à l'offensive meurtrière des forces de Haftar "avant vendredi". Les forces du GNA s'efforcent également d'"ouvrir des passages" pour sauver les Tripolitains pris au piège des combats. Plus de 2.800 personnes ont été déplacées par les combats qui ont éclaté dans certains secteurs de la région de Tripoli, d'après le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L'agence onusienne, qui dit être présente sur le terrain, veut garantir la sécurité de ceux "détenus dans les zones d'affrontements en cours" en sollicitant l'aide des autorités pour installer les "individus vulnérables" dans un lieu sûr. Par ailleurs, des renforts militaires continuent d'être envoyés de toutes les villes libyennes pour faire reculer les forces de Haftar, alliées au gouvernement parallèle dans l'est, non reconnu par la communauté internationale, selon l'armée libyenne. Malgré la poursuite des combats dans la capitale où siège le GNA reconnu par la communauté internationale, toutes les activités se "déroulent normalement" notamment l'enseignement dans les écoles et les universités, rassurent aussi les autorités libyennes, citées par la télévision officielle. Dans ce contexte, le ministère de l'Enseignement du GNA a souligné dimanche que les cours se poursuivaient "normalement" à Tripoli, sauf dans les zones de combats. De plus, tous les départements ministériels et toutes les administrations tiennent des réunions pour évaluer la situation dans leur secteur, toujours selon les autorités libyennes.
Fayez al-Sarraj en colère, demande des explications à la France Fayez al-Sarraj, président du Conseil présidentiel du GNA, a exprimé "son vif mécontentement" après l'attaque de Haftar qui survient au moment où les Libyens attendaient avec optimisme la tenue de la Conférence nationale" prévue du 14 au 16 avril sous l'égide de l'ONU. Celle-ci a finalement été reportée sine die, selon l'ONU, en raison de la persistance des combats à Tripoli. Cette conférence avait pour objectif de dresser une feuille de route en vue de mettre fin à la période de transition chaotique qui perdure depuis la chute du régime de Maamar el-Gueddafi en 2011. Le chef du GNA a estimé dans un communiqué qu'avec son offensive, le maréchal Haftar avait "sapé les espérances des Libyens, ramenant le pays dans le gouffre de la guerre et de l'effusion de sang sans objectif réel sinon d'assouvir ses désirs personnels de pouvoir et de domination". M.al-Sarraj a souligné au cours d'un entretien téléphonique avec le président français Emmanuel Macron que les forces du GNA allaient "combattre cette agression" et que le maréchal Haftar "n'aura d'autre choix que le retrait de ses troupes et le retour de là d'où elles sont venues". La France, qui se pose en médiateur entre les deux camps libyens, est régulièrement accusée de favoriser sur le terrain le camp Haftar. Elle a engagé ses dernières 24 heures une offensive diplomatique pour se défendre et expliquer sa position vis-à-vis de la crise libyenne. Après l'affirmation lundi d'une source diplomatique française faisant valoir que la France ne reconnaîtra "aucune légitimité" si le maréchal Haftar prenait le contrôle militaire de Tripoli, c'est au tour du président Macron d'appeler lundi Fayez al-Sarraj, pour lui faire savoir, de la façon la plus officielle, son "refus total" de l'offensive du maréchal Haftar. Fayez al-Sarraj a demandé, il y a quelques jours, à l'ambassadrice française, Béatrice Fraper, des explications sur le rôle de la France dans la crise dans son pays. "Elle lui a redit que nous n'avions rien à voir avec cette offensive militaire et qu'au contraire nous avions fait passer le message au maréchal Haftar pour le dissuader de continuer à marcher sur Tripoli", d'après une source diplomatique française. Pour rappel, les affrontements armés depuis jeudi entre les forces du GNA et l'Armée nationale libyenne (ANL), dirigée par Haftar, ont fait au moins 35 morts, selon un bilan officiel. Lundi, les vols ont été suspendus à Tripoli suite à une attaque aérienne menée par l'ANL contre l'aéroport de Matiga. Celui-ci doit rouvrir mardi soir seulement pour les vols nocturnes, selon la compagnie nationale Libyan Airlines et une source aéroportuaire.