Les troupes de Haftar veulent nettoyer le Sud Une offensive a lieu, ces derniers jours, pour «nettoyer le Sud libyen de toutes les milices et des groupes terroristes qui menacent la sécurité de la Libye et du Tchad». Depuis Benghazi où elle a des affrontements répétés avec les éléments de Daesh, l'armée du maréchal Khalifa Haftar a lancé fin 2016 une offensive musclée contre les milices présentes dans le sud de la Libye. Jusque-là rien d'étonnant, le bouillant maréchal n'ayant pas fait mystère de ses intentions, au moment même où les forces loyales au GNA de Fayez al Serraj lançaient leur attaque à Syrte, d'en finir «avec les groupes terroristes» dans cette région. C'est pourquoi l'attaque a eu lieu, ces jours-ci, pour «nettoyer le Sud libyen de toutes les milices et des groupes terroristes qui menacent la sécurité de la Libye et du Tchad», selon le porte-parole, Ahmed al Mismari. Sauf que les cibles ne sont pas uniquement les terroristes de Daesh, Al Qaïda au Maghreb et autres phalanges apparentées. Haftar cherche surtout à évincer les milices qui y règnent. Fait inquiétant, des combats entre les troupes du maréchal et les milices de Misrata font craindre le pire. Elles ont recouru à des frappes aériennes visant des bases où les milices islamistes sont barricadées, dont celles de Misrata, puis elles ont récupéré des villes comme Al Jofra, Barak al-Chati, Sebha....Haftar a «nommé» plusieurs proches pour administrer ces localités fraîchement conquises. Son état-major affirme que l'offensive va être élargie à toutes les autres villes du Sud pour y instaurer l'autorité du maréchal, bras armé du Parlement de Tobrouk qui continue à refuser la validation au GNA de Fayez al Serraj.Donc, Khalifa Haftar reste sourd aux appels de la médiation onusienne que conduit Martin Kobler, et du Groupe des pays voisins de la Libye (UA), piloté par l'Algérie, qui a tenté tout récemment une approche diplomatique, Haftar ayant précédé al Serraj à Alger. De plus, son aviation a bombardé fin décembre, et pour la seconde fois, les positions d'un groupe rebelle tchadien qui campe dans cette zone sud. Mahamat Mahdi Ali, chef du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) a dénoncé une connivence entre Haftar et le président tchadien Idriss Déby, tandis que l'armée libyenne parle d'une faction islamiste tchadienne alliée des milices de Misrata. Et quand on sait que Fadjr Libya, la milice tripolitaine, a de solides attaches avec les Frères musulmans, on comprend mieux l'intérêt que l'Egypte du maréchal al Sissi accorde au maréchal Haftar. Une des causes de cette offensive peut être l'attaque qu'un groupe armé a tentée le 7 décembre à Tobrouk, ville portuaire de la région pétrolière à l'est de la Libye, attaque repoussée par les forces de Haftar qui y ont vu le signe d'une impatience accrue parce que les discussions avec le GNA piétinent. L'Egypte n'a pas ménagé son soutien au maréchal libyen, accueillant ses éléments dans des stages militaires et fournissant un appui matériel à la hauteur des financements émiratis. Mais en tant que membre du Groupe des pays voisins, elle a tenté de calmer l'ambition dévorante de Haftar, organisant même une rencontre informelle entre lui et le président du Conseil présidentiel Fayez al Serraj.Des efforts restés vains, car ce qui a été refusé en 2015 quand il ne postulait qu'au siège de ministre de la Défense ne lui suffit plus aujourd'hui. Après s'être rendu en juin, puis en septembre derniers, à Moscou, où il a été reçu par le président Poutine et le chef d'Etat-major Guerassimov, le maréchal Haftar songe à s'emparer de Tripoli. Déterminé à s'imposer comme le maître du pays, il guette le moment propice. Les initiatives tant onusiennes qu'africaines et, singulièrement, algériennes vont-elles parvenir à calmer son ardeur? La question est posée, tant ses conditions, comme de contraindre al Serraj à se démarquer des milices de Misrata qui lui ont ouvert le chemin de Tripoli, sont irrecevables. Ainsi, son ambition risque-t-elle d'aggraver le chaos. Il semble que les réactions des puissances occidentales, la semaine dernière, pressant tous les Libyens d'intensifier le dialogue inclusif pour une solution rapprochée, soit un avertissement sévère que le maréchal Haftar ne doit pas ignorer. Haftar: «Moscou veut lever l'embargo sur les armes» Le maréchal libyen Khalifa Haftar a affirmé hier dans un entretien que la Russie était prête à agir pour mettre un terme à l'embargo sur les armes contre la Libye afin d'en livrer à ses forces.Interrogé par le quotidien italien Il Corriere della sera, le chef militaire libyen a assuré que le gouvernement russe lui avait promis son aide militaire, lors d'un séjour récent à Moscou, mais une fois seulement que l'embargo sur les armes imposé par l'ONU serait levé.Toutefois, assure-t-il, le président russe Vladimir «Poutine agira de telle sorte qu'il soit levé». Le maréchal Haftar se dit également ouvert au dialogue avec le gouvernement d'union nationale, basé à Tripoli, qu'il ne reconnaît toujours pas. Il estime toutefois difficile de parler «politique» dans les circonstances actuelles. «Nous sommes en guerre, les questions de sécurité ont la priorité. Ce n'est pas le moment opportun pour la politique. Nous devons nous battre pour sauver notre pays des islamistes extrémistes», explique le maréchal Haftar. «J'ai commencé à parler avec al Serraj il y a deux ans et demi. Sans résultat concret. Une fois que les extrémistes auront été vaincus nous pourrons commencer à parler de démocratie et d'élections. Mais pas maintenant», ajoute-t-il. Le maréchal Haftar, démentant des informations de presse faisant état d'une rencontre prochaine avec M.al Sarraj, précise que sa dernière rencontre avec le chef du GNA remonte à janvier 2016. «Je n'ai rien personnellement contre al Serraj. Ce n'est pas lui le problème, ce sont ceux qui l'entourent», assure encore le chef militaire libyen. Et, ajoute-t-il, «s'il veut vraiment se battre pour ramener la paix dans le pays, il devrait prendre les armes et nous rejoindre. Il sera toujours le bienvenu».