Les services de sécurité ont interpellé, hier matin, Nikolaï Beckers, le P-dg de l'opérateur de téléphonie mobile Ooredoo. La décision, qui aurait été prise sur instruction du Président Abdelmadjid Tebboune, serait liée à une lettre adressée par le syndicat d'entreprise ou encore à la réunion du comité exécutif qui s'est tenue la semaine dernière au Maroc. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Les cadres d'Ooredoo sont encore stupéfaits par la scène à laquelle ils ont assisté hier mercredi. « Six hommes ont pénétré dans son bureau aux environs de 10 heures. Ils lui ont demandé de le suivre. Le P-dg a demandé de prendre sa voiture mais ils ont refusé. Ça s'est passé comme dans un film américain », affirme un cadre de l'opérateur de téléphonie mobile. Selon notre source, Nikolaï Beckers, qui est de nationalité allemande, aurait été conduit dans les locaux de la police. «Il est resté injoignable sur son téléphone durant toute la journée. Il est possible qu'il soit expulsé .» Hier, plusieurs médias électroniques ont rapporté les faits qui concernent le patron de l'opérateur de téléphonie mobile, propriété du groupe qatari Ooredoo. Selon certains titres, cette interpellation ferait suite à une lettre adressée par le syndicat d'entreprise au Président Abdelmadjid Tebboune. Les représentants des travailleurs auraient dénoncé la décision du Beckers de « licencier 900 employés ». « Cette décision de limogeage massive a été stoppée net par le Président Tebboune surtout que les récents bilans financiers d'Ooredoo Algérie étaient stables, voire positifs », indique le site électronique BourseDZ. « Nous entendons parler de cette histoire de compression de personnel depuis quelques semaines déjà. Mais au sein de la société, personne n'a de détails sur ce dossier. Par contre, depuis l'arrivée de Nikolaï Beckers à la tête de l'entreprise en août dernier, nous avons assisté à des décisions plutôt troublantes. Un des premiers actes du nouveau P-dg a été de recruter sa maman en qualité de décoratrice, puis il a fait recruter plusieurs de ses anciens collaborateurs. Beckers s'est même permis d'acheter une plante à près de 2 millions de dinars », indique le cadre d'Ooredoo. Pourtant, les actes de gestion ne peuvent justifier une interpellation musclée et le risque d'expulsion d'un ressortissant étranger à la tête d'une entreprise aussi importante qu'Ooredoo. Il semblerait que la réaction des autorités algériennes serait liée à la tenue d'une réunion du comité exécutif de l'entreprise qui s'est tenue la semaine dernière à Marrakech, au Maroc. Nikolaï Beckers aurait tenu « des propos particulièrement négatifs envers l'Algérie », souligne une autre source qui s'est contentée de dire que les actes commis par le patron d'Ooredoo « sont graves ». Du côté de l'ambassade d'Allemagne à Alger, on ne semble pas en savoir plus sur le cas du P-dg d'Ooredoo. « Nous n'avons pas été saisis officiellement sur la situation de Nikolaï Beckers. Nous avons appris la nouvelle et avons suivi la situation à travers les médias électroniques. Pour plus d'informations, nous vous conseillons de contacter le service communication de l'entreprise », a indiqué une diplomate allemande. T. H. Le communiqué d'Oredoo Réagissant, en fin de journée, aux informations concernant son P-dg, l'opérateur de téléphonie mobile a rendu public le communiqué suivant : Suite aux informations relayées par certains médias électroniques ainsi que sur les réseaux sociaux à propos du directeur général, M. Nikolaï Beckers, Ooredoo Algérie ne peut faire de commentaires sur cette question à ce stade. Jusqu'à l'heure, Ooredoo Algérie est en train de recueillir les informations y afférentes.