Le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) a appelé à un conseil extraordinaire, pour ce lundi 9 mars, et menace de déclencher une grève nationale, pour riposter contre la déclaration du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Chams Eddine Chitour aurait qualifié le niveau des enseignants de «zéro». Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le ministre de l'Enseignement supérieur qui a présenté, lundi, devant le Conseil de la Nation, le projet de loi sur l'enseignement supérieur et le développement technologique, a déclaré que «la grande catastrophe, c'est que nous avons créé des universités, et quelle est la moyenne des enseignants ? Zéro, cela veut dire que le niveau est zéro». Et la réaction du Conseil national des enseignants du supérieur ne s'est pas fait attendre. Le Cnes a rendu public hier un communiqué où il appelle ses adhérents à tenir des assemblées générales au cours de cette semaine. Le syndicat compte tenir également un conseil national extraordinaire, le lundi 9 mars, et un rassemblement de protestation le même jour devant le ministère de l'Enseignement supérieur. Le Cnes, qui qualifie les déclarations du ministre d'«insulte qui porte une grave atteinte à l'enseignant», menace de déclencher une grève nationale. La nature de cette grève, souligne le syndicat, sera décidée par le conseil national. Abdelhafid Milat, coordinateur du Cnes, estime que «jamais un ministre n'a tenu auparavant de tels propos à l'égard des enseignants qui constituent une élite». Ce n'est pas la première griffe du syndicat contre le premier responsable du secteur. En début de semaine, le Cnes est également monté au créneau pour dénoncer l'instruction de la tutelle relative à la mise en ligne des cours et travaux pratiques avant le 15 mars, en prévision d'une éventuelle pandémie de coronavirus. Le syndicat a jugé qu'il s'agit «d'une panique injustifiée», et a interprété cette décision comme une volonté de fermer les universités à partir de cette date. Le ministre de l'Enseignement supérieur a fini par clarifier ses propos, en déclarant qu'il s'agissait d'une démarche pour la numérisation du secteur. Chitour s'explique : «On m'a attribué des propos que je n'ai pas tenus» Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a affirmé, hier, que ses propos sur les enseignants ont été mal interprétés. Chams Eddine Chitour a expliqué que lors de ses réponses aux questions des sénateurs, suite au débat sur la loi sur la recherche, ses propos ont été sortis de leur contexte. «Mes propos ont été sortis de leur contexte sur les réseaux sociaux et on m'avait attribué des propos sans aucun fondement sur les enseignants. J'ai parlé de l'encadrement pédagogique concernant certains établissements universitaires et j'ai déclaré que l'encadrement des enseignants de rang supérieur est inexistant dans certaines universités, c'est-à-dire zéro, et en ma qualité d'enseignant, je ne pourrais jamais tenir les propos qui ont circulé sur les réseaux sociaux, et l'enseignant universitaire, quel que soit son grade, demeure un axe central dans le secteur, sur lequel nous comptons pour construire l'université de demain», a déclaré le professeur Chitour dans un communiqué. D'ailleurs, le ministre de l'Enseignement supérieur a rappelé qu'il exerce le métier d'enseignant depuis 40 ans et il continue d'assurer des cours, chaque jeudi, à l'Ecole polytechnique. S. A.