Le Croissant-Rouge algérien (CRA) tire la sonnette d'alarme sur le drame humanitaire en Libye qui menace toutes les populations de la région. Une situation sur laquelle «il ne faut plus se taire», estime la présidente du CRA. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Que sera, désormais, l'attitude du Croissant-Rouge algérien (CRA) face au drame humanitaire qui frappe le peuple libyen ? Devrait-il se contenter d'envoyer des secours, de soigner les blesser et d'enterrer les morts ? La présidente du CRA, Saïda Benhabylès, est ferme. Il n'est plus question de se taire sous aucun prétexte. «Depuis 2014, le message du Croissant-Rouge algérien dans les rencontres régionales ou internationales a été celui de ne plus se contenter d'enterrer les morts, de soigner les blessés et de jouer le rôle des pompiers», précise-t-elle jeudi dernier, en marge de la Journée d'étude sur «Les conséquences de la crise en Libye sur la situation humanitaire dans la région», tenue à l'hôtel Aurassi, à Alger. Selon elle, il est temps que le mouvement mondial humanitaire joue pleinement son rôle. «Notre raison d'exister, c'est de défendre l'humanité et de protéger la dignité humaine», ajoute-t-elle, Saïda Benhabylès insiste à cet effet, sur les principes de la Fédération internationale des Croix et Croissant Rouge, citant ainsi l'une des célèbres phrases de son président, Francesco Rocca, à l'Assemblée générale tenue à Genève, où il a déclaré : «Sauver des vies n'est jamais un crime ou un acte politique». La présidente du CRA note que l'initiative de cette journée d'étude n'est pas fortuite. «Elle émane, d'une part, d'un sincère élan de solidarité humanitaire envers un peuple frère, voisin qui a soutenu le peuple algérien pendant la guerre de Libération en 1954 et qui est aujourd'hui, menacé d'une catastrophe humanitaire. Et d'autre part, d'une prise de conscience de notre part sur le danger des conséquences de cette crise en Libye sur la situation humanitaire, non seulement dans la région, mais aussi au-delà de la Méditerranée», explique-t-elle. Elle souligne également l'engagement du président de la Fédération internationale des Croix et Croissant Rouge et sa volonté à faire régner la paix et la stabilité à la place des drames humanitaires. Cet engagement et cette volonté poursuit-elle, «ont été un véritable facteur d'encouragement dans l'organisation de cette journée d'étude et du choix du thème». De son côté, le vice-secrétaire général du Croissant Rouge libyen, Omar Ali Omar Feradj, a rappelé la crise à laquelle a été exposé son pays depuis 2011. «Elle a plongé le pays dans des conflits armés, le chaos, et des catastrophes naturelles. Cela a exacerbé les souffrances de la population civile d'où le grand nombre de déplacés, ou encore l'insécurité qui règne à travers le pays ainsi que la dégradation des services de santé», dit-il. Selon lui, cette crise n'a pas nui uniquement à son pays mais elle s'est étendue aux pays voisins. Parmi les conséquences, il cite l'immigration de la population libyenne. «Depuis 2011, le nombre d'immigrants vers la Tunisie a dépassé le million de personnes et plus de six mille familles ont regagné l'Egypte. Un grand nombre de Libyens ont immigré aussi en Algérie et autres pays voisins», détaille-t-il. Le vice-secrétaire général du Croissant-Rouge libyen propose ainsi, la création d'un club régional humanitaire dont le siège sera en Algérie. Une proposition à laquelle adhère entièrement la présidente du Croissant-Rouge algérien. «La proposition des Libyens pour la création d'un club régional humanitaire est une excellente idée qui va nous permettre de ne plus agir en tant que Croissant-Rouge algérien uniquement, mais en tant que mouvement humanitaire régional», dit-elle. Ry. N.