Le sort semble s'acharner sur le secteur automobile en Algérie. La lueur d'espoir qui a scintillé avec le projet de restructuration annoncé par les autorités en vue d'un retour à une situation normalisée risque d'être assombrie par cette malédiction qui frappe le monde entier et qui paralyse notamment l'activité économique et industrielle. En se propageant à un rythme accéléré dans des régions stratégiques pour l'industrie automobile internationale, comme la Chine, la Corée du Sud et l'Europe, le redoutable coronavirus va mettre à mal un secteur déjà en proie à une récession prononcée et perturber pour une longue période son fonctionnement. La fermeture des frontières et la suspension des liaisons aériennes et maritimes entre les Etats permettra certainement de juguler les effets de cette pandémie, mais provoquera, en revanche, un dysfonctionnement aussi bien dans les circuits de production que de la distribution. La chaîne d'approvisionnement perturbée Il est aujourd'hui établi qu'une grande partie des composants et pièces détachées nécessaires dans la fabrication des véhicules en Europe et ailleurs proviennent de la Chine et particulièrement de la Province de Wuhan, foyer mondial de ce dangereux virus, mais aussi et surtout bassin industriel et technologique de première importance. L'automobile, comme la pharmacie, la recherche et le développement y occupent une place de choix. Aussi, la situation de confinement totale qui a débuté dans cette région de Chine avant d'être généralisée au reste du monde ne manquera pas de créer des perturbations dans l'approvisionnement des usines des différents constructeurs. Et sans présager de la durée de cette crise, il est d'ores et déjà attendu que des retombées affecteront immédiatement le processus de montage et mettraient probablement à l'arrêt des usines. En Algérie, la situation est, certes, moins alarmante puisque le secteur est déjà au creux de la vague avec le branle-bas de combat que l'on sait et une pénurie de véhicules qui dure depuis longtemps, mais cela ira en s'accentuant avec, d'une part, le manque de visibilité réglementaire sur les mois à venir et d'autre part, une répercussion sur les délais de commande et d'acheminement des voitures depuis les sites de production jusqu'aux ports algériens. En attendant la rémission L'on est même tenté de dire que l'année blanche serait inévitable, sachant qu'un délai raisonnable en situation normale entre la commande et la disponibilité sur place varie entre 3 mois pour les usines européennes et 6 mois pour les produits en provenance d'Asie. Des délais, qui vont, à l'évidence, se multiplier encore plus des suites de cette complication majeure. Ainsi, le coronavirus n'affecte pas uniquement la santé des populations mais perturbe profondément le système économique et industriel, l'automobile n'étant qu'une partie infime d'une préoccupation planétaire. En attendant une rémission salutaire, le client algérien se doit d'abord de faire preuve d'une meilleure prise de conscience sur les dangers de cette pandémie qui n'a pas épargné les pays les plus développés avec leur système de santé, pourtant réputé efficace, et adapte ses comportements et gestes aux exigences de prévention, il se doit ensuite de reconsidérer ses attentes en matière de disponibilité de véhicules neufs en Algérie. Le véhicule d'occasion dont les prix continuent à flirter avec le firmament restera, sans doute pour longtemps, le dernier recours pour une acquisition rendue peut-être nécessaire pour faire face à des besoins de mobilité urgents. D'autant que cette inénarrable formule de l'importation des véhicules de moins de 3 ans demeure, compte tenu de facteurs déjà développés, irréalisable et bien au-dessus des possibilités financières du citoyen moyen. B. Bellil