Au lendemain des condamnations prononcées par le tribunal de Sidi-M'hamed concernant l'activité de montage de véhicules, ayant impliqué aussi bien des personnes physiques que morales, des questions fusent quant au devenir de ce secteur et sur les éventuels changements attendus. Quels seront les contours de son organisation après ce constat lourd en irrégularités établi par la justice ? Ces condamnations affecteront-elles le fonctionnement actuel des entreprises mises en cause ? La réhabilitation des anciens opérateurs écartés d'une manière inique par Bouchouareb signifiera-t-elle leur reprise probable des marques attribuées à d'autres ? Autant d'interrogations qui risquent de demeurer sans éclairages pour quelque temps encore et qui laissent l'activité automobile dans une situation de paralysie presque totale. Aucune visibilité n'est permise, notamment avec la fin de l'exercice en cours et l'échéance électorale majeure déterminante pour l'avenir du pays. Une reprise retardée Si cet état de «wait and see» pénalise d'abord les clients algériens qui se retrouvent face à une offre inexistante, ou alors réduite à quelques modèles au succès commercial incertain, il met dans l'embarras encore davantage les entreprises et leurs partenaires étrangers quant à la relance de l'activité industrielle et un retour hypothétique à un fonctionnement normalisé des usines existantes. Une reprise qui ne saurait, en tout état de cause, intervenir avant la fin du premier trimestre 2020, sachant que les commandes de kits auprès des constructeurs nécessitent des délais importants depuis la fabrication jusqu'à l'acheminement sur les sites d'assemblage. Le futur gouvernement devra, au préalable, trancher sur la poursuite ou la révision de la démarche industrielle initiée d'une manière biaisée par l'ancien ministre de l'Industrie actuellement en fuite, de trancher sur la configuration des marques en présence et de déterminer, enfin, l'enveloppe financière allouée à l'automobile pour l'année prochaine. Autant dire qu'un retour à des disponibilités de véhicules sur le marché ne peut être envisagé avant plusieurs mois. Retour des anciens opérateurs ? Par ailleurs, des observateurs ne manquent pas de souligner le doute qui semble gagner les partenaires étrangers dont des représentants ont même assisté à la lecture du verdict au tribunal de Sidi-M'hamed. Continueront-ils à collaborer avec des entreprises condamnées par la justice et dont les patrons et propriétaires sont en prison ? Devront-ils consacrer la primauté des intérêts sur les manquements à l'éthique ? Un dilemme qui expliquerait peut-être les récents contacts entre ces groupes automobiles et leurs anciens partenaires autour de cette situation kafkaienne. Ils seront, dans cette perspective, réconfortés par les décisions prises par la justice, en confirmant et condamnant les procédés irréguliers de dépossession des marques de leurs anciens représentants et leur réhabilitation avec paiement d'importantes indemnités de dédommagement. Néanmoins, la prise de parts dans le capital des sociétés de montage de véhicules par les partenaires étrangers pourrait rendre plus complexe cette éventualité en nécessitant, le cas échéant, le recours à un arbitrage administratif et donc le début d'un long processus. Ceci étant, si les dernières condamnations prononcées par le tribunal de Sidi-M'hamed dans ce dossier viennent rappeler l'impertinence de la stratégie de Bouchouareb visant à développer une industrie automobile en Algérie et la gravité des griefs relevés lors de sa mise en application, elles ne permettent pas, toutefois, de cerner avec précision l'évolution prochaine de cette activité et les modalités pratiques de sa relance. B. Bellil