Dans moins de quinze mois, Oran, la capitale de l'Ouest algérien, devrait abriter la 19e édition des Jeux méditerranéens. Une manifestation pour laquelle l'Algérie a consenti d'importants moyens, à l'exemple du village méditerranéen édifié dans la nouvelle-ville de Belgaïd, à l'est d'Oran. Il aura fallu 46 ans pour que l'Algérie accueille à nouveau les Jeux méditerranéens après ceux, réussis, d'Alger en 1975. Une opportunité, obtenue en 2015, qui a surtout permis à El-Bahia (Wahran) de connaître un important lifting, avec ce complexe sportif qui englobe un nouveau stade de 40 000 places et une batterie de salles et de sites dédiés au sport. C'est vrai que les travaux ont traîné, mais Oran est devenue cette capitale pour laquelle la Méditerranée fait les yeux doux. A 15 mois de cet évènement, pourtant, alors que le comité d'organisation conduit par le champion de natation Salim Ilès, un «pépin» risque d'enrayer la mécanique. Il s'agit de la crise sanitaire actuelle induite par le coronavirus qui a sérieusement impacté les manifestations sportives à travers le monde et qui devrait avoir des conséquences sur le calendrier international durant les prochains mois, voire les prochaines années. Une inquiétude que nous avons transmise au président du CIJM, l'Algérien Amar Addadi, lequel a fait également part de ses craintes d'un effet de cascade qui viendrait remettre en question le déroulement de ces joutes sportives du pourtour méditerranéen à leur date initiale (25 juin au 5 juillet 2021). «Effectivement, nous en avons discuté moi et les membres du Conseil exécutif du CIJM de ce fait nouveau qui peut remettre en cause nos plans. Nous avons fait le tour de la question et nous allons prendre une décision dans les tout prochains jours», révèlera-t-il et d'expliquer que «cette décision sera entérinée dès que nous obtiendrons les avis des fédérations et des comités nationaux qui sont affiliés à notre organisation mais également celui des autorités algériennes». Pour M. Addadi, un possible report des Jeux olympiques de Tokyo serait «préjudiciable» à l'organisation d'autres manifestations régionales et internationales de l'envergure des JM. Le CIO, qui a estimé que les Jeux de Tokyo peuvent se tenir à leur date initiale, mais sous le poids des pressions des fédérations internationales voire des pays comme les USA, peut revenir sur sa décision et retarder le déroulement des JO d'une année, soit en 2021. Ce qui, de facto, signifiera que les JM, entre autres, doivent trouver une nouvelle date qui, elle-même, ne doit pas chevaucher avec d'autres compétitions programmées en 2021, voire en 2022 ou 2023. «Nous continuerons à suivre la situation. Nous partageons nos inquiétudes et nos points de vue par visioconférence et nous attendons la suite des évènements pour pouvoir se projeter et se prononcer», affirmera encore M. Addadi, qui a été réélu à la présidence du Comité international des Jeux méditerranéens en 2017 à Tarragone (Espagne) qui abritait la 18e édition des JM. Le Comité d'organisation algérien, qui a accueilli fin février une mission d'inspection du CIJM, assure que les experts du Comité international des Jeux méditerranéens est reparti d'Oran avec une bonne impression, «seule la promotion des Jeux a été mise en exergue par les membres de la délégation, qui a visité les sites devant abriter les compétitions et les délégations». On est loin des «défaillances» constatées il y a quelques mois et qui ont fait penser à une délocalisation d'une partie des Jeux sur Alger. Il est à signaler que le P/APW d'Oran, Meliani Abdelkader, s'est exprimé publiquement sur la nécessité d'annuler les prochains JM que devait abriter Oran, et ce, disait-il, en marge d'un séminaire algéro-britannique consacré à l'organisation des Jeux d'Oran. Le responsable de l'APW ayant argué la crise sanitaire causée par le coronavirus pour demander purement et simplement l'annulation du rendez-vous de l'année prochaine. Un avis que ne partage pas le wali d'Oran, Abdelkader Djellaoui, qui a encouragé le comité d'organisation à poursuivre ses efforts afin d'offrir des «Jeux qui resteront dans la mémoire». Or, la nouvelle donne pourrait remettre en cause l'organisation des Jeux dans quinze mois, ce qui ne manquera pas de faire «grincer» la mécanique qui englobe, à titre illustratif, la mobilisation de 6 000 volontaires. M. B.