Le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a fait état de l'anarchie sans précédent qui règne dans son secteur. Le premier responsable du secteur admet que ses services trouvent de réelles difficultés à contrôler l'activité commerciale, particulièrement la filière de distribution des fruits et légumes ainsi que celle des viandes. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Intervenant, hier dimanche, sur la Radio Chaîne 1, Kamel Rezig constate, « en l'absence d'une déontologie du métier de commerçant, l'anarchie a fini par prendre le dessus ». Il rappelle que sa dernière visite au marché de Boufarik lui a permis d'en venir à cette conclusion. L'origine de ce désordre provient, selon lui, du fait qu'aujourd'hui, « n'importe qui intègre le marché . Une grande partie des commerçants que j'ai eu à rencontrer ne disposaient ni d'un registre de commerce, ni d'une carte d'agriculteur», a-t-il observé. Il tient d'ailleurs à préciser qu'initialement, seuls les commerçants bénéficiant d'un registre de commerce ont la légitimité de se trouver sur le marché. « Mais exceptionnellement, nous avons autorisé les détenteurs d'une carte d'agriculteur à s'introduire au même titre que les premiers .» Le responsable soulignera à ce titre qu'un dossier dont l'objet est de réorganiser les activités commerciales, sera ouvert « dès la fin du mois de Ramadhan », et se penchera de très près sur les critères nécessaires à remplir en tant que commerçant. A côté de cet état de fait, Kamel Rezig a également pointé du doigt le phénomène de la surenchère dans les marchés de gros, le qualifiant de « dangereux » . Cette pratique est interdite mais elle est devenue récurrente, dit-il, ajoutant que « normalement, tous les commerçants sont tenus d'afficher des prix fixes ». Il fera savoir, à ce titre, qu'il a instruit tous les directeurs de commerce d'obliger l'annonce de ces prix. Dans le cas contraire, « des sanctions surviendront instantanément », a-t-il-averti. Evoquant les prix de la viande qui s'avèrent toujours inaccessibles pour beaucoup de citoyens, le premier responsable du secteur avouera encore une fois que cette situation échappe totalement au contrôle de son département. Celui-ci se défend ,après avoir promis au mois de janvier dernier que la viande sera à portée de tous au mois de Ramadhan. Il rappelle ainsi qu'il avait affirmé que si la production nationale était suffisante alors « on n'aurait plus besoin d'importer des pays voisins ». Cela a suscité « des réactions déchaînées des uns et des autres ». Après ça, une rencontre a été organisée entre les représentants des éleveurs et ceux du ministère du Commerce, souligne-t-il. « Les deux parties avaient convenu que les prix de la viande qui seront fixés au mois de Ramadhan arrangeraient tout le monde ». Kamel Rezig considère que ces derniers « n'ont manifestement pas respecté leurs engagements ». Il a, en outre, fait savoir que son ministère «avait l'intention de prendre le taureau par les cornes mais malheureusement, l'épidémie nous a bloqués en cours de route». Il assure, toutefois, que ce point reste pour le moment en suspens, «mais sera remis sur la table dès la fin de cette crise». Par ailleurs, Kamel Rezig s'est dit satisfait de façon globale sur les prix des différents produits de large consommation en ce mois. «Je dirai même que c'est la première fois que nous connaissons une telle stabilité des prix durant le Ramadhan», a-t-il affirmé. Il fera toutefois remarquer que certains légumes à l'instar de la courgette, la carotte ou encore la tomate, connaissent des hausses de prix assez conséquentes par rapport aux dernières semaines. Il expliquera que souvent, la spéculation est engendrée par une très forte demande des citoyens sur un produit. Ce qui est le cas, durant le mois de Ramadhan, période «où les Algériens utilisent ces légumes pour la préparation de leurs mets», a-t-il souligné. Kamel Rezig a, cependant, assuré que tous les commerçants qui ont spéculé sur ces produits ont vu leurs commerces fermés pour une durée de 15 jours au moins. M. Z.