Les commerces autorisés à la réouverture ne se sont pas fait prier, alors que d'ordinaire en période de Ramadhan, ces commerces n'ouvrent qu'en début d'après-midi. Hier dès 10h du matin ,les rideaux étaient tous levés et les portes grandes ouvertes dans l'attente de clients. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - La décision annoncée ce samedi par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, instruisant les walis de la République de l'élargissement des secteurs d'activités et l'ouverture des commerces, « à l'effet de réduire l'impact économique et social de la crise sanitaire », induite par l'épidémie de coronavirus, a fait beaucoup d'heureux parmi les commerces concernés : salons de coiffure, pâtisseries, confiseries et gâteaux traditionnels, habillement et chaussures, commerce d'électroménager, commerce d'articles et ustensiles de cuisine, commerce de tissus, de mercerie et de bonneterie, bijouteries et horlogeries, commerce de produits cosmétiques et parfumeries, etc. Toutefois, le premier constat , hier, c'est le manque d'affluence, qui est parfois même inexistante des citoyens. Pour certains commerçants des secteurs de l'habillement et de la chaussure, ceci est dû au fait qu'habituellement, les Oranais font leurs emplettes en prêt-à-porter le soir, et qu'ils finiront par s'adapter à la nouvelle situation et finiront par se rendre dans ce type de commerces durant la journée. Une jeune maman rencontrée au centre-ville, hésitant à pénétrer dans un magasin de vêtements, nous confie : « Oui, j'hésite à entrer car je me dis : si je choisis une tenue , moi je n'achète rien sans essayer, et si une autre femme avant moi atteinte au Covid-19 l'aura déjà essayée ? Comment savoir ? Et si je choisis une tenue pour l'Aïd pour mon fils de 4 ans, comment savoir que le vêtement n'a pas été manipulé par une autre mère de famille contaminée ? J'avoue que j'ai peur .» Une peur d'autant plus accentuée par le constat que nous avons fait au niveau de ces commerces qui ont rouvert sans pour autant avoir réorganisé leur magasin en fonction des mesures préventives, en instaurant par exemple des limites de distanciation entre les clients, ou encore de réduire les entrées au magasin à deux personnes. A cette remarque, nous avons eu cette réponse auprès d'un commerçant de prêt-à-porter :« Mon magasin n'est pas si grand afin que je puisse limiter les entrées, et puis une boutique de vêtements n'a pas autant d'affluence .Souvent, nous avons tout au plus trois personnes en même temps. » Concernant la crainte de la mère de famille quant aux articles qui risquent d'être touchés et contaminés, il dira : « Nous ne pouvons pas interdire au client de manipuler le vêtement. C'est même inévitable .» Un autre commerçant de prêt-à-porter nous précise que lui a instauré une règle « pas d'essayage, chacun connaît sa taille ». Les magasins de chaussures font face aux mêmes soucis du « touché ». « Le client doit essayer la chaussure avant de l'acheter. Je vais instruire mes vendeuses de nettoyer chaque chaussure essayée et non achetée par le client qui l'aura essayée. » Toutefois, il nous confie qu'il a peur d'abîmer la chaussure en la désinfectant avec de la javel ou bien avec du gel désinfectant. Autres commerces autorisés à la réouverture, les salons de coiffure. Comment s'assurer qu'après le passage de chaque client le coiffeur(euse) désinfectera ses outils de travail ? Si certains affirment qu'ils se soumettront à cette mesure d'hygiène, un coiffeur du centre-ville nous confie : « Je ne pourrai pas m'y soumettre à chaque fois, je vais sûrement oublier de le faire. Cela ne fait pas partie de mes habitudes, du moins après chaque client. D'autant que j'ai en attente beaucoup de clients qui n'attendaient que le jour où je reprendrai du service. Je ferai de mon mieux .» Les vendeurs de vaisselle ont, eux, trouvé la parade en interdisant l'entrée dans les magasins souvent exigus et ont fait sortir leurs marchandises devant leurs magasins, avec un exemplaire de chaque produit. «Ici à la Bastille, j'ai choisi d'interdire aux clients de toucher ma marchandise. Le client m'indique ce qu'il veut et s'il se décide, il prend et me paye. Je leur dis : tu touches, tu achètes .» À la ville nouvelle, les commerces n'avaient qu'une préoccupation : rouvrir. Ce qu'ils ont fait dès hier, mais face au manque de transport, ils sont loin de l'affluence habituelle, d'autant qu'ils recevaient des clients de différentes communes et de différentes wilayas. « Lorsque les transports en commun reprendront, nous pourrons alors reprendre une meilleure activité », espère un commerçant de robes traditionnelles. Les seuls commerces où ça ne désemplit pas, ce sont les pâtisseries, les magasins de gâteaux de circonstance : zlabia, chamia… Et là, aucune précaution n'est prise des deux côtés (client et vendeur). Dès qu'il s'agit de produits à consommer, la prudence et les précautions sont mises de côté. A. B.