Les prix des vêtements sont élevés, mais mes enfants le sont plus», estime Karima, mère de deux jeunes garçons. Rencontrée à la rue Hassiba Ben Bouali au centre de la capitale, cette dame, qui sillonnait dès la matinée les boutiques, n'arrivait toujours pas à acheter des tenues pour ses enfants. Le choix est-il si difficile ? «Non. Mais je cherche des produits de qualité. C'est très rare d'en trouver», se plaint Karima, qui fait passer avant tout la santé de sa progéniture, dont un bébé ne dépassant pas les six mois, au dessus des considérations matérielles, car elle a peur de la contrefaçon. Les craintes de Karima ne sont pas partagées par la majorité des parents sortis, hier, pour compléter les préparatifs de l'Aïd El Adha. A 13h30, les magasins de vêtements et chaussures de la rue Hassiba Ben Bouali ont connu une affluence peu habituelle. Empressement, hâte et bousculade à l'entrée des boutiques qui se sont transformées en de véritables ruches d'abeilles. Ni les prix exorbitants, ni la qualité des produits exposés n'ont effrayé les parents. Certains magasins ont dû limiter le nombre de clients. L'espace ne contenait plus la foule d'hommes et de femmes accompagnés d'enfants. Des disputes éclataient par moments à cause d'une bousculade mais l'intervention de plus sages mettait fin aux mécontentements. Tous veulent offrir un nouveau look à leurs enfants à l'occasion de la fête religieuse, attendue dimanche prochain. Des robes pour fillette de 4 ans se vendent à 2500 DA, des chaussures entre 1500 à 3000 DA. Les parents se retrouvent à chaque célébration de fêtes entre le marteau et l'enclume, et finissent par se soumettre à la volonté de leurs enfants. «Les vêtements qu'ils ont eus pour la rentrée scolaire sont toujours neufs. Mais nos enfants exigent à chaque fois de nouvelles tenues», révèle un père accompagné de ses trois enfants. L'homme au visage fatigué avoue que les dépenses sont insoutenables. «Les enfants sont peu soucieux de la situation matérielle de leurs parents», soupire ce père ruiné à moult reprises durant ces derniers mois. Mais un enfant de 4 ou 10 ans comprend-il le sens des propos de son père ? Absolument pas ! Et le père le sait bien. En fait, s'il en parle, c'est pour vider sa colère, «les enfants n'y sont pour rien», se ressaisit-il. L'embarras des parents n'intéresse guère, les commerçants. Ils ont doublé parfois triplé les prix des vêtements et chaussures. Un vendeur de chaussures enlève les anciens prix sans pour autant avoir le temps de coller de nouvelles étiquettes. Même si les prix sont fixés aléatoirement, les gens achètent. Sont-ils si peu conscients ? «Ce n'est pas le cas. Mais ces pratiques déloyales sont généralisées d'une part, d'autre part, les gens attendent la dernière minute. Alors, ils sont obligés d'acheter à n'importe quel prix», explique un client choqué par les traces des anciennes étiquettes arrachées à la hâte. Toutes les pratiques sont permises. Seul le chiffre d'affaires réalisé reste un tabou ce dernier mois. Tous les commerçants se montrent réticents à ce sujet.