Ayant jugé dans un premier temps que les mesures de confinement en cours avaient porté leurs fruits, le président de la République change d'approche. Tebboune demande au gouvernement de prendre des «mesures complémentaires» au confinement sanitaire pour les jours de l'Aïd. Le durcissement du confinement se précise. Avant même ces annonces, des walis interdisent déjà les visites des cimetières. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - L'Algérie ne fera visiblement pas exception. La fête de l'Aïd sera célébrée comme dans beaucoup de pays musulmans dans un contexte fait de restrictions de déplacements, voire leur totale interdiction. C'est au Premier ministre qu'incombe la mission d'annoncer les mesures à mettre en place pour les deux jours de l'Aïd. Il a été chargé par le président de la République de prendre «des mesures complémentaires au confinement sanitaire, à l'occasion de l'Aïd el Fitr, tant en ce qui concerne la durée horaire du confinement, les déplacements entre wilayas et la visite des cimetières». Une décision prise à l'issue d'une réunion avec les membres du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus. La veille de cette réunion, Tebboune réunissait le Haut Conseil de sécurité et affirmait à l'occasion que les mesures déjà en cours en matière de confinement avaient fait leurs preuves et devaient être reconduites pour la période de l'Aïd. En clair, il disait non au confinement total. Un avis que beaucoup de membres du Comité scientifique ne partagent pas. À l'unanimité, ils ont plaidé pour un confinement total, seul rempart aux traditionnels déplacements entre wilayas pour les visites familiales. En les réunissant ce lundi, les membres du Comité scientifique ont pu, une fois de plus, présenter leurs arguments. Selon le communiqué sanctionnant cette réunion, le président de la République a pu écouter les avis des membres du Comité scientifique. Ils ont «unanimement souligné que le port du masque est tout aussi efficace que le confinement sanitaire, d'où l'impératif de rendre son port obligatoire pour tous». Depuis plusieurs jours déjà, l'option du confinement total était évoquée avec insistance. Elle était fortement recommandée. Le ministre de la Santé avait qualifié l'option de «salutaire», expliquant que «l'Aïd el Fitr en Algérie est une occasion de regroupement familial et de possibilité de contagion, c'est aussi une occasion pour les visites aux cimetières». Les membres du Comité scientifique ont multiplié les appels à l'adoption du confinement total comme seule solution. Le Dr Bekkat, membre du Comité scientifique et président du Conseil de l'Ordre des médecins, estimait, il y a quelques jours, que «le confinement total est absolument nécessaire. La nature même de l'Aïd el Fitr au sortir du Ramadhan favorise les visites familiales et de voisinage. C'est à même de transmettre le virus à une grande échelle. Par conséquent, on sera face à une véritable deuxième vague si ces mesures ne sont pas prises». Conscient que la balle est dans le camp des décideurs, il ajoute que «le principe a été lancé, la gestion est maintenant politique. C'est au gouvernement de prendre la responsabilité politique, la responsabilité scientifique a été prise par le Comité». La voix des experts a fini par parvenir aux oreilles des décideurs qui réajustent donc leur position. La première décision dans ce sens est venue d'ailleurs de la wilaya de Annaba qui a, officiellement, annoncé l'interdiction des visites aux cimetières durant les jours de l'Aïd. N. I.
Le gouvernement a décidé d'un confinement plus rigoureux pour les deux jours de l'Aïd, en en réaménageant les horaires courants, exceptionnellement, de 13 h à 7h du matin et ce, sur l'ensemble des quarante-huit wilayas. Dans un communiqué rendu public mardi, le gouvernement ajoutera également que, durant ces deux jours de l'Aïd, «la circulation sera suspendue pour tous les véhicules, y compris les motos, entre les wilayas et à l'intérieur des wilayas». R. N.