L'Algérie s'apprête à sortir progressivement du confinement. Un plan en deux phases est élaboré. Il débutera dès demain par la reprise de la quasi-totalité des activités commerciales. Le couvre-feu restera en vigueur jusqu'au 13 juin, date à laquelle le gouvernement annoncera sa modulation en fonction de l'évolution de la situation épidémiologique. Il signera le début de la seconde phase. Le gouvernement avertit : il ne s'agit pas de retrouver une vie « normale » mais de maintenir intacte la vigilance pour éviter une deuxième vague de Covid-19. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - C'est désormais fait. Le gouvernement dévoile sa feuille de route pour une sortie du confinement. Il la qualifie de « flexible » et de « progressive ». Le plan se décline en deux phases. Dès demain, un nombre important d'activités commerciales seront autorisées à reprendre. À partir du 14 juin, le confinement sanitaire sera soit levé soit allégé en fonction de l'évolution de la situation sanitaire au niveau de chaque wilaya. Première phase : plus de 25 activités redémarrent Dès demain, l'activité commerciale et économique reprendra de manière progressive. Une liste de pas moins de 25 secteurs, jusque-là frappés par le gel des activités, a été établie. Ils ont été jugé éligibles à une réouverture. Il s'agit des artisans céramistes, des plombiers, des menuisiers, des peintres, des agences de voyages, des agences immobilières, de la vente de produits d'artisanat, des tailleurs et des cordonniers. Pourront également rouvrir, dès demain, les artisans proposant la maintenance et la réparation, le commerce d'articles ménagers et de décoration, d'articles de sport, de jeux et de jouets, de pâtisseries et confiseries, de glaces et de boissons et les fast-foods proposant la vente à emporter. Sont également concernés les commerces de literies et tissus d'ameublement, d'appareils électroménagers, de vente des produits cosmétiques et d'hygiène, les fleuristes, les pépiniéristes et les herboristes mais également les studios photographiques et les activités de tirage de plan et de photocopie, les douches à l'exception des hammams, la maintenance, le dépannage et le lavage de véhicules, les galeries d'art, les antiquaires et brocantes ainsi que les librairies et papeteries, ceux vendant des instruments de musique et finalement les salons de coiffures pour hommes et pas pour femmes et les marchés à bestiaux. Les activités exclues dans cette première phase pourraient bénéficier d'autorisations dans la seconde phase, à savoir à compter du 14 juin. Elles seront alors identifiées en fonction de la situation sanitaire. C'est le cas du transport par taxi ainsi que la restauration et les débits de boissons. Par ailleurs, comme décidé en Conseil des ministres, c'est le secteur du bâtiment qui bénéficie en premier des autorisations de redémarrage. Cela concerne également les activités de sous-traitance, les bureaux d'études, d'architecture, d'urbanisme et de génie civil dont le personnel sera désormais autorisé à circuler sur l'ensemble du territoire national de 5h du matin jusqu'à 19h, à charge des employeurs d'assurer leur transport. Au niveau des chantiers, la reprise des travaux sur les chantiers est conditionnée par la disponibilité des équipements de protection individuelle des travailleurs, à savoir des masques, des gants et des casques. L'organisation du travail au sein des chantiers devra se faire dans le respect la distanciation physique. Idem en ce qui concerne les conditions d'hébergement et de restauration mais également l'utilisation des moyens de transport des travailleurs, d'engins et de véhicules de chantier qui doit également répondre aux exigences des protocoles sanitaires particulièrement le nettoyage régulier et la désinfection quotidienne. Seconde phase : levée ou aménagement du confinement Une semaine après la reprise des activités commerciales, soit le 14 juin prochain, l'Algérie entamera une sortie progressive du confinement. Cela prendra la forme d'une levée totale du couvre-feu imposé actuellement ou le réaménagement des horaires de ce dernier. Les décisions seront prises en fonction de l'évolution de la situation épidémiologique dans chaque wilaya. Conformément aux directives du Comité scientifique, seront pris en compte le taux de reproduction du virus qui devra être inférieur à 1 et le flux journalier des nouveaux cas d'infections enregistrées. Pour ce faire, la liste des wilayas concernées par le confinement sanitaire partiel sera évaluée et révisée chaque quinzaine, afin de vérifier que les mesures mises en œuvre n'ont pas favorisé le risque de transmission de la maladie. Face à ce qu'il qualifie d'« incertitude scientifique et médicale », le gouvernement dit choisir la prudence même après le 14 juin en mettant en place un dispositif renforcé de surveillance sanitaire, qui concernera prioritairement les wilayas concernées par la levée de la mesure du confinement sanitaire, avec une stratégie de détection précoce, notamment au niveau d'éventuels foyers ou clusters qui risquent d'apparaître à tout moment. Ce dispositif sera appuyé par un dépistage ciblé de tous les cas suspects et de leurs contacts, ce qui est essentiel pour casser la chaîne de transmission du Covid-19. Le gouvernement met, d'ores et déjà, en garde : la sortie du confinement ne signifie nullement un retour à « la vie normale » tant la menace du virus reste omniprésente. Il en appelle à « l'esprit de responsabilité individuelle et collective » pour faire face à la situation mais surtout ne pas remettre en cause une stabilité sanitaire fragile obtenue après des semaines de sacrifices. N. I.
Intégrer la prévention dans les règlements intérieurs Les différentes mesures de prévention contre le Covid-19 devront être intégrées dans les règlements intérieurs des entreprises. Pour ce faire, les services de l'Inspection du travail, les comités interentreprises d'hygiène et de sécurité ainsi que les services d'hygiène et de sécurité des entreprises et les structures en charge de la sécurité interne des entreprises seront sollicités afin de non seulement veiller à la mise en place des consignes de sécurité sur les lieux de travail mais également pour exercer les missions de contrôle. Le dispositif d'accompagnement sera adossé à l'arsenal juridique national de prévention en matière d'hygiène et de sécurité et de médecine du travail, notamment la loi-cadre n° 88-07 relative à l'hygiène, la sécurité et la médecine du travail. La commission de wilaya chargée de coordonner l'action sectorielle de prévention et de lutte contre la pandémie de coronavirus Covid-19, en relation avec les services de santé, les services vétérinaires, les collectivités territoriales et les services de sécurité, veillera à l'application de l'ensemble des mesures de prévention. N. I. Des mesures drastiques imposées La reprise des activités commerciales ne se fera pas sans une batterie de mesures préventives drastiques et contraignantes. Les commerçants et opérateurs économiques seront très vite confrontés à plus de contraintes auxquelles ils sont sommés de se conformer. Pour pouvoir exercer à nouveau, ils auront la responsabilité de faire respecter un ensemble de consignes sans lesquelles ils s'exposeront à des sanctions. C'est ainsi que dès la réouverture, ils seront tenus de faire respecter l'obligation du port du masque et seront tenus pour responsables du non-respect de cette disposition, de l'affichage des mesures barrières et de prévention, de l'organisation des accès et des files d'attente à l'extérieur et à l'intérieur des locaux de façon à respecter l'espacement et la distance physique, tout en limitant le nombre de personnes présentes au même lieu, la mise en place à l'intérieur des locaux d'un sens unique de circulation, de marquage lisible au sol et de barrières, pour éviter les croisements des clients. Ils ont également obligation d'installer paillasses de désinfection aux entrées, de mettre à la disposition des usagers et des clients de solution hydroalcoolique, de nettoyer et de désinfecter les locaux quotidiennement, de désinfecter les pièces de monnaie et les billets de banques, de prévoir des bacs dédiés à recueillir les masques, gants, mouchoirs ou matériel médical usagé. Au niveau des salons de coiffure pour hommes, il est demandé à leurs gérants d'organiser cette activité par voie de rendez-vous, de respecter strictement l'obligation du port du masque par le coiffeur et le client, la limitation de l'accès au local à deux clients au maximum ainsi que le nettoyage et la désinfection fréquents du local et des instruments et effets utilisés. Au niveau des différents marchés, le port du masque reste évidemment obligatoire alors que la distanciation physique, la désinfection des lieux et la mise à disposition des gels hydroalcooliques ainsi que le contrôle et l'organisation des accès, par l'usage d'appareil, l'installation de couloirs et de paillasses de désinfection aux entrées et la matérialisation des circuits de circulation des usagers par le moyen de traçage et de panneaux d'indication seront obligatoires. Le non-respect de ces mesures donnera lieu à la fermeture immédiate du commerce ou de l'activité concernée et à l'application rigoureuse des sanctions prévues par la législation et la réglementation en vigueur. N. I.