En première ligne quelle que soit la conjoncture, le groupe Sonatrach se retrouve, encore une fois, bien malgré lui, en proie à des turbulences auxquelles, d'ailleurs, aucune compagnie même parmi les majors n'y échappe comme l'illustrent, depuis plusieurs semaines, les informations faisant état, par exemple, de coupes «monumentales» dans les investissements d'un grand nombre de compagnies pétrolières mondiales. En visite, vendredi à In Amenas, le P-dg de Sonatrach, Toufik Hakkar, a d'abord assuré que les volumes de production pétrolière et gazière n'avaient pas reculé en dépit de la réduction des effectifs décidée, entre autres mesures de prévention, contre la propagation du nouveau coronavirus. Ainsi, il a fait savoir, selon des propos que lui attribue l'agence officielle, qu'à l'exemple des plateformes pétrolières et gazières de In Amenas, les volumes de production sont demeurés les mêmes, bien que les effectifs aient été réduits de 65%. Idem pour l'activité au niveau de la Direction générale de la compagnie qui, certes, a été impactée par la conjoncture sanitaire mais cela ne l'a pas empêchée de « tenir 3.000 réunions internes et externes par visioconférence et la signature de plusieurs accords avec des partenaires étrangers ». M. Hakkar a indiqué, en outre, que la Sonatrach était la première entreprise en Algérie à avoir mis en place une cellule de crise pour faire face aux défis engendrés par la pandémie suite, devrait-on le rappeler, à l'apparition du premier cas de Covid-19 en Algérie , un ressortissant italien exerçant à Sonatrach. Un fait qui a conduit l'établissement à prendre des mesures préventives, mise des travailleurs en quarantaine et la mobilisation de tous les moyens de prévention. Sonatrach, elle également, n'a pas été épargnée par l'épidémie, a confié le P-dg tout en assurant que «la situation est sous contrôle» et en précisant que le nombre de cas de Covid-19 confirmés au niveau de Sonatrach et de toutes ses filiales variait entre 100 et 150 cas. «Il s'agit d'une visite d'inspection pour s'enquérir des effectifs et de leurs conditions de travail ainsi que du respect de toutes les mesures sanitaires prises afin d'endiguer la propagation du Covid-19», a confié M. Hakkar qui s'est montré fier de la mobilisation des travailleurs de Sonatrach qui ont réussi à «préserver notre niveau de production et la dynamique propre à notre groupe» et d'assurer que l'après-Coronavirus est déjà tout tracé avec, notamment, la signature prochaine de plusieurs contrats de production, de pétrochimie et de services. L'occasion a été saisie par le P-dg pour rappeler également la stratégie à l'international de Sonatrach, présent en Tunisie, en Libye, au Mali et au Pérou ainsi qu'en Europe (Italie, Espagne et Royaume-Uni) à travers des sociétés de commercialisation des produits gaziers et pétroliers, puis en Turquie dans le cadre d'un projet pétrochimique. Un déploiement dont ne se contente pas le groupe puisqu'il continue à prospecter des opportunités d'investissement profitables au niveau international, dans le cadre de sa politique d'expansion à l'intérieur comme à l'extérieur. Des projets «prioritaires», Sonatrach en compte plusieurs, selon le passage en revue auquel s'est astreint à rappeler le P-dg. Ainsi, en pétrochimie, il y a la raffinerie de Hassi Messaoud, d'une capacité de 5 millions de tonnes/an, dont l'accord de réalisation a été signé au début de cette année 2020, les études techniques étant en cours et le lancement des travaux est prévu au début de l'année prochaine. En plus de ce projet destiné à réaliser l'autosuffisance au sud du pays en ces produits, M. Hakkar a fait état du lancement prochain d'autres projets identiques à Tiaret et à Skikda. Ceci, en plus d'autres projets, dont ceux destinés à la transformation des produits pétroliers en plastique. C'est dans cette optique qu'ont été signés des accords avec Total, pour un projet à Arzew, et un second avec les Turcs. D'autres projets sont à l'étude, à l'instar d'un mégaprojet d'une valeur de 6 milliards de dollars pour la transformation de gaz et de pétrole en produits plastiques à valeur ajoutée à Skikda, actuellement à l'étape de concertation avec un partenaire étranger, ou encore le projet de méthanol et dérivés également «projet d'envergure», de l'ordre de 6 milliards de dollars en cours d'étude et de concertation avec un autre partenaire, a confié Toufik Hakkar. Un autre projet, relevant du ministère de l'Industrie, verra l'implication de Sonatrach. Il concerne l'extraction et la transformation des phosphates. Il en est au stade de l'étude et sa finalisation devra être entérinée avant la fin de l'année avec un partenaire pour entamer directement la réalisation. Lors de sa visite des deux unités de production pétrolière et de transformation gazière à In Amenas, le P-dg de Sonatrach a encouragé les responsables à relever le taux de récupération de gaz de 25% à 40% en misant sur les nouvelles technologies, pour mettre l'accent sur l'impératif de réduire les dépenses d'investissement notamment en termes de rénovation des unités. Par ailleurs, selon l'APS toujours, le P-dg du groupe Sonatrach a fait savoir que la compagnie est en négociations avec l'espagnol Naturgy au sujet du contentieux qui les oppose sur les prix du gaz. Très sûr de lui, Toufik Hakkar n'a pas écarté, au final, la possibilité du recours à l'arbitrage international, s'appuyant sur les clauses contractuelles liant les deux parties qui permettent la révision périodique des prix selon l'évolution du marché. Le premier responsable de la plus grande entreprise du pays a rappelé que cette issue, le recours à l'arbitrage international, n'a pas de quoi inquiéter, Sonatrach ayant déjà eu gain de cause dans des situations pareilles et cette fois également, si d'aventure cela s'avère comme étant la seule issue pour le règlement du contentieux, la compagnie nationale ira «en position de force». Le tout en se faisant un point d'honneur de rappeler les liens entre les deux compagnies et la fiabilité de l'Algérie en sa qualité de partenaire de l'Espagne dans la fourniture de gaz. Toufik Hakkar a enfin affirmé comprendre les motivations ayant poussé Naturgy à réviser les prix du gaz à la baisse. «La raison de la demande sont les difficultés de l'économie espagnole, la crise sanitaire, ainsi que le gaz américain qui gagne du terrain en Europe, ce qui a provoqué un excédent de l'offre, entraînant une baisse des prix», a épilogué le P-dg de Sonatrach. Azedine Maktour