Pas de taxis individuels urbains dans la capitale avant que le protocole sanitaire qui leur a été imposé par les pouvoirs publics ne soit allégé. Les chauffeurs de taxi de la wilaya d'Alger s'arc-boutent à leur position et refusent de reprendre le travail. Ils jugent ces conditions sanitaires d'irréalistes. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Autorisés à reprendre le service après trois mois d'arrêt en raison du confinement sanitaire de la population, les chauffeurs de taxi individuels urbains devraient renouer avec le travail depuis dimanche 14 juin. Seulement, cette reprise, prévue dans le cadre de la deuxième phase de la levée du confinement, n'a pas eu lieu. Les chauffeurs de taxi refusent de se soumettre au protocole de protection du Covid-19 imposé par les pouvoirs publics qu'ils qualifient d'«irréaliste». Rassemblés, hier lundi, à la station de taxi au Caroubier, à l'est d'Alger, près de 700 chauffeurs de taxi dénoncent vivement ces mesures telles qu'elles ont été édictées. Selon eux, il est impossible de les appliquer à la lettre. «La majorité des chauffeurs de taxi ont décidé de ne pas reprendre le travail avec les conditions exigées par les pouvoirs publics. Leur application relève de l'impossible, notamment la désinfection du véhicule après chaque course», souligne le président de la Fédération nationale des chauffeurs de taxi, Hocine Aït Braham. Qualifiant ces conditions de «contraignantes», il assure que les chauffeurs de taxi ne pourront même pas rentrer dans leurs frais. «Avec un seul client par course, l'activité n'est pas du tout rentable. Supposons que je transporte un client d'Alger au Golf. Le coût de cette course ne dépassera pas les 80 dinars. Que va-t-il couvrir ? Le carburant consommé ? Les produits désinfectants utilisés, ou alors les bavettes ?», s'interroge-t-il, tout outré. Il rappelle, à cet effet, les rites des familles algériennes qui sortent souvent en groupe. «Les familles se déplacent toujours à deux, trois ou quatre personnes. Faut-il maintenant un cortège de taxi pour transporter les membres d'une seule famille ?», dit-il avec ironie. Quant à la mise en place de plexiglas à l'intérieur du taxi afin de séparer entre les différents passagers, Aït Braham est catégorique. «Pas question, puisque non seulement il abîme l'intérieur du véhicule mais, en plus, il est hors de prix. Des opérateurs commencent déjà à spéculer en proposant le plexiglas entre 5 000 et 8 000 dinars», explique-t-il. Conviée par le ministère des Transports pour tenter de trouver une issue à ce boycott, une délégation de la Coordination des chauffeurs de taxi de la wilaya d'Alger, affiliée à l'UGTA (Union générale des travailleurs algériens), attendait, hier, en fin d'après-midi, d'être reçue par la tutelle. Selon son SG, Nasser Smida, il est hors de question de reprendre l'activité avant que les conditions sanitaires imposées ne soient allégées. Lors de cette rencontre, les représentants des chauffeurs de taxi comptent également demander la révision de la tarification qui «s'impose avec l'augmentation du carburant». Les chauffeurs de taxi dénoncent, à cet effet, la «concurrence illégale» à laquelle ils font face, notamment avec la prolifération des «taxi clandestins et des applications de taxi sur internet». Le dossier des licences de taxi actuellement détenues par les moudjahidine sera également remis sur la table. Les chauffeurs de taxi plaident pour la création de licences administratives agréées par l'Etat. À la fin, ils comptent relancer la question de l'allocation de solidarité de dix mille dinars attribuée par l'Etat en raison de la crise sanitaire de Covid-19, qu'ils n'ont pas perçue à ce jour. Ry. N.