La décision de la reprise des taxis à l'intérieur du périmètre urbain n'a pas été applaudie par la corporation. Selon la Fédération nationale des chauffeurs de taxi, le risque de contamination au coronavirus Covid-19 est assez présent au moment où cette activité est «morte» en ces temps de pandémie. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Après plus d'un mois d'arrêt en raison du confinement sanitaire de la population, les taxis urbains reprendront bientôt du service. Une reprise d'activité qui attend l'annonce des modalités liées à la protection de la pandémie de Covid-19 dans ce moyen de transport. Pourtant, cette nouvelle ne semble pas réjouir les chauffeurs de taxi. Au contraire, ils se montrent réticents. «Certes, nous attendons les procédures décidées par les pouvoirs publics, à entreprendre pour éviter la propagation du coronavirus, mais nous savons à l'avance que l'activité est morte», affirme Hocine Aït Braham, président de la Fédération nationale des chauffeurs de taxi. Il rappelle qu'outre les déplacements entre les wilayas qui ne sont pas autorisés, tous les lieux où se concentre la clientèle des taxis sont aujourd'hui fermés. Il cite ainsi les hôtels, les aéroports et les gares routières. Quant à l'application des mesures de sécurité sanitaire, il n'écarte pas les risques de contamination au Covid-19. Pour lui, la désinfection du véhicule après chaque client relève de l'impossible «Où est-ce que nous pourrons le faire ? D'ailleurs, même le nettoyage du véhicule est devenu compliqué depuis la fermeture de tous les services de lavage automobile», explique-t-il. Evoquant l'allocation de solidarité d'un montant de dix mille dinars, octroyée aux familles nécessiteuses et à celles affectées par les mesures de prévention et de lutte contre cette épidémie, à l'occasion du mois de Ramadhan, qui touche justement sa corporation, le président de la Fédération nationale des chauffeurs de taxi estime qu'elle ne saura répondre à leurs besoins. «L'Algérien ne pourra tenir avec dix mille dinars. Tous les prix sont élevés et les dépenses sont nombreuses. C'est très peu !», souligne-t-il. Cependant, il assure que les chauffeurs de taxi sont pour le respect du confinement mais les pouvoirs publics doivent se pencher autrement sur leur cas. «Nous sommes 220 mille taxieurs à l'échelle nationale. Cette aide de dix mille dinars sera très lourde pour le Trésor public, alors que le bénéficiaire ne pourra subvenir à ses besoins», dit-il. Pour lui, la seule solution serait de permettre aux chauffeurs de taxi d'accéder à un prêt bancaire sans intérêt. «Nous proposons que l'Etat nous ouvre droit à un crédit allant de 20 à 50 mille dinars pour pouvoir tenir durant cette période difficile. Une fois la crise passée, les bénéficiaires rembourseront au fur et à mesure leur prêt», suggère-t-il. Et de poursuivre : «Ils sont sans ressources financières depuis plus d'un mois et continuent à faire face à de nombreuses obligations quotidiennes. Nombre d'entre eux sont sommés de payer le loyer et de régler la location de la licence de taxi». Outré par le comportement de certains propriétaires de ces licences en ces temps de crise, Hocine Aït Braham lance un appel au président de la République pour l'annulation de celles-ci. «Nous demandons à ce que les licences de taxi des moudjahidine soient annulées et remplacées par des licences administratives dont la location revient à l'Etat», dit-il. Ry. N.