Il semble bien que la prochaine réunion du Bureau fédéral de la FAF, mardi, au siège de celle-ci soit l'ultime occasion des instances du football national pour se prononcer sur l'arrêt ou pas de la saison 2019-2020. Demain, le président de la LFP et des membres de son CE iront à la rencontre des clubs de football des deux ligues professionnelles de la région Centre. C'est le dernier rendez-vous qui se présente à Medaouar et ses assistants pour écouter ce que les clubs entendent décider. Poursuivre ou non la saison 2019-2020 sera la principale question à laquelle les 12 clubs invités (7 en Ligue 1 et 5 de Ligue 2) répondront. De prime abord, l'unanimité se dégage pour un arrêt définitif du Championnat professionnel, les clubs de l'Ouest et de l'Est ayant globalement rejeté la perspective d'une reprise sous prétexte que le coût de l'application du protocole sanitaire va grever davantage leurs finances. C'est du moins l'explication fournie par Abdelkrim Medaouar et son plus proche collaborateur, Farouk Belguidoum, également porte-parole de la LFP. Les deux responsables ont même affirmé que la majorité des clubs sont favorables à l'arrêt des Championnats. Or, à entendre la version de certains de ces clubs il apparaît clairement que l'unanimité est loin d'être opérée. Le CSC, l'ASK et l'ESS ayant assuré vouloir aller au bout pour atteindre divers objectifs (titre, places qualificatives aux épreuves continentales ou régionales et accession). Avant de rencontrer les clubs du Centre, des clubs sont du même avis. Le CR Belouizdad se dit prêt à valider sa suprématie sur la Ligue 1 depuis le début du Championnat, objectif recherché par le MC Alger, alors que la JS Kabylie évoque carrément un sacre à l'arrivée de cet exercice, au moment où l'USM Alger se dit capable de terminer la saison en force et espère un classement à la mesure de ses ambitions. Voici en gros les «pulsations» des principaux clubs de l'élite professionnelle parmi lesquels le patron de la LFP nous annonce leur décision de ne pas vouloir boucler l'exercice 2019-2020. Ceci au moment où le porte-parole de la Ligue 1 assure que lesdits clubs ont fait cette demande, en raison de leur impossibilité de couvrir les frais du protocole sanitaire mis en place par les instances du football et qui est en attente de validation au niveau du MJS. Une affirmation qui laisse perplexes des dizaines de clubs entre ceux de la Ligue 2 et ceux, encore plus nombreux, de la DNA, militent, en dépit de leurs moyens limités, pour la reprise du Championnat. Alors cette question se pose : le «niet» réel ou inventé exprimé par les clubs de l'Ouest et de l'Est, en attendant que ceux du Centre s'expriment demain, répond-il vraiment à une situation d'incapacité de nos clubs de protéger leurs personnels, au mieux une cinquantaine d'employés, lorsque les entraînements reprendront pour ensuite couvrir d'autres intervenants (officiels de matchs) dans le cas où les Championnats reprendront ? Les «pour» et les «contre» La question n'a pas de réponse tant que personne ne sait quels seraient ces moyens à réunir parmi les clubs pour que le protocole sanitaire soit totalement respecté. Le directeur du pôle sportif du CR Belouizdad, Toufik Korichi, parle d'une infrastructure inadaptée sans que personne comprenne comment un terrain d'entraînement ou de compétition est supposé adapté au protocole adopté. Peut-être bien que l'ex-DTN/FAF par intérim a raison, la quasi-totalité de nos stades de football et des salles de sport en général sont dépourvus du strict minimum, à savoir des douches individualisées, des saunas, des espaces de soins et de massage... ô combien nécessaires pour la récupération. Il n'en demeure pas moins que sa thèse est discutable, des solutions intermédiaires peuvent être réunies. Le protocole sanitaire tel qu'édicté est restrictif mais il peut faire l'objet de certains aménagements en rapport avec la réalité de la ville où les clubs sont domiciliés. Hormis les tests qui restent une mesure indiscutablement à réunir, les autres mesures barrières semblent abordables et ne nécessitent pas un gros investissement. En Europe, où certains grands Championnats ont repris, le coût d'une couverture médicalisée d'un rendez-vous sportif est de l'ordre de 75 000 euros. Ce qui, en l'état actuel, paraît inabordable pour nos clubs dits professionnels dont la gestion des ressources est pour le moins catastrophique. Faut-il alors décréter non seulement un arrêt définitif des compétitions mais également rester les bras croisés et attendre la fin d'une pandémie que personne parmi les scientifiques n'a fixée ? La réunion du Bureau fédéral de ce mardi 30 juin tiendra-t-elle uniquement cas des avis des 32 clubs des deux ligues dits professionnels ou élargira-t-elle le débat aux 112 équipes de la DNA, dont le Championnat a été également retenu pour une éventuelle reprise contrairement aux autres Championnats régionaux, ceux des féminines et des jeunes catégories ? Le facteur temps (et celui du climat surtout) conditionnera la réponse de la FAF, laquelle tiendra aussi compte des aspects financiers soulevés par cette «sourde majorité». Reprendre les entraînements d'abord S'il est vrai que le volet financier peut être contraignant notamment en cette période de crise généralisée, il est loisible de pousser la réflexion non pas exclusivement sur la reprise des compétitions mais (au moins) pour un retour progressif à l'activité physique et sportive à travers des entraînements sur les lieux affectés (salles et stades) qui feront l'objet d'une attention particulière en matière de respect dudit protocole sanitaire. Un tel projet pourrait d'abord concerner les élites appelées à concourir ultérieurement dans les compétitions internationales, dont des Championnats continentaux, mondiaux et olympiques. Une phase de reprise qui n'est pas si onéreuse et dont la réussite pourrait inciter les pouvoirs publics à élargir les mesures d'apaisement en direction du sport et des sportifs. C'est pourquoi, le docteur Bekkat Berkani, membre de la Commission de veille et de suivi de la pandémie de Covid-19, préconise une reprise graduelle dans les sports individuels, contrairement aux sports collectifs, lesquels mobilisent beaucoup plus de personnels (compétiteurs, entraîneurs, médecins, juges) qui ont un rôle dans le bon déroulement des compétitions. Probablement que la FAF, dont le président a mis l'accent sur la responsabilité des instances, saura se convaincre et convaincre ses partenaires de son désir de terminer un exercice dont l'enjeu n'est pas spécialement un titre à offrir mais surtout toute une pyramide qui risque de s'effilocher à cause de cette inédite situation provoquée par le Covid-19. M. B.