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Qui trop embrasse, mal étreint
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 07 - 2020

Ce qui préoccupe actuellement les Egyptiens, ce n'est pas la construction du barrage éthiopien aux sources du Nil, qui risque de les faire mourir de soif, et encore moins la guerre en Libye. Ils ont décidé, semble-t-il, de laisser ces problèmes terre à terre à leurs dirigeants qui sont payés pour ça, et qui le sont grassement, autant qu'il est possible de l'être quand l'argent vient de l'oncle Sam. Aucun Egyptien ne s'aviserait d'ailleurs de contester les salaires des dirigeants, et des élites, alors que dans les prisons, on se serre chaque jour un peu plus pour pouvoir accueillir plus de détenus. S'ils ne se font pas d'illusions sur la période nassérienne, pour ce qui est des libertés, ils ont pâti de la chaîne de succession qui s'en est suivie, et ils savent à quoi s'en tenir du côté des islamistes. Alors, faute de pouvoir faire vraiment de la politique sans risquer de passer par la case prison, ils préfèrent réorienter leur passion vers des sujets moins dangereux, et qui font surtout rêver encore. Alors au diable, les Frères musulmans, les frères libyens, les faux frères turcs, et autres musulmans de pacotille, et place à la seule question qui vaille son pesant d'angoisse: Abla Kamel va-t-elle prendre sa retraite? Autrement dit, l'actrice égyptienne va-t-elle céder à la mode actuelle qui pousse les actrices égyptiennes à céder aux sirènes wahhabites, voluptueusement riches, et à mettre fin à leur carrière.
Je m'empresse de préciser que mettre un point final à une carrière n'est pas seulement dicté par l'appât d'autres gains plus lucratifs, mais plus souvent par des soucis esthétiques, dus surtout à l'âge. Ce n'est pas le cas de Mme Abla Kamel qui trône au palmarès du cinéma égyptien, où elle incarne souvent la femme égyptienne de la classe populaire, bien enveloppée, et tout en sourires. Si elle a toujours autant de succès, même à l'orée de la soixantaine, l'actrice, lancée par Youssef Chahine, a pris les initiatives nécessaires pour durer, et pour conserver sa notoriété intacte. Première mesure très populaire en Egypte, où il est préférable de déclamer l'amour, plutôt que de le jouer, même en simulation, Abla Kamel décide qu'elle ne jouera pas de scènes de baisers. Dans la foulée, elle a mis à profit son second mariage avec l'acteur Mahmoud Al-Djoundi, et un pèlerinage à La Mecque en sa compagnie, pour décréter qu'elle n'enlèvera jamais son voile. Elle a tenu parole, et en plus de conserver son voile, elle s'en est tenue également à ses engagements de refuser toute scène de baiser, ou d'étreinte quelque peu suggestive avec un partenaire (1). D'où la perplexité des médias égyptiens, et du syndicat des artistes, devant cette rumeur de retraite anticipée, alors que l'actrice tenait toujours le haut de l'affiche, à la télévision, comme au cinéma.
Pour l'instant, Abla Kamel n'a ni infirmé ni confirmé la rumeur annonçant sa retraite, mais l'une des interprètes fétiches de Youssef Chahine, avec Mohsen Mohieddine (2) est d'une génération à part. C'est avec cette génération que les baisers de cinéma ont peu à peu disparu des écrans d'Egypte pour être remplacés par la bise sur la joue, le baise-main, ou la poignée de main fatale aux ablutions. A la fin des années soixante, déjà, un film comme "Abi fawq-al-chadjara" (Mon père sur un arbre), avec Abdelhalim Hafez, et Nadia Lotfi, avait soulevé un engouement extraordinaire à Alger. Cette passion nouvelle pour le cinéma égyptien tenait à la fois à la présence du "Rossignol brun", qu'aux scènes de baisers qui devaient souvent compter avec une censure naissante. J'ai appris, par la suite, que les Algériens n'avaient pas été les seuls à succomber aux charmes de Nadia Lotfi, et que même le Président Nasser s'était laissé tenter par les promesses du film (3). Il est significatif d'ailleurs que le film "Abi fawq-al-chadjara" soit le plus récent (1969) dans la liste des films aux scènes de baisers les plus chaudes, selon le classement établi par un site égyptien. Ce classement des films "hot", au sens où l'entendent les censeurs égyptiens, s'étend de l'année 1939, à l'année 1969, celle d'Abi fawq-al-chadjara, qui serait alors la dernière où on s'embrasse.
On retrouve dans ce classement le vrai baiser échangé entre Omar Sharif, et Faten Hamama, et qui n'était pas prévu dans le scénario de leur premier film "Affrontement dans la vallée" (1954). Outre Faten Hamama, on retrouve également dans ce classement, les stars de leur époque, comme la Hind Rostom, ou Souad Hosni, associées à des séducteurs comme Choukri Sarhane, ou Rochdi Abaza. À l'instar de Abla Kamel, de nombreuses stars égyptiennes se sont refusées aussi aux baisers de cinéma pour des raisons familiales, ou plus souvent religieuses depuis les années de piété. La réponse la plus inattendue est venue de la danseuse et actrice, Dyna, qui joue souvent le rôle d'aguicheuse au cinéma, et à la télévision, en plus de quelques scènes, disons osées dans le contexte égyptien. Elle a affirmé qu'elle avait renoncé aux scènes de baisers parce qu'elle avait eu les lèvres écorchées, à la suite d'un baiser trop passionné du grand acteur disparu, Ahmed Zaki, qui a joué aussi avec Abla (!!). Qui trop embrasse, mal étreint. Aujourd'hui, il suffit de montrer les deux acteurs, glisser de la position debout à la position couchée, de préférence derrière un rideau transparent, et de passer aux plans suivants. Avec ou sans Abla Kamel, le cinéma égyptien peut s'adapter à la disparition des scènes d'amour, la preuve !
A. H.
(1) J'avoue que les déclarations sur la vertu, et la pudeur de l'actrice de 60 ans m'ont laissé quelque peu sceptique, et m'ont incité à chercher un peu plus dans sa filmographie. Tout ce que j'ai trouvé, c'est une étreinte d'Ahmed Zaki, dont elle cherchait plus à se rapprocher qu'à se libérer.
(2) Mohsen Mohieddine, l'acteur préféré de Youssef Chahine s'est éclipsé durant de longues années, pour des raisons essentiellement religieuses semble-t-il, au point qu'on a craint qu'il ne se rallie au terrorisme. Il a fait sa réapparition en 2018, en jouant un second rôle dans l'un des feuilletons du Ramadhan intitulé "Qamar hadi'" (Lune tranquille), et il est passé aussi sur les plateaux de télévision.
(3) En fait, il n'est pas prouvé qu'il ait vu le film, mais il aurait dit à son secrétaire particulier, Sammy Charaf: «Tu devrais aller voir Abi-fawq-al-chadjara, il paraît qu'il contient 38 scènes de baisers».


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