Le ministère de l'Irrigation et des Ressources en eau soudanais a déclaré qu'«il est possible de parvenir à un accord» à la faveur des négociations tripartites en cours entre Khartoum, Le Caire et Addis-Abeba lié au barrage de la Renaissance construit par l'Ethiopie sur le Nil bleu, au sujet duquel l'Egypte évoque des «risques environnementaux». «Les divergences restantes sont limitées et il est possible de parvenir à un accord à leur sujet, et la conclusion d'un accord nécessite plus d'efforts et de volonté politique», a indiqué le ministère dans un communiqué sur les négociations tripartites, repris dimanche par l'agence de presse soudanaise (Suna). Il a été convenu, selon Le Caire et Khartoum, de poursuivre les discussions, dimanche, en organisant des réunions bilatérales des observateurs avec les trois pays séparément dans le cadre de travaux pour bénéficier de l'expertise des observateurs et de recevoir leurs propositions si nécessaire concernant les points de discorde. Les négociations trilatérales entre le Soudan, l'Egypte et l'Ethiopie se sont poursuivies, samedi, concernant le remplissage et l'exploitation du barrage de la Renaissance, sous les auspices de l'Afrique du Sud, l'actuel président de l'Union africaine, et en présence de représentants du Conseil de l'Union africaine et des observateurs d'Afrique du Sud, des Etats-Unis et de l'Union européenne, en plus de l'équipe d'experts de l'Union africaine, précise-t-on dans le même document. Selon le communiqué, la séance de négociations a examiné les points de vue des trois pays sur les questions controversées, tant dans ses aspects juridiques que techniques, et les observations de chaque partie sur ce qui a été présenté par les deux autres parties. La déclaration a indiqué, en outre, que «la délégation soudanaise a réaffirmé dans son traitement des questions juridiques sa demande à l'engagement de tout accord, et cela ne sera pas lié aux accords de partage de l'eau», soulignant la nécessité de «convenir d'un mécanisme complet pour résoudre les différends sur l'accord». Par ailleurs, le porte-parole du ministère égyptien de l'Eau et de l'Irrigation, Mohamed El Sebai, a déclaré samedi que les principaux points du différend avec l'Ethiopie, au sujet du barrage qu'il construisait sur le Nil, «ne sont pas seulement techniques et juridiques, mais il existe un autre point lié à la sécurité du barrage». Le ministre égyptien a parlé, en outre, de l'existence d'«observations et d'objections égyptiennes aux études qui traitaient des effets environnementaux de la construction du barrage de la Renaissance, en plus de la question de la sécurité du barrage, qui n'a pas été achevée et n'a présenté aucun résultat à ce sujet aux pays en aval (Soudan et Egypte)». Le responsable égyptien a poursuivi : «En conséquence, nous avons de nombreuses préoccupations à cet égard. En cas de dommages survenant au niveau du barrage de la Renaissance, il pourrait y avoir des effets sur les pays en aval (l'Egypte et le Soudan), le Caire est donc désireux de compléter ce dossier.» Il a expliqué que «le différend n'est désormais plus lié juste à la question de la ration de l'eau de l'Egypte, mais plutôt lié à la forme que prendront la coopération et la gestion conjointe du fleuve comme stipulé par le droit international, ainsi que les graves dommages qui pourraient être causés aux deux pays». Le Caire et Khartoum ont assuré, le 26 juin dernier, que la mise en eau du barrage serait reportée jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé. Mais l'Ethiopie a réaffirmé, le lendemain, sa volonté de commencer à remplir le réservoir de son gigantesque barrage sur le Nil «dans les deux prochaines semaines», tout en s'engageant à essayer de conclure un accord définitif avec l'Egypte et le Soudan pendant cette période, sous l'égide de l'Union africaine. Le grand barrage de la Renaissance (Gerd), appelé à devenir le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique avec une capacité de production de plus de 6 000 mégawatts, a provoqué de vives tensions avec l'Egypte et le Soudan. Ces deux pays craignent que le barrage de 145 mètres de haut ne restreigne leur accès à l'eau lorsque le réservoir commencera à être rempli, en juillet, selon la date initialement indiquée par l'Ethiopie. Le 20 juin, alors que des négociations qui avaient repris se trouvaient au point mort, Le Caire avait appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à intervenir. L'Egypte considère ce projet comme une menace «existentielle» et le Soudan a mis en garde contre des «grands risques» pesant sur la vie de millions de personnes. Lundi, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont soutenu la démarche de l'Union africaine pour régler la crise opposant l'Ethiopie à l'Egypte et au Soudan. L'Ethiopie voit la construction du Gerd comme essentiel à son développement et à son électrification. La construction du mégabarrage a débuté en 2011.