Depuis quelques semaines, les perspectives à court terme sont marquées du sceau de l'optimisme pour le marché mondial de l'or noir, mais faudrait-il encore que la pandémie du coronavirus soit maîtrisée mieux qu'elle ne l'est en ce moment, notamment dans des pays qui comptent vu leur influence sur l'offre et la demande, comme les Etats-Unis, l'Inde ou encore le Brésil, lesquels endurent des moments dramatiques sur le plan sanitaire. Les importations chinoises de pétrole, revenues à un haut niveau depuis le mois dernier, continuent de soutenir la reprise du marché mondial sur des bases intéressantes pour les pays producteurs, notamment les signataires de l'accord Opep+. Toutefois, la pandémie du coronavirus est venue rappeler, jeudi, que la bataille n'est pas encore gagnée pour la stabilisation du marché et la remontée des prix aux niveaux promis par les perspectives de maints spécialistes et cabinets d'analyses. Si l'on doit se fier aux observations des experts les plus avertis du marché de l'or noir sur l'évolution de la séance de jeudi, aussi bien sur le marché londonien que celui de New York, la situation sanitaire est en train d'impacter directement les cours. Ainsi, sur le marché londonien, le baril de Brent de la mer du Nord, a clôturé la journée de jeudi à 42,35 dollars, soit 2,37% de moins que sa valeur de mercredi. Sur Mercantile exchange de New York, le baril de référence américain a perdu 3,1% de son prix de mercredi, en se vendant à 39,62 dollars. Une évolution des prix qui trouve son explication dans le fait que : «Comme les Etats-Unis et le Brésil continuent d'être laminés par le Covid-19, la demande est vraiment en jeu», a expliqué Louise Dickson, analyste du cabinet Rystad Energy. En effet, les nouvelles des USA et du Brésil ont de quoi susciter toutes les inquiétudes, notamment chez les Américains, premiers consommateurs de pétrole au monde, qui voient de nouveau le redémarrage de leur activité industrielle menacée au plus haut point. De quoi influer, donc, directement sur la renaissante demande, dont la chute après la première vague de contaminations au coronavirus a induit une hallucinante série de faillites dans le secteur du pétrole et du gaz, selon un rapport du cabinet Haynes and Boone, qui fait état de plus de 18 compagnies ayant fermé au second trimestre seulement, alors que 41 producteurs de pétrole et sociétés de services pétroliers ont déposé des demandes légales de protection contre la faillite en Amérique du Nord. Le même cabinet spécialisé qui assure que les prix du pétrole du moment (autour de 40 dollars) ne sont pas suffisants pour écarter le spectre de la faillite, notamment chez les producteurs de pétrole de schiste. Les craintes du moment, alimentées par les difficultés éprouvées pour contenir la pandémie et qui se sont traduites par la baisse des prix du pétrole de jeudi, sont renforcées également par des données liées directement à l'application de l'accord Opep+. La crainte que le retour du pétrole libyen vienne alimenter l'offre mondiale, à partir du terminal d'Essider, est en effet prise très au sérieux par les intervenants sur le marché, après l'annonce de la levée de la suspension d'activité du terminal en question, en vigueur depuis six mois pour cause de «force majeure». Ce sont de potentiels milliers de barils qui viendront ainsi menacer l'équilibre recherché par les signataires de l'accord Opep+. Azedine Maktour