Le marché mondial du pétrole n'est pas près de renouer avec la stabilité. La question des coupes dans la production devant concourir à faire remonter les prix réglée dans une large mesure comme souhaité par les pays producteurs, il reste encore une grande incertitude sur l'avenir immédiat du marché, les fondamentaux réagissant au quart de tour, notamment, aux nouvelles de la situation sanitaire, et partant sur un nouveau ralentissement de l'activité économique mondiale. Ainsi, la séance de reprise des marchés, lundi, a été sous «influence» immédiate des nouvelles de reprise ici et là de la pandémie de Covid-19, un rebond des contaminations bien que très relatif puisque, après quelques doutes en cours de séance, les cotations de l'or noir sont reparties à la hausse dans la dernière partie de séance, permettant ainsi au baril de Brent de la mer du Nord de repartir à la hausse et afficher 39,72 dollars, soit 99 cents de mieux que le prix à la clôture de vendredi. Le baril de pétrole américain, quant à lui, s'est apprécié de 86 cents, marquant 37,12 dollars. Une évolution des prix qui, toutefois, n'écartait pas les craintes émises par les investisseurs quant à une seconde vague notamment dans un pays aussi déterminant pour le marché du pétrole que la Chine, alors que dans d'autres pays «clé» comme les Etats-Unis et le Japon, l'inquiétude est toujours de mise. Hier mardi, en revanche, la hausse des prix des deux barils de référence a été plus franche, du moins jusqu'à la mi-séance. En effet, la Fed (la Banque centrale des Etats-Unis) a annoncé qu'elle allait, dès mardi, c'est-à-dire hier, acheter des obligations d'entreprises pour pas loin de 750 milliards de dollars, de quoi permettre donc aux firmes américaines de respirer financièrement et donner ainsi un coup de boost à la vie économique après tout ce qu'elles ont enduré ces deux derniers mois. Et puis, il y a cette conviction selon laquelle l'accord Opep+ renouvelé il y a une douzaine de jours est parti pour être plus sérieusement respecté par l'ensemble de ses signataires pour maintenir les coupes de production à un niveau toujours aussi historiquement élevé pour raffermir les prix. Des indices, du type de ceux qui influent directement sur le marché, donnent encore plus d'espoir aux spécialistes qui voient d'un œil très optimiste les prochains mois. Il en est ainsi de cette information, rapportée dans la dernière édition du Drilling Productivity Report, qui annonce que la production de pétrole des sept bassins schisteux américains les plus prolifiques tombera à 7,632 millions de barils par jour en juillet, selon la Energy Information Administration. Et à ce titre, le bassin d'Anadarko connaîtra la plus forte baisse de production, avec 5,9% de moins. Il faut savoir, comme le rappelaient d'ailleurs les spécialistes d'Oil Price, hier, que la production de pétrole a connu une baisse constante au cours des deux derniers mois, elle est tombée de 13,1 millions de barils par jour, record atteint à la mi-mars dernière, à un total de 11,1 millions de barils par jour à l'issue de la semaine s'étant terminée le 5 juin. Des données qui renforcent l'idée selon laquelle les prix du pétrole prendront de la hauteur dans les prochaines semaines, renforçant ainsi la conviction du ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, qui disait, au début de ce mois, s'attendre à une pénurie sur le marché pétrolier en juillet. Une déclaration que rejoignaient les analystes de Rystad Energy, le cabinet spécialisé dans l'analyse et la fourniture de données sur tout ce qui se rapporte à l'énergie. Ces derniers soutiennent que le marché devrait enregistrer un déficit à partir du mois d'août même après que l'Opep+ aura assoupli les coupes qui ont été prolongées jusqu'à la fin juillet. «Même si la demande dépassera l'offre pendant un certain temps, cela ne signifiera pas que nous aurons vraiment un problème d'approvisionnement en pétrole. Le pétrole est là, beaucoup, en attente d'être extrait des installations de stockage», a expliqué Bjorn Tonhaugen, un des analystes de Rystad Energy. Scénario valide en supposant que la demande mondiale de pétrole se poursuive au cours des prochaines semaines et qu'elle ne soit pas impactée par ces mauvaises nouvelles d'un rebond de l'épidémie de Covid-19. Azedine Maktour