Après avoir suscité moult interrogations sur sa mise en œuvre effective, eu égard aux difficultés que traverse le pays, notamment sur le plan financier, depuis quelques années maintenant, le plan de relance socio-économique sur lequel planche le gouvernement depuis pratiquement son intronisation prend forme avec les mesures concrètes énoncées lors de la réunion du Conseil des ministres de dimanche. A l'issue de la réunion périodique du Conseil des ministres, il a été donc décidé, entre autres mesures, de mettre 1 000 milliards de dinars et 10 milliards de dollars dans la cagnotte destinée à l'investissement. Ceci est la grande information du rendez-vous désormais habituel présidé par Abdelmadjid Tebboune qui, au préalable, tel que l'énonce le communiqué officiel, et après le passage en revue des incidences de la pandémie de coronavirus sur l'économie nationale, qui a d'ailleurs requis la mise sur pied d'une commission que présidera le Premier ministre et regroupant les partenaires sociaux, a pris connaissance de ce qui a été accompli jusque-là pour la micro-entreprise et les start-up. Sur ce, le projet de relance économique a été de nouveau au centre de la réunion par visioconférence et, comme le laissait deviner la réunion restreinte de la semaine dernière avec les ministres directement concernés, des décisions majeures ont été entérinées. La relance économique, axée sur l'urgence absolue de rompre avec la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, requerrait des décisions fortes. Il en a été ainsi, justement, pour le secteur des hydrocarbures ‘'empêtré dans les schémas de production classiques et perdant de vue les énormes potentialités que recèle le pays». C'est dans cette optique qu'il a été décidé de mettre le cap sur la relance des activités de prospection des réserves non exploitées, qu'elles soient en on-shore ou off-shore, et la récupération des réserves existantes. A brève échéance, le taux de récupération devra être amené au-delà de 40%, a ordonné Tebboune, qui a rappelé que, au premier trimestre 2021, devrait être arrêtée toute importation de carburant et de produits de raffinage. C'est en tous les cas une série de mesures impliquant le secteur de l'énergie qui ont été prises à l'instar, par exemple, de celle se rapportant au raccordement des exploitations agricoles pour renforcer la production et la création d'emplois, ou encore l'engagement d'un audit destiné à la détermination du patrimoine de Sonatrach, la réduction du nombre de ses représentations à l'étranger, la diminution des postes de responsabilité qui ne sont pas liés au rendement ou à la rentabilité de l'entreprise, et le passage d'une gestion qui date d'une époque révolue vers une comptabilité analytique saine. Par ailleurs, et pour ce qui relève du ministère de l'Industrie, la date butoir du 22 juillet a été fixée pour que soient enfin dévoilés les cahiers des charges ayant trait au secteur de la construction automobile, la production d'électroménagers, la production de pièces détachées, l'importation de véhicules neufs, et l'importation d'usines usagées. Pour le cas du cahier des charges pour l'importation des véhicules neufs, celui-ci doit intervenir «obligatoirement avec la mise en place d'un réseau de service après-vente au niveau de tout le territoire national et qui soit géré par des professionnels du secteur», a exigé le président de la République qui a également ordonné de «libérer les entreprises du secteur de l'électroménager qui présentent un taux d'intégration de 70%, donner la priorité aux secteurs de la transformation, et donner la même priorité aux start-up et passer jusqu'au système déclaratif pour leur création». Et puis, en guise de mesure à introduire impérativement, il est exigé la mise en place dans les plus brefs délais d'un «vrai guichet unique» qui aura toute l'autorité pour engager et guider l'investissement aux lieu et place des anciennes structures. Sur la lancée de ce qui été décidé la semaine dernière, la présidence de la République a réitéré les instructions concernant «l'exploitation optimale et transparente» de toutes les potentialités minières dont dispose le pays et des richesses naturelles nationales, en insistant particulièrement sur la mise en exploitation, dans les plus brefs délais, de la mine de fer de Gara-Djebilet, dans la wilaya de Tindouf, du gisement de zinc et de plomb de Oued Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, et la relance du projet de fabrication de produits phosphatés à El-Aouinet, près de Tébessa. La mise «immédiatement» sous la tutelle du ministère de l'Industrie pharmaceutique de toutes les unités de production pharmaceutique et parapharmaceutique, et l'accélération de l'entrée en phase de production des 40 nouvelles unités, ont été également ordonnées pour contribuer à l'effort devant aboutir à l'économie, d'ici l'année prochaine, d'un milliard de dollars d'importation de produits pharmaceutiques. L'objectif annoncé est d'atteindre la satisfaction des besoins nationaux à hauteur de 70% au moins. C'est ainsi un autre secteur qui illustre la réorientation de l'ensemble pratiquement de l'économie nationale qui, évidemment, ne pourrait se matérialiser sans la réforme du système financier et bancaire du pays. C'est dans cet ordre d'idée que Tebboune a donné toute une série d'instructions pour «accélérer l'ensemble du processus de réforme du secteur notamment en ce qui concerne la réforme du système bancaire, qui devient plus urgente que jamais, d'accorder une attention toute particulière à la numérisation et à la modernisation des secteurs des impôts, du cadastre et des Douanes, de poursuivre le processus de mise en place de la finance islamique pour dynamiser la collecte de l'épargne et créer de nouvelles sources de crédits, de réduire le niveau des importations, notamment les services et le transport maritime de marchandises pour préserver les réserves de changes, de récupérer l'argent disponible dans le marché informel et réintégrer ce dernier dans le circuit officiel, de récupérer également dans les réserves d'or du pays, les fonds gelés depuis des décennies au niveau des Douanes et des saisies au niveau des ports et des aéroports, pour les intégrer aux réserves nationales». Des mesures qui, selon la conviction du gouvernement, devraient permettre l'économie de 20 milliards de dollars. Des objectifs tous azimuts qui requièrent évidemment des moyens financiers colossaux. Si l'on doit se fier au ministre des Finances, l'Algérie «peut injecter immédiatement pour l'investissement et la relance économique l'équivalent de mille milliards de dinars, en plus des dix milliards de dollars disponibles qui viendront s'ajouter aux économies susceptibles d'être faites sur les dépenses inhérentes aux services et autres études». Des moyens financiers que le pays peut réunir donc grâce aux mesures mises en branle depuis plusieurs mois, en appui à celles visant «l'élimination de la surfacturation et la récupération de l'argent disponible dans le marché informel». Azedine Maktour