- C'est quoi ces lèvres gonflées ? Chirurgie esthétique ? Injection de botox ? - Non ! Chemma ! - ??? Eh ! Oh ! Calmez-vous ! Soudain-tout-à-coup, vous montez sur vos grands chevaux ! T'slaâkel ! Doucement camarades. Avant de critiquer et de pousser des coups de gueule écœurés, avez-vous au moins essayé de décoder ce qu'ont voulu dire ces policiers qui ont offert des Corans aux médecins et aux soignants ? Non, bien sûr ! Vous, c'est tout de suite « je juge et je condamne ! » Ben, non ! Il faut prendre le temps du décryptage. Peut-être que les hommes en bleu ont voulu dire aux femmes et aux hommes en blanc « protégez-vous ! ». Et du coup, dans les couloirs de nos hôpitaux, tu vas avoir des toubibs qui, comme des damnés, ne se déplaceront plus sans agiter devant eux le Saint-Livre, tenu au bout de leurs bras tendus à un mètre de distance pour éloigner le virus. C'est vrai que les soignants avaient tout essayé auparavant. Les gants. Les bavettes. Les casques à visière isolante. Les charlottes doublées. Le vaporisateur de gel alcoolique crachant sur tout ce qui bouge dans leur périmètre. La chloroquine en barquettes de 24. Des respirateurs double-carburateur, arbre à came en tête. Et même les gousses d'ail ! Ils sont allés jusqu'à agiter les gousses d'ail ! Et ça n'a pas franchement marché. Peut-être qu'avec le Coran, ça pourrait le faire. Quand on en arrive à ce point de désespoir débilitant, quand les hommes en bleu n'ont rien d'autre à faire de plus structurant que « distributeurs de Corans dans les hostos », alors, faut plus hésiter. Et prendre la tangente. La grosse tangente vers les enfers et la damnation de la raison. Dans cette descente vertigineuse, je veux apporter ma pierre. Ma pierre à lancer contre le méchant « Chaytan » Covid-19. Je suggère à mon tour aux soignants de porter le livre sacré plaqué contre leur bouche et leur nez, attaché au visage par une double couche de bavette, le tout retenu en échafaudage divin par le casque-visière. Imaginez bark la scène. Et fumez du thé pour rester éveillés à ce cauchemar qui continue. H. L.