L'augmentation des cas de contamination par le Covid-19 en Algérie a non seulement aggravé l'état de fatigue du personnel soignant mais aussi amenuisé les réserves des équipements de protection contre ce virus. Les masques, les surblouses, les camisoles et les visières se font de plus en plus rares dans les structures de santé, notamment les centres Covid-19. Une situation qui suscite l'inquiétude du personnel. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Après deux mois de répit, les hôpitaux sont, une nouvelle fois, sous tension et font face à un manque flagrant de matériel pour protéger le personnel soignant du nouveau coronavirus. Les masques, les surblouses, les camisoles, les calots et les visières font de plus en plus défaut. Une situation qui inquiète le personnel soignant, qui affronte ces derniers jours la recrudescence de l'épidémie. L'augmentation exponentielle du nombre de cas Covid-19 impose justement de protéger au maximum les professionnels de santé, déjà suffisamment exténués, contre une possible contamination à ce virus. Dénonçant une insuffisance de masques et autres équipements de protection, le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) fait part de sa grande inquiétude. «Il y a une pression terrible sur ces produits depuis pratiquement un mois. Avec la cadence actuelle du flux de malades, la situation est en train de se dégrader et va rapidement déborder», alerte-t-il. Le Dr Lyes Merabet affirme que les masques chirurgicaux à trois plis sont, certes, disponibles mais à des quantités insuffisantes. «Ces bavettes doivent être changées toutes les trois à quatre heures. Le secteur de la santé compte au minimum 200 mille personnes concernées par le port de masque. Faites le calcul de trois à quatre bavettes par personne par jour !», explique-t-il. Il précise, toutefois, que les masques chirurgicaux ne sont pas ce qui est requis en matière de protection pour le personnel soignant des services Covid-19. «Ce sont les masques FFP2 qui sont recommandés à ce personnel ainsi que tous ceux des services des urgences, des consultations, des laboratoires d'analyses qui manipulent les prélèvements et des exploitations radiologiques», dit-il. Pourtant, ce type de masque se fait vraiment rare dans les structures hospitalières. Selon le président du SNPSP, les nombreuses commandes adressées à la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux), depuis plus d'un mois, n'ont, malheureusement, pas été satisfaites. «Les structures de santé sont dotées uniquement et en quantité insuffisante de bavettes chirurgicales. Les masques FFP2 sont remis en très petites quantités, soit entre 100 et 150 masques par établissement tous les 15 jours ou chaque mois», note-t-il. Outre le manque de masques, il souligne également la baisse considérable du nombre de quotas de surblouses, camisoles, visières et calots mis à la disposition des établissements hospitaliers. Le Dr Merabet déplore, par ailleurs, l'absence de dépistage chez le personnel de la santé. «Le dépistage est un moyen de protection qui rassure mais jusqu'à présent, le personnel de la santé n'a pas été dépisté. Ces personnes sont en train de travailler et prennent des risques. Elles ont besoin d'être rassurées», dit-il. Le ministre de la Santé a annoncé, lors du dernier Conseil des ministres, tenu dimanche dernier, que vingt millions de masques chirurgicaux seront importés afin de maintenir le stock national, de 200 000 masques pour les personnels de santé travaillant dans des services Covid-19. Il a également fait état de l'acquisition en cours de 252 000 tests PCR et deux appareils de dépistage par PCR d'une capacité de 2 000 tests par jour chacun. Les autres équipements de protection, notamment les masques respiratoires FFP2, destinés essentiellement au personnel soignant, ne sont point mentionnés. Ry. N.