Dans une saison dont elle n'a pas toujours parfaitement maîtrisé le cours, la Juventus a pu compter sur quelques valeurs sûres pour accompagner les débuts hésitants de Maurizio Sarri : De Ligt s'est imposé, Bentancur a progressé, Dybala a émerveillé et Ronaldo a marqué, marqué et encore marqué. Après les cinq années de Massimiliano Allegri, un nouveau cycle s'ouvrait avec Sarri, qui à la victoire devait ajouter une part d'esthétique. Contrat à moitié rempli : Sarri a assuré l'habituel et l'indispensable, le titre. Mais il n'y a pas eu grand-chose à signaler sur le plan du jeu, rarement brillant, parfois franchement décevant. «Il n'y a aucun doute sur le fait que c'est la Juve qui a changé Sarri et pas l'inverse. Lui aurait voulu des joueurs adaptés à son football et il ne les a pas trouvés», a expliqué la semaine dernière Fabio Capello dans le Corriere dello Sport. «Il a dû réfléchir à un fonctionnement permettant de mettre en valeur les caractéristiques des joueurs. C'est le travail des entraîneurs», a ajouté l'ancien technicien italien. Mais au fond, la première saison de Sarri ne pourra être jugée qu'à l'issue de la Ligue des champions. Que la Juve perde contre Lyon et rien ne lui sera pardonné. Qu'elle aille au bout et tout sera oublié. De Ligt dans le grand bain La première saison turinoise devait être celle de l'acclimatation pour le jeune Néerlandais. Mais la grave blessure de Chiellini a accéléré le mouvement et a fait de lui un titulaire immédiatement. Les débuts ont été difficiles avec, notamment, une série étonnante de mains dans sa propre surface. Mais ensuite, tout le monde a compris : physique de colosse, rapidité, assurance, l'ancien joueur de l'Ajax a par moments tenu la baraque et a été le meilleur défenseur turinois de l'après-confinement. A 20 ans et en une seule saison de Serie A, il a confirmé qu'il était l'avenir à ce poste et qu'il valait bien les 70 millions d'euros sortis l'été dernier. Bentancur à maturité Plus qu'Arthur, qui arrivera cet été de Barcelone, le véritable héritier de Pjanic, architecte du jeu turinois depuis quatre saisons, devrait être Bentancur. Encore jeune (23 ans), l'Uruguayen commence à avoir une belle expérience avec déjà plus de 100 matchs sous le maillot de la Juve. Façonné par Allegri, il est arrivé à maturité cette saison et a été incontournable pour Sarri, qui l'a utilisé devant la défense ou en relayeur droit. Ultra-complet, technique et bagarreur, il a aussi été plus tranchant cette saison, avec sept passes décisives. Mais il marque encore trop peu, comme tous les milieux de terrain turinois. Dybala, l'éclat Il était sur la liste des transferts en début de saison et cela semble fou, un an plus tard. Après une dernière saison difficile avec Allegri, l'Argentin a rappelé qu'il était l'un des plus brillants joueurs offensifs du football mondial. Dybala a le double talent de débloquer des situations et de marquer des buts presque toujours magnifiques de son pied gauche unique. Avec 17 buts et dix passes décisives toutes compétitions confondues, il a pesé lourd dans les succès turinois cette saison. L'ancien attaquant de Palerme a aussi été, comme sa compagne, touché par le coronavirus au mois de mars. On ne peut pas dire que ça l'ait beaucoup gêné. Il est sorti blessé dimanche et son absence contre Lyon sera très handicapante pour son club. Ronaldo, encore là Il a 35 ans, il n'est plus le même joueur, il a quelques sautes d'humeur et des jours sans, plus qu'avant. Mais les chiffres sont là : le Portugais a inscrit 31 buts en Championnat et 35 en 43 rencontres disputées toutes compétitions confondues. A la lutte avec Ciro Immobile pour le titre de «capocannoniere», le quintuple Ballon d'Or reste la plus grande star du football italien et son entraîneur a plus ou moins admis qu'il jouait là où il le décidait. Mais pour lui comme pour la Juventus, le scudetto ne suffit pas. Le rendez-vous qui compte est celui de la Ligue des champions. Si la Juve élimine l'OL, elle ira à Lisbonne pour le «Final 8». C'est là que Ronaldo veut briller.