Encore quelques jours de congé avant que personnel administratif et enseignants ne rejoignent les établissements scolaires. Une reprise qui intervient alors que la situation épidémiologique suscite toujours autant d'appréhensions. Si la majorité des syndicats estiment inévitable ce retour à la normale, ils émettent des doutes sur la capacité du secteur à faire respecter un protocole sanitaire en raison du manque de moyens financiers dont souffre la grande majorité des écoles. Leurs budgets en temps ordinaire suffisent tout juste à assurer un fonctionnement normal. Nawal Imès- Alger (Le Soir) - L'agenda arrêté par le ministère de l'Education prévoit une progressive réouverture des établissements solaires à compter du 19 août prochain. Le personnel administratif sera le premier concerné avant que les enseignants ne les rejoignent le 23 août puis, enfin, les élèves concernés par les examens du BEM et du baccalauréat. Une reprise qui intervient alors que la situation sanitaire fait encore craindre le pire et suscite l'appréhension des premiers concernés. Les syndicats du secteur sont unanimes à dire que la coupure ne devrait pas durer plus que ça, mais émettent des réserves sur les conditions dans lesquelles le retour du staff pédagogique puis des élèves va intervenir. Comment faire respecter les gestes barrières ? Combien d'établissements sont-ils en mesure d'assurer la disponibilité de l'eau et du savon ? Qui veillera au respect du port du masque ? Autant de questions qui feront dire à Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), que «la balle est dans le camp des autorités », assurant qu'à ce stade, «on doit vivre avec le virus. On ne peut pas rester confiné éternellement». La solution ? «Il faut cependant mettre en place un protocole sanitaire et le respecter. J'ai proposé une commission locale au niveau de chaque établissement chargée de veiller au respect des gestes barrières (port du masque, gel). Il doit y avoir suffisamment d'eau et il faudra faire cet effort si on veut une reprise dans des conditions correctes. Il faudra mettre les moyens. On ne peut pas se permettre une coupure pédagogique plus grande». La question des moyens à mobiliser est également évoquée par Boualem Amoura, président du Syndicat national des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), qui estime que « le problème ne réside pas dans la situation épidémiologique mais dans celui des établissements scolaires : ont-ils les moyens de faire respecter les mesures barrières ? Quand on sait que les établissements scolaires du moyen et du secondaire ont vu leur budget réduit depuis janvier 2017 de 65%. Où les gestionnaires vont-ils trouver de l'argent pour acheter savon, gel hydroalcoolique et autres ? Tout comme les écoles primaires qui dépendent de communes qui sont majoritairement déficitaires. Dans beaucoup d'écoles, il n'y a pas d'eau courante ni bâche à eau ou citerne. Le problème est profond : c'est celui du budget de l'éducation qui va majoritairement aux salaires». Même son de cloche au niveau de l'Union nationale des personnels de l'enseignement et de la formation (Unpef), pour qui « il n'y a pas de choix, il faut reprendre, mais la solution réside dans le respect des mesures sanitaires. Le gouvernement doit y veiller. Ils doivent trouver des solutions pour faire respecter les mesures à travers la mise à disposition des moyens. Cela nécessite un budget particulier car les budgets actuels ne peuvent pas suffire». N. I.