Les explosions ayant secoué le Tout-Beyrouth à partir de son port, la semaine dernière, ont eu de quoi donner à réfléchir partout dans le monde, l'Algérie ne faisant pas exception. L'instruction émise par le patron des ports du pays n'est, en tous les cas, certainement pas une passagère coïncidence. Le suivi et l'évaluation des marchandises importées, en souffrance au niveau des aires d'entreposage, se feront tous les quinze jours au lieu d'une fois par mois par la commission chargée de l'inspection et de l'évaluation des marchandises avariées ou en séjour prolongé dans les entrepôts et les aires de stockage au niveau des ports du pays, a confié Achour Djelloul, P-dg du groupe des services portuaires Serport. Une décision qui, évidemment, devrait avoir son impact sur les capacités de stockage, hautement réduites en raison des espaces occupés par des tas de conteneurs qui, à la longue, nuisent à l'activité commerciale. Il faut savoir que, comme l'explique le P-dg de Serport, l'entreposage de marchandises obéit, en principe, à une procédure bien définie limitant son séjour au niveau des ports, mais les fausses déclarations et le manque de traçabilité du produit importé allongent cette durée. Achour Djelloul a également pointé ce qu'il appelle «les lenteurs administratives et judiciaires», lorsque les institutions concernées sont appelées à trancher sur la marchandise en attente pour fausse déclaration ou faute de conformité aux normes et aux règles de traçabilité. En effet, a expliqué le patron de Serport, les espaces occupés pendant des mois, voire même des années, entravent le bon fonctionnement des ports. «Nous nous retrouvons avec des marchandises parfois périmées qui occupent des espaces pour rien», a lâché le P-dg qui, ainsi, justifie la décision de multiplier les sorties de la commission chargée de l'inspection et de l'évaluation des marchandises avariées ou en séjour prolongé sur les ports d'Algérie. Il faut croire que la remise de l'ordre au sein des ports, par ricochet les mesures de sécurité, a poussé les patrons de Serport à donner de larges prérogatives à ladite commission. Elle peut désormais trancher sur le sort des marchandises qui n'ont pas fait l'objet de déclaration appropriée par l'importateur ou qui manquent de traçabilité, notamment en ce qui concerne leur pays d'origine ou leurs fabricants, ou encore leur conformité aux normes, a expliqué Achour Djelloul qui, sur le sujet des produits dangereux entreposés aux ports, a fait savoir que le règlement de l'exploitation des ports, vieux de pas loin d'un demi-siècle, interdit le séjour de ces marchandises au sein des aires d'entreposages portuaires, et sont soumises à un règlement particulier pour leur transit et la livraison se fait sous-palan, c'est-à-dire qu'à l'arrivée, les frais de désarrimage sont payés par le transporteur et c'est à l'importateur de payer le décrochage, le retrait des élingues et le transport jusqu'au magasin. Selon ce règlement particulier régissant le traitement des marchandises classées dangereuses, la déclaration et l'enlèvement du produit dangereux s'effectuent systématiquement dès son arrivée au port, avant son acheminement sous paillon directement vers son destinataire, sous escorte assurée par les services de sécurité. Rassurant, le P-dg de Serport. Azedine Maktour