Une foule nombreuse de commerçants de boissons alcoolisées, grossistes, détaillants et restaurateurs exerçant à travers le territoire de la wilaya ont tenu, dans la matinée d'hier mardi, un rassemblement de protestation devant le siège de la Wilaya. Ils réclament des autorités la réouverture de leurs commerces à l'instar de tous les autres. Interdits d'activité pour cause de crise sanitaire depuis cinq mois, les protestataires ne cachent pas leur colère face à leur « exclusion » par les autorités. « C'est une décision arbitraire et on ne baissera pas les bras devant cette injustice dans le cas où les pouvoirs publics envisagent d'interdire notre activité. Nous exerçons en toute légalité comme toutes les autres activités commerciales », fulmine l'un des commerçants devant ses pairs soupçonnant «une décision purement politique et idéologique». Certains n'ont pas manqué de souligner le flagrant paradoxe dans la dernière décision du gouvernement autorisant les hôtels à rouvrir et les usines à produire, d'un côté, et en même temps, interdisant aux commerçants la reprise dans le respect du protocole sanitaire. «Nous interdire de travailler contribuera un peu plus à l'encouragement du commerce informel des boissons alcoolisées dans la wilaya sachant que l'alcool se vend clandestinement au su et au vu de tout le monde partout, en plein période de confinement et à un prix exorbitant. «L'un des revendeurs informels m'a confié avoir fait un chiffre d'affaires de 65 millions de centimes en un mois», a-t-on appris du propriétaire d'un bar-restaurant de la vallée de la Soummam qui se plaint de la dure situation sociale des autres restaurateurs depuis la fermeture de leurs établissements, le mois de mars dernier. «En plus de notre situation sociale très précaire que nous vivons depuis plus de cinq mois, on nous demande de nous acquitter de nos impôts alors que nous sommes sans activité», tonne le même restaurateur. En marge du rassemblement, une délégation de deux représentants des commerçants a été reçue par le wali . «Le chef de l'exécutif a promis de transmettre nos doléances aux plus hautes autorités et de nous rendre la réponse dans les meilleurs délais.» Une réponse qui ne semble pas convaincre les protestataires qui envisagent de se structurer à travers la création d'un syndicat autonome «très prochainement» pour, indique-t-on , agir dans un cadre organisé et parvenir à «imposer rapidement» une reprise de leurs activités. Par ailleurs, il convient de signaler que deux nouvelles manifestations de rue ont été organisées ce mardi par les habitants du village de Derguina et du quartier Aïn-Skhoun de la ville de Béjaïa. Les villageois de Tadergount ont fermé le siège de l'APC de Derguina pour exiger la prise en charge de leur plate- forme de revendications déposée depuis plusieurs mois auprès des autorités locales. Ils réclament l'aménagement de la piste qui mène à leur cité, l'alimentation en eau potable, le gaz naturel et une structure de soins. Les habitants du quartier Aïn-Skhoun de la ville de Béjaïa ont observé de leur côté, dans la même matinée, un rassemblement de contestation devant le siège de la Wilaya pour dénoncer les promesses non tenues liées aux conditions de vie précitées. A. Kersani