De Tunis, Mohamed Kettou À quelques jours du passage du nouveau gouvernement devant le Parlement, les autorités en place, sanitaires en particulier, s'agitent dans toutes les directions pour faire face à la propagation du coronavirus qui avance à grands pas dans plusieurs régions. En annonçant, avant son départ du gouvernement, la victoire de la Tunisie face au virus, l'ex-ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, était loin de penser que son affirmation était erronée et qu'elle allait être démentie par l'ennemi invisible. Celui-ci, tirant profit de l'ouverture des frontières, le 27 juin, a atteint plus de 2 000 personnes et donne, actuellement, des sueurs froides aux autorités sanitaires qui reviennent, avec plus de vigueur, aux protocoles établis dès l'apparition du virus au mois de mars. Avec la différence qu'il n'y a plus lieu de retourner au confinement, encore moins de refermer les frontières. Aujourd'hui, la situation est si compliquée qu'on a recours aux sanctions. Au dernier numéro du Journal officiel, on lit que les citoyens sont tenus d'observer les gestes barrières et le port des bavettes dans les espaces clos, tels que les administrations ou les supermarchés. Les contrevenants s'exposent à des sanctions financières et même à des peines de prison. Ces mesures coercitives ont été prises en raison du relâchement total constaté au niveau du comportement des citoyens. Ces derniers croient que le pays a, vraiment, vaincu le virus et qu'il n'y a plus rien à craindre jusqu'au jour où l'information faisant état de la découverte de nouveaux foyers a ébranlé la population. Oubliées une certaine période ou reléguées au deuxième rang, les informations sur la pandémie occupent, depuis quelques jours, la «Une» des bulletins télévisés qui en décortiquent les tenants et les aboutissants. D'autant plus que le nombre des cas détectés est en nette augmentation, comme le montre la situation dans la capitale et sa banlieue, la région de Ben Arous où 58 cas positifs ont été détectés en deux jours. Dans cette région, la pandémie est très active, selon le ministère de la Santé. La pandémie bat, aussi, son plein dans le sud du pays, en particulier Gabès et sa banlieue où l'infrastructure sanitaire est «défaillante», se plaint la population. Il a fallu le recours à l'armée pour espérer apporter une certaine amélioration. D'autres régions connaissent, quotidiennement, l'apparition de nouveaux cas positifs selon le ministère de la Santé qui ne cesse d'appeler les citoyens au respect des gestes barrières. Il s'agit des régions de Kaïrouan, de Kasserine ou du Kef où a été décrété un couvre-feu. Cette situation est d'autant plus préoccupante que la rentrée scolaire est prévue pour le 15 septembre. Un protocole sanitaire a été mis au point sur le plan théorique. Mais, sera-t-il bien respecté par des élèves, encore plus inconscients que leurs parents ? À ce propos, le syndicat de l'enseignement émet des doutes quant au maintien de la date du 15 septembre. Le pays n'est pas bien armé pour s'engager dans cette voie risquée, estime le syndicat. Du pain sur la planche pour le nouveau gouvernement ! M. K.