L'Algérie se prépare pour la rentrée sociale. Une reprise qui intervient cette année en pleine crise sanitaire de Covid-19. Lassés par les multiples campagnes de sensibilisation au respect des mesures barrières et qui ne semblent pas porter leurs fruits, les professionnels de la santé s'en remettent, en fin de compte, à la fatalité. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Malgré la persistance de la circulation du Sars-CoV-2, virus responsable du nouveau coronavirus, nombre d'entreprises économiques, d'administrations et de commerces ont déjà renoué avec la vie active. Idem pour les transports qui ont également repris. Alors que les élèves des classes d'examen, brevet de l'enseignement moyen (BEM) et baccalauréat (bac) ont déjà repris le chemin des établissements scolaires, le 25 août dernier, ceux des autres niveaux sont attendus dans les écoles le 4 octobre prochain. Les étudiants, eux, reprendront les cours le 19 septembre. Au moment où la rentrée sociale approche à grands pas, les règles sanitaires censées encadrer cette reprise semblent carrément oubliées. Dans la rue, les commerces et les lieux publics, le relâchement des gestes barrières par une grande partie de la population est flagrant. Le port du masque et le respect de la distanciation physique sont bafoués. Comment reprendre sereinement le travail en entreprise ou le chemin de l'école, alors que les règles sanitaires élémentaires pour se protéger du nouveau coronavirus sont complètement ignorées ? Constaté en tous lieux, ce relâchement ne fait que renforcer l'inquiétude des professionnels de la santé. Ils appréhendent un regain de cas de Covid-19 et s'attendent au pire. Dans le cas d'une recrudescence de la pandémie, vers quel protocole se dirigera-t-on ? Ira-t-on vers le reconfinement, ou bien se contentera-t-on d'attendre un vaccin miraculeux ? Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, estime qu'il n'y a pas lieu de parler de protocole du moment qu'il n'est ni respecté ni appliqué. «Sur le terrain, tout est à l'inverse de toutes les recommandations proposées depuis des mois. La distanciation physique n'est pas respectée partout. Pareil pour le port de la bavette. Ni les citoyens ni les commerçants ne respectent ces consignes. Cela donne l'impression qu'ils ne sont pas concernés», fait-il remarquer. Il déplore ainsi le «laisser-aller» et l'«absence totale» des autorités chargées de veiller au respect de ces mesures et à l'application les lois de la République. «C'est désolant !», dit-il, avant de poursuivre : «Lorsque la situation se gâte, elle se répercute sur les structures de santé publiques et privées. Les nombreuses contaminations engendrent des complications et des décès parmi les professionnels de la santé.» Pour le Dr Merabet, la reprise sociale est synonyme de promiscuité et de contacts directs, donc de risque de contamination. «Ce sera difficile de cerner et de canaliser le flux de la population, élèves, étudiants, et travailleurs, et son mouvement», explique-t-il. Insistant sur le respect des gestes barrières par tout un chacun, il précise qu'aujourd'hui, l'avenir est difficile à prédire. Le Dr Merabet écarte le recours à un confinement tel qu'il a été appliqué au début de la pandémie. «Au départ, il était question d'éviter que l'épidémie ne s'installe chez nous. Aujourd'hui, avec la diffusion générale et active du virus, cette mesure n'a plus de sens», dit-il. Selon lui, le reconfinement n'est envisageable que de manière ciblée et suite à une étude épidémiologique qui repose sur des enquêtes dans un quartier, une localité, une région ou une wilaya. Le président du SNPSP a plaidé également pour le dépistage massif. Tout comme les citoyens, les professionnels de la santé, eux aussi, semblent en définitive s'en remettre à la fatalité. «Notre salut est dans la clémence de la nature et que Dieu nous préserve d'une flambée de la pandémie qui pourrait faire des dégâts», conclut-il. Ry. N.