La crise sanitaire est une occasion pour le cinéma de se réinventer et réfléchir au rôle de la vidéo en ligne face aux salles, estime la star australienne Cate Blanchett, présidente du jury de la 77e Mostra de Venise qui s'ouvre mercredi soir. «Ces six derniers mois, nous sortons d'une ‘‘monoculture du streaming'' (vidéo par internet), et nous devons avoir une conversation très importante sur la façon dont on rouvre les cinémas», a déclaré la présidente du jury en conférence de presse. Elle-même est retournée en salle, en famille, la semaine dernière voir Tenet, la superproduction de Christophe Nolan, après avoir eu pendant le confinement «le plaisir amer» de voir chez elle de nombreux films, qu'elle «aurait aimé voir sur grand écran». «Le défi n'est pas seulement pour le cinéma italien, tchèque, australien, américain ou asiatique. C'est un défi mondial», a ajouté l'actrice oscarisée pour Blue Jasmin. «D'une certaine façon, alors que nous refaisons surface, c'est une belle opportunité pour réexaminer (la place) de la technologie du streaming, ses implications sur le cinéma et la façon dont on le voit et on le fait.» «C'est une grande occasion pour se poser les questions cruciales», a-t-elle ajouté. Le cinéma doit repartir «de zéro», «comme au premier jour d'école», et il pourra alors émerger de la crise, «plus solide, plus créatif et plus inventif». À titre personnel, se trouver en personne à la Mostra, le plus ancien des festivals de cinéma au monde, malgré la pandémie et l'avalanche de mesures» sanitaires, ressemble à «un miracolo», s'est émerveillée Cate Blanchett en utilisant, à dessein, le terme italien. «C'est un plaisir d'être ici. Ces six derniers mois, je parlais uniquement avec les cochons et les poulets... Je suis contente d'avoir enfin des discussions intéressantes avec des adultes !»