Après leur entrée victorieuse, les champions du monde français et les tenants du titre portugais visent aujourd'hui la passe de deux à domicile face à la Croatie, et en déplacement en Suède, lors de la deuxième journée de la Ligue des Nations. Les Français, sauvés par Kylian Mbappé en Suède (1-0), devront monter le ton lors du remake de la finale mondiale en Russie, même si les Croates ont paru totalement dépassés lors du premier match au Portugal (4-1). Didier Deschamps est contraint à la rotation pour faire reposer des organismes éreintés par un programme chargé depuis la reprise, tandis que la Croatie sera toujours privée de son duo Modric-Rakitic pour ce choc disputé dans le huis clos du Stade de France, imposé par la crise sanitaire. Performant sans Cristiano Ronaldo, le Portugal pourrait récupérer son artilleur légendaire pour son déplacement à Solna. S'il a récupéré d'un orteil douloureux, CR7 sera en quête de son 100e but avec la Seleçao. La Belgique, qui a géré sa reprise (2-0) en terre danoise, devra se méfier d'une formation islandaise qui n'a cédé que sur penalty face à l'Angleterre, alors que les «Three Lions» devront faire preuve de plus de créativité pour négocier leur déplacement au Danemark. Portugal La Seleçao attend Ronaldo et son centième but Absent samedi face à la Croatie, Cristiano Ronaldo espère se remettre d'une infection à un orteil et marquer son centième but avec le Portugal lors de son déplacement en Suède en deuxième journée de Ligue des Nations, mardi à la Friends Arena de Solna, dont il garde un excellent souvenir. «Heureux d'être de retour», a écrit dimanche le quintuple Ballon d'or sur son compte Instagram, en partageant des photos où on le voit s'entraîner balle au pied, avec ses coéquipiers, pour la première fois depuis mardi dernier. Atteint d'une infection au pied droit et traité aux antibiotiques, le crack de la Juventus Turin a dû déclarer forfait pour le match de samedi face à la Croatie, que le Portugal a remporté avec brio (4-1), malgré l'absence de son capitaine et attaquant-vedette. La petite phrase lâchée par «CR7» sur les réseaux sociaux, le jour où la Seleçao a atterri en Suède, fait également allusion à la dernière rencontre entre les deux pays, en novembre 2013, en barrage retour du Mondial-2014. Cristiano Ronaldo avait alors vécu une soirée d'anthologie en qualifiant son pays grâce à un triplé, qui avait annulé un doublé de Zlatan Ibrahimovic (3-2), alors qu'il avait déjà marqué le but décisif de la victoire portugaise à l'aller (1-0). Juste après son succès contre la Croatie samedi à Porto, le sélectionneur portugais Fernando Santos a assuré que le joueur de 35 ans se sentait «beaucoup mieux». Hier, la presse sportive rapportait de façon unanime que son retour face à la Suède était très probable, et qu'il pourrait en profiter pour marquer son centième but international (il en compte déjà 99 en 164 rencontres) et se rapprocher encore un peu du record absolu de l'Iranien Ali Daïe (109 buts). Finie la «Ronaldo dépendance» ? Mais le rétablissement du natif de Madère n'était pas le seul motif d'espoir affiché par les observateurs lusitaniens, qui ont vu dans la défaite infligée à la Croatie (4-1) des indices selon lesquels le Portugal pourrait enfin se libérer de sa «Ronaldo dépendance». «Jamais le Portugal n'a disposé d'autant de joueurs offensifs de qualité que maintenant», a écrit le commentateur Manuel Queiroz dans O Jogo, en ajoutant que la Seleçao a «un grand jeu de cartes même sans le quatrième as», Cristiano Ronaldo. Les trois autres sont, selon lui, Bruno Fernandes, Bernardo Silva et Joao Felix. Au lendemain de la victoire des champions d'Europe en titre contre la vice-championne du monde, la presse sportive a même eu du mal à choisir lequel de ses héros devait être loué avec plus d'emphase. Le journal Record a préféré saluer particulièrement l'arrière-droit Joao Cancelo, qui a ouvert le score d'un superbe enroulé du gauche dans la lucarne, et les premiers buts signés par Joao Felix et Diogo Jota, remplaçant de Ronaldo dans le onze de départ aligné par Santos. Pour A Bola, c'est le pressing et la vista de Bruno Fernandes, nouveau maître à jouer de Manchester United, qui ont été la clé de la victoire du Portugal samedi au stade du Dragon. Et, surtout, Fernando Santos a encore quelques solutions de recours intéressantes comme André Silva, remplaçant et buteur contre la Croatie, ou la nouvelle recrue du FC Barcelone, le prometteur Francisco Trincao. Programme Ligue A Groupe 2 Danemark-Angleterre Belgique-Islande Groupe 3 Suède-Portugal France-Croatie Ligue C Groupe 1 Luxembourg-Monténégro Chypre-Azerbaïdjan Groupe 2 Arménie-Estonie Géorgie-Macédoine du nord Ligue D Groupe 2 Saint Marin-Liechtenstein *Toutes les rencontres sont prévues à 19h45 sauf Arménie - Estonie programmée à 17h. France-Croatie Rotation imposée, remake au rabais ? A peine rentrés de Suède, les Bleus jouent à Saint-Denis ce soir (19h45) contre la Croatie un remake de la finale du Mondial-2018 dénaturé par le huis clos, les absences et le turn-over imposé par les cadences infernales de la reprise. Trois jours après sa victoire peu emballante à Solna (1-0), l'équipe de France s'avance vers le premier grand choc de son groupe de Ligue des Nations, face aux vice-champions du monde dominés 4-2 en juillet 2018 à Moscou. Ce rendez-vous aurait dû être synonyme de revanche, de spectacle et de fête deux ans après le sacre en Russie, il n'en sera rien : la crise sanitaire a exclu tous les spectateurs des stades et l'effrayant silence du huis clos règne sur l'Europe du foot. La pandémie du nouveau coronavirus a aussi éreinté les organismes des joueurs ayant terminé leurs Championnats en juillet ou la Ligue des champions en août, bouleversant le modèle même de la trêve estivale comme on la connaissait jusqu'alors. Le constat vaut sans doute plus encore pour les Croates, privés de leur vieillissant mais irremplaçable duo du milieu de terrain Luka Modric-Ivan Rakitic, préservé par le sélectionneur Zlatko Dalic pour ce rassemblement. Totalement dépassés, samedi soir, au Portugal, pour leur entrée en lice dans cette compétition qui remplace les traditionnels matchs amicaux d'automne (4-1), les finalistes du Mondial sont à la peine. «Pas le choix» Les Français sont moins à plaindre, malgré une prestation bien terne en Suède, seulement éclairée par une belle inspiration de Kylian Mbappé et l'incessante activité de N'Golo Kanté. Mais leur manque de souffle et de jambes oblige le sélectionneur Didier Deschamps à ménager les corps. «Je vais faire beaucoup de changements parce que c'est très difficile de pouvoir enchaîner. Déjà, faire 90 minutes avec un déficit au départ c'est prendre des risques sur les joueurs... Ça va peut-être à l'encontre de la cohésion et des automatismes mais je pense que je n'ai pas le choix», a constaté le Basque, dès samedi soir. Il paraît dès lors très peu probable de voir Mbappé, victime de surcroît d'un coup à sa cheville droite à peine remise d'une grosse entorse, enchaîner une seconde titularisation de suite, mardi. D'autant plus que le Parisien est attendu à Lens dès jeudi soir pour le retour en Ligue 1 du Paris SG, privé de six joueurs contaminés par le Covid-19, dont la superstar Neymar. «Kyky», comme son partenaire Presnel Kimpembe d'ailleurs, ratera donc sûrement son duel en avance face au défenseur croate de Marseille, Duje Caleta-Car, qu'il retrouvera dimanche en club pour le «Classique» du Championnat de France. Mais Caleta-Car non plus n'est pas certain de fouler la pelouse de Saint-Denis : à bientôt 24 ans, il ne s'est pas encore imposé avec sa sélection. Camavinga espéré Les promesses de rotation de Deschamps ouvrent en tout cas quelques portes dans le onze tricolore. Anthony Martial, entré en jeu en attaque à Solna après plus de deux ans d'absence en sélection, a l'opportunité de se montrer un peu plus, tout comme le latéral du Real Madrid Ferland Mendy, si Lucas Digne est mis au repos, ou Lucas Hernandez, peu utilisé ces derniers temps au Bayern Munich. Mais un seul nom cristallise toute l'attention : celui d'Eduardo Camavinga. Le milieu rennais de 17 ans et 9 mois n'a pas eu l'honneur de disputer ses premières minutes samedi, mais il ne désespère pas de devenir le premier joueur d'après-guerre à endosser le maillot bleu avant sa majorité. Il faudra pour cela déloger du onze soit Adrien Rabiot, titulaire en Suède avec les Bleus pour la première fois depuis son refus d'être réserviste au Mondial-2018, soit N'Golo Kanté, auteur d'une prestation tentaculaire en Scandinavie. Mais même pour quelques minutes de jeu, que Deschamps lui a d'ailleurs promises, Camavinga ne se privera pas d'un nouveau record de précocité.