Guidée par son nouveau sélectionneur Robert Moreno, l'Espagne s'est imposée en Roumanie avec brio puis avec cran (2-1) jeudi en qualifications pour l'Euro-2020, continuant son sans-faute en tête du groupe F pour conserver cinq points d'avance sur son premier poursuivant. Dominateurs à Bucarest, les Espagnols ont pris l'avantage sur un penalty de Sergio Ramos (29e), qui n'est plus qu'à une unité du record de sélections en Espagne détenu par Iker Casillas (167 sél.), puis un but de Paco Alcacer (47e). Et ils ont ensuite tenu bon, sauvés par deux parades de leur gardien Kepa Arrizabalaga dans le temps additionnel, après la réduction du score de Florin Andone (59e) et le carton rouge direct récolté par le défenseur Diego Llorente (79e). Ce succès permet à la "»Roja» de maintenir son avance en tête de la poule à mi-parcours: l'Espagne (1re, 15 pts) s'est constitué un joli matelas d'avance sur la Suède (2e, 10 pts). C'est une première réussie pour Robert Moreno, ancien adjoint de Luis Enrique bombardé sélectionneur en juin après avoir assuré l'intérim au nom de son ami et mentor, endeuillé par la maladie puis le décès d'une de ses filles. A l'Arena Nationala de Bucarest, les Espagnols ont produit un football séduisant, comme l'avait souhaité Moreno. Son équipe a livré un récital en première période, donnant le tournis à la défense à cinq de la Roumanie. Et il a fallu de multiples parades de l'excellent gardien lyonnais Ciprian Tatarusanu pour éviter à la Roumanie de boire la tasse (2e, 6e, 11e, 35e, 37e). Ramos tout proche de Casillas Le match a basculé sur une semelle évitable commise sur Dani Ceballos. L'arbitre allemand Deniz Aytekin, connu pour avoir arbitré la fameuse «remontada» du FC Barcelone face au Paris SG (6-1) en 2017, a sifflé un penalty logique, transformé par le capitaine espagnol Ramos (29e). Au passage, ce dernier a inscrit son 21e but en 166 sélections et n'est plus qu'à une unité du record d'apparitions sous le maillot espagnol, détenu par son ancien équipier Iker Casillas (167 sél.). Sauf surprise, Ramos devrait l'égaler dimanche lors de la réception des îles Féroé à Gijon (nord de l'Espagne). Cette ouverture du score a récompensé la mainmise espagnole et, juste après la pause, Alcacer a confirmé cet ascendant en doublant la mise (47e). Certes, la Roumanie n'a pas désarmé: à l'heure de jeu, Andone a réduit la marque d'une tête piquée (59e), puis Llorente a laissé l'Espagne à dix après une faute en position de dernier défenseur (79e). Mais la «Roja» a préservé le score, à l'image des deux parades décisives du gardien Kepa Arrizabalaga (90e+1, 90e+2). Et la recrue parisienne Pablo Sarabia a pu connaître sa première sélection, en jouant le dernier quart d'heure et en signant notamment une frappe trop enlevée (87e). Sans briller, l'Italie poursuit son sans-faute Longtemps gênée par l'Arménie, l'Italie a fait la différence en fin de match pour s'imposer 3-1 jeudi à Erevan et poursuivre son sans-faute dans le groupe J des éliminatoires pour l'Euro-2020 avec cinq victoires en cinq matchs. Avant d'aller dimanche en Finlande, son poursuivant le plus proche qu'elle a battu en mars 2-0, la Nazionale a donc fait un nouveau pas vers la qualification, qui semble désormais proche. Mais la prestation n'a pas été inoubliable, loin de là, et l'Italie a livré pendant plus d'une heure l'un de ses plus mauvais matchs depuis que Roberto Mancini est sélectionneur. «Attention aux contre-pieds», avait prévenu le technicien italien mercredi. Il ne s'était pas trompé et dès la 11e minute Karapetyan punissait le déséquilibre italien et ouvrait la marque. Les Azzurri sont tout de même rapidement revenus au score grâce à Belotti, qui reprenait de près un excellent centre d'Emerson (28e). L'Italie a alors pris le contrôle du match et l'expulsion de Karapetyan dans le temps additionnel de la première période aurait pu faire basculer la partie. Elle a, en fait, surtout fermé les espaces, les Arméniens se regroupant devant leur but, ne ressortant plus que pour quelques contres, menés souvent par Mkhitaryan, recrue récente de l'AS Rome. Pendant ce temps-là, les Italiens ne trouvaient plus de solutions, une frappe de 25m de Verratti, averti et qui sera suspendu dimanche, sonnant comme le plus clair des aveux d'impuissance. L'entrée en jeu de Pellegrini a finalement été décisive, le Romain posant de grosses difficultés aux Arméniens avant de donner l'avantage à l'Italie de la tête sur un bon centre de Bonucci (77e). Trois minutes plus tard, Belotti inscrivait le but du 3-1 et le match était bouclé. «On avait dit que ça serait dur, simplement parce que les parties faciles n'existent plus. On a mal débuté mais on s'est repris et on aurait déjà pu finir la première période devant», a estimé Mancini sur la Rai après le match. «L'expulsion nous a en fait désavantagés. A 10, ils se sont resserrés», a-t-il ajouté. La France et le Portugal n'ont plus de joker Battus en Turquie en juin, les champions du monde français ont grillé un joker: victoire plus que conseillée pour les Bleus face à l'Albanie samedi pour ne pas voir la qualification à l'Euro-2020 s'éloigner. Comme le Portugal, en quête d'un premier succès contre la Serbie. Sans Mbappé, ni Pogba, ni Kanté, les joueurs de Didier Deschamps sont privés samedi d'une grande partie de leur épine dorsale du Mondial russe. Un vide comblé par Kingsley Coman, Thomas Lemar et Corentin Tolisso, de retour de sa grave blessure ? Les deux Bavarois et le Madrilène sont en tout cas attendus et seraient inspirés de répondre présent pour tenter de se faire une place et surtout ne pas hypothéquer la qualification des Bleus à l'Euro-2020. Car, après 4 matchs joués, «DD» et ses hommes restent au coude à coude avec la Turquie et l'Islande dans le groupe H: les trois pointent à 9 points. Succès nécessaire aussi pour le Portugal en Serbie, après deux nuls en deux matchs, dans ce qui ressemble à un choc pour la 2e place qualificative du groupe B. Faute de victoire, la Seleção pourrait avoir à passer par les barrages puisque l'Ukraine (1re) a réalisé un sans-faute jusqu'ici. «La Serbie est une équipe constituée de bons joueurs. Ils ont une très bonne génération. Nous savons que nous allons jouer sur un terrain très difficile», a assuré le prometteur milieu de terrain lusitanien Ruben Neves, 22 ans et 11 sélections. Face au nouveau buteur du Real Madrid Luka Jovic et au massif Sergej Milinkovic-Savic dans l'entrejeu serbe, Cristiano Ronaldo et les siens pourront compter dans l'hostilité du Marakana de Belgrade sur leur joyau Joao Felix, acheté à prix d'or (126M EUR) par l'Atlético Madrid cet été et auteur de débuts probants en Liga malgré ses 19 ans. Autre prodige guetté samedi: Mason Mount, la révélation de ce début de Premier League avec Chelsea, qui pourrait fêter sa première sélection avec l'Angleterre face à la Bulgarie. Déjà estampillé comme le «new Lampard» outre-Manche, le milieu de terrain de 20 ans, qui a inscrit 2 buts avec les Blues cette saison, a été appelé pour la deuxième fois par Gareth Southgate pour ses deux rencontres du groupe A face à la Bulgarie et au Kosovo. Le sélectionneur des Three Lions a fixé le cap, «gagner tous nos matchs si possible», puisque pour le tirage au sort de la phase finale le 30 novembre, les têtes de série seront déterminées en fonction des classements aux éliminatoires. Groupe B Le Portugal attend Joao Félix Inattendu champion des transferts de l'été, le jeune Joao Félix doit confirmer ses bons débuts avec l'Atlético Madrid en se montrant à la hauteur de ses nouvelles responsabilités au sein de l'équipe du Portugal, aux côtés d'un certain Cristiano Ronaldo. Après leur mauvais départ en qualifications pour l'Euro-2020, les champions d'Europe en titre comptent sur leurs stars d'aujourd'hui et de demain pour faire le plein lors de leurs déplacements en Serbie samedi, puis en Lituanie mardi. Recruté au Benfica Lisbonne pour 126 millions d'euros, Joao Félix a commencé par supplanter au plan financier son prédécesseur à l'Atlético, le Français Antoine Griezmann, parti à Barcelone pour la somme de 120 millions d'euros. Le Portugais de 19 ans à l'apparence juvénile a ensuite signé une pré-saison de grande classe, avec notamment un but et deux passes décisives lors de la raclée infligée au Real (7-3), pour s'installer d'emblée dans le onze-type de Diego Simeone. Le natif de Viseu (centre) a continué d'impressionner même les plus sceptiques en inscrivant un doublé face à la Juventus de Cristiano Ronaldo, lors d'un match où il a éclipsé son illustre compatriote de 34 ans. Ces performances remarquées lui ont valu les louanges de ses coéquipiers à Madrid. «Avec un tel talent, aucun doute qu'il deviendra un très grand joueur», a déclaré le portier slovène Jan Oblak, lui aussi un ancien du Benfica. Le prodige portugais est resté sur sa lancée pour ses débuts en Liga espagnole, provoquant un penalty face à Getafe, offrant une passe décisive contre Leganés puis signant aux dépens d'Eibar son premier but au stade Metropolitano. A peine deux mois après son transfert, la presse espagnole perçoit déjà en lui la vista et la justesse qui pourront un jour en faire le métronome de l'Atlético, comme l'était Griezmann. «Marge de progression» En équipe du Portugal pourtant, le jeune attaquant a encore tout à prouver. Lors de sa première et unique sélection, en demi-finale de la Ligue des nations face à la Suisse (victoire du Portugal 3 buts à 1), le duo Félix-Ronaldo n'a pas passé un test concluant. Mais le jeune espoir a au moins reçu la bénédiction de son aîné. «Ce que j'espère le plus, c'est qu'il puisse briller. Je pense que c'est un excellent joueur qui a beaucoup de potentiel et une grande marge de progression», a confié récemment «CR7»' dans un entretien à la télévision portugaise TVI. «Il faut aussi qu'il soit prêt au plan mental pour supporter les critiques qui vont surgir, car ce n'est pas facile», a ajouté le quintuple Ballon d'or, meilleur buteur de l'histoire des sélections européennes avec 88 buts. Joao Félix a l'avantage d'offrir un profil singulier, à mi-chemin entre un milieu offensif classique et un deuxième attaquant. Il profite également de l'absence d'un partenaire attitré à l'incontournable Ronaldo, au sein de l'attaque de la sélection portugaise. Un temps pressenti comme le partenaire idéal du capitaine portugais, André Silva n'a même pas été convoqué par le sélectionneur Fernando Santos pour le double déplacement à Belgrade et Vilnius. Parmi les autres animateurs du jeu offensif portugais, Gonçalo Guedes, Bernardo Silva et Rafa Silva sont vus surtout comme des ailiers, et Bruno Fernandes comme un pur milieu de terrain. «Si je l'appelle c'est que j'estime qu'il a le potentiel et toutes les conditions pour jouer et s'intégrer dans la stratégie de l'équipe» pliqué Santos lors de l'annonce des joueurs retenus, en soulignant que le montant du transfert de Joao Félix à l'Atlético n'avait «rien à voir» avec sa décision de l'appeler. Qualifications Euro 2020 Programme de samedi Groupe A Kosovo-République tchèque (14h) Angleterre-Bulgarie Groupe B Lituanie-Ukraine (17h) Serbie-Portugal ‘19h45) Groupe H Islande-Moldavie (17h) France-Albanie (19h45) Turquie-Andorre (19h45).