Après le lourd réquisitoire du procureur de la République contre les principaux accusés dans l'affaire des frères Kouninef, dont le procès s'est poursuivi, hier, au tribunal de Sidi-M'hamed, avec les plaidoiries des avocats de la défense, ces derniers ont, comme attendu, demandé la relaxe de leurs clients. Pour eux, les accusations pour lesquelles sont poursuivis les frères Kouninef (Réda, Abdelkader-Karim et Tarek-Noah), ainsi que le gérant du groupe KouGC, Keddour Ben Tahar, sont «infondées». Un des avocats est allé jusqu'à accuser les médias d'avoir amplifié l'affaire pour préparer leur condamnation. Ils ont réclamé leur innocence expliquant, comme l'a plaidé Me Smain Chamma, que si le projet Nutris avait été réalisé, l'Algérie serait exportatrice de soja. «Les frères Kouninef connaissent bien leur travail et se sont entourés des meilleurs conseillers», a-t-il expliqué. La défense a défendu également les accusés dans l'affaire du financement occulte des mandats d'Abdelaziz Bouteflika. Elle a affirmé que les Kouninef ont financé la campagne pour le quatrième mandat «en toute légalité», ajoutant qu'ils ont refusé de soutenir le cinquième mandat car, a-t-il soutenu, «ils étaient contre ce cinquième mandat». «Karim n'a rien à voir avec le financement des campagnes électorales de Bouteflika. Les deux autres l'ont fait légalement», a-t-on soutenu. Pour les avocats de la défense, les frères Kouninef «ont lancé des projets révolutionnaires». Des projets entachés d'irrégularités, de dysfonctionnements, de détournements et de corruption relevés tout au long du procès ouvert mercredi dernier. Poursuivis pour «trafic d'influence», «blanchiment d'argent», «obtention d'indus avantages», «détournement de fonciers et de concessions», et «non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics» en plus du «financement occulte de partis politiques», les accusés ont nié toutes ces charges. Le parquet général avait requis, avant-hier samedi, des peines allant de 10 à 20 ans de prison ferme avec la saisie des biens à l'intérieur et l'extérieur du pays à l'encontre des trois frères Kouninef et le gérant du groupe KouGC dont ils sont propriétaires. Le parquet général a requis 18 ans de prison ferme à l'encontre de Réda, 15 ans à l'encontre de Tarek-Noah et Abdelkader-Karim et 10 ans à l'encontre de Keddour Ben Tahar, avec une amende de 8 millions de DA pour les quatre accusés. La peine la plus lourde a été requise contre Souad-Nour avec 20 ans de prison ferme, une amende de 8 millions de DA et le lancement d'un mandat d'arrêt international contre elle. Des peines allant de 3 à 6 ans de prison ferme avec des amendes d'un million de DA ont été requises à l'encontre de dix personnes également impliquées dans l'affaire, essentiellement des cadres des ministères de l'Industrie, de l'Agriculture, de l'Hydraulique, de l'Energie et des Télécommunications, ainsi que d'autres secteurs dans lesquels le groupe KouGC a obtenu des marchés. Selon la défense de la partie civile, le groupe KouGC, à travers ses filiales, a causé au Trésor public des pertes estimées à plus de 260 milliards DA, dont 186 milliards de DA dus aux crédits injustifiés octroyés au groupe par des banques publiques, et 75 milliards de DA aux indus privilèges obtenus par le même groupe. Karim A.