Le procès des frères Kouninef, jugés pour diverses affaires de corruption, s'est poursuivi dimanche au tribunal de Sidi M'hamed à Alger par les plaidoiries de la défense. Les frères Réda, Abdelkader-Karim et Tarek-Noah Kouninef, et le gérant du groupe KouGC, dont ils sont les propriétaires, Keddour Ben Tahar, sont placés depuis le 24 avril 2019 sous mandat de dépôt. Ils sont poursuivis pour plusieurs chefs d'inculpation dont "trafic d'influence", "blanchiment d'argent", "obtention d'indus avantages", "détournement de fonciers" et "non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics". Leur sœur Souad-Nour (en fuite à l'étranger) est aussi impliquée dans l'affaire. Dans ses plaidoiries, la défense a tenté de faire comprendre au tribunal que les accusés "n'ont bénéficié d'aucun privilège ou autre avantage" dans les marchés obtenus par le groupe et ses filiales pour la réalisation de divers projets, notamment ceux prévus dans les parcs industriels du groupe à Ain Ouessara (Djelfa) et Ksar El Boukhari (Médéa). Selon la défense, certaines filiales du groupe KouGC ont enregistré "des défaillances au moment où d'autres ont eu recours à la justice pour régler des litiges ayant duré près d'une dizaine d'années pour être réglés". La défense a signalé aussi que le groupe KouGC, dont l'activité remonte à 1971, "n'a pas fait sa fortune d'une manière soudaine depuis les années 2000, mais il a un passé glorieux au service du pays". Au premier jour du procès, ouvert mercredi dernier, les trois frères Kouninef avaient affirmé que les gains du groupe enregistrés durant la période 1998-2018, soit en 20 ans, est estimé à "plus de 14.000 milliards de centimes". La séance de l'après midi a été consacrée aux plaidoiries de la défense des autres personnes impliquées dans l'affaire et qui sont en liberté. Samedi, le parquet général du Tribunal de Sidi M'hamed avait requis des peines allant de 15 à 20 ans de prison ferme, la saisie des biens à l'intérieur et à l'extérieur du pays et une amende de 8 millions de DA à l'encontre des Kouninef et le gérant du groupe KouGC. Il a requis également 18 ans de prison ferme à l'encontre de Réda, 15 ans à l'encontre de Tarek-Noah et Abdelkader-Karim et 10 ans à l'encontre de Keddour Ben Tahar avec une amende de 8 millions de DA pour chacun des quatre accusés. La peine la plus lourde a été requise contre leur sœur Souad-Nour avec 20 ans de prison ferme, une amende de 8 millions de DA et le lancement d'un mandat d'arrêt international contre elle. Selon la défense de la partie civile, le groupe KouGC, à travers ses filiales, a causé au Trésor public des pertes estimées à "plus de 270 milliards de dinars algériens, dont 186 milliards de DA dues aux crédits injustifiés octroyés au groupe par des banques publiques et 75 milliards de DA aux indus privilèges obtenus par le même groupe". A ce propos, la défense a estimé que ces montants ont été établis "sans aucune expertise". En outre, des peines allant de 3 à 6 ans de prison ferme avec des amendes d'un million de DA ont été requises contre dix personnes impliquées dans l'affaire, essentiellement des cadres des ministères de l'Industrie, de l'Agriculture, de l'Hydraulique, de l'Energie et des Télécommunications ainsi que d'autres secteurs où le groupe KouGC a obtenu des marchés.