Avec 2,2 milliards de tonnes, de qualité supérieure, les importantes réserves de phosphate placent l'Algérie au 3e rang mondial. Leur exploitation devrait commencer avec la fin de l'année pour être en phase avec le programme de campagne du Président Abdelmadjid Tebboune. Selon toute vraisemblance, c'est là un projet d'importance majeure qui va impliquer trois wilayas de l'est du pays, à savoir Tébessa, Souk Ahras et Annaba. En ligne de mire : l'après-pétrole, car le projet devrait concourir sur 20% de cet objectif. Hier, mardi, une réunion de haut niveau a été tenue au siège du ministère de l'Energie et des Mines sur instigation de Mohamed Arkab, dont dépend le département des ressources minières. Etaient présents Abdelmadjid Attar, ministre de l'Energie, Chems Eddine Chitour, ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Arezki Berraki, ministre des Ressources en eau, ainsi que Farouk Chiali, ministre des Travaux publics et des Transports. De hauts cadres de ces différents ministères ont pris part à ce conclave qui se poursuivra à huis clos. À en juger par les participants, ce projet intégré de phosphates doit être incessamment finalisé dans une nouvelle mouture pour être présenté au gouvernement aux fins de validation, la fin de l'année en cours. Il s'agit donc d'une nouvelle configuration, selon le ministre de l'Energie qui affirme : «L'élément majeur consiste en la valorisation de la production locale en ammoniac nécessaire à la production des engrais, d'une part, et le transfert des unités de production des engrais vers un site à Annaba, d'autre part». L'on attend beaucoup de l'exploitation du phosphate qui «non seulement apportera des recettes au pays, mais aussi la disponibilité d'engrais pour les activités agricoles et la création de milliers d'emplois». Le projet intégré de phosphate a une vocation structurante pour le développement du pays, selon Abdelmadjid Attar, parce qu'il implique plusieurs secteurs et revêt une importance stratégique pour les trois wilayas citées. «C'est un projet qui aura des retombées économiques considérables», affirme le ministre. Le rail et donc le transport, les ressources en eau (le projet consomme beaucoup d'eau) et les transports seront grandement sollicités dans ce projet. En matière de chiffres, l'on avance un montant d'investissement de 6 milliards de dollars étalés sur trois phases : extraction, transformation et commercialisation (20% de la production seront destinés à l'agriculture). Interrogé sur les capacités financières qu'exige la réalisation du projet, le ministre de l'Energie assure que l'Algérie en a les moyens. La réunion d'hier, outre la reconfiguration du projet intégré de phosphate, aura également à plancher sur la recherche d'un partenaire «crédible, sérieux et motivé», dit-on. Il s'agit là d'un redoutable challenge pour l'équipe de Abdelmadjid Tebboune, lequel a instruit ses ministres de réduire la dépendance aux hydrocarbures par la mise en valeur d'autres activités génératrices de ressources financières. L'année 2021 aura valeur de test, selon ses vœux. Brahim Taouchichet