L'urgence de trouver d'autres ressources que les recettes des hydrocarbures, d'autant qu'elles sont fortement impactées depuis quelques années, notamment ces derniers mois, commande la réactivation, entre autres, de certains projets a priori à très fort potentiel, comme c'est le cas des deux gisements miniers de Gara-Djebilet et Tala-Hamza. De nouveau, la réunion du Conseil des ministres s'est penchée sur la question de l'entrée en exploitation des deux mines sur lesquelles beaucoup a été dit ces derniers mois, par ces temps de disette financière. Comptant parmi les plus imposants gisements de l'immense patrimoine minier national, la mine de fer de Gara-Djebilet, dans la wilaya de Tindouf, et celle de zinc/plomb de Tala-Hamza, dans la wilaya de Béjaïa, sont donc revenues au cœur du sujet du grand renouveau économique promis. Le Président Tebboune s'est, en effet, attardé sur la question en enjoignant à son ministre des Mines de hâter l'exploitation de ces deux projets qui, il faut le dire, traînent depuis de longues années malgré une multitude d'annonces malheureusement demeurées sans effet. Pourtant, il est une certitude que les mines de Gara-Djebilet et Tala Hamza peuvent se révéler d'un apport considérable dans le produit intérieur brut (PIB) du pays et, partant, de quoi contribuer à alléger, dans des proportions très importantes, la dépendance aux hydrocarbures. L'écosystème, les retombées sociales et bien d'autres «effets» que pourrait charrier l'exploitation des deux gisements sont autant d'arguments qui justifient que la pression soit mise sur les responsables, aussi bien nationaux que locaux, pour l'accélération de tout ce qui précède l'entrée en exploitation de cette bouée de sauvetage que constitue l'industrie minière pour le pays, d'autant que dans les deux cas, en principe, beaucoup a été fait si l'on doit se fier aux propos, par exemple, relatifs à la mine de Gara-Djebilet. Celle-ci devait entrer en activité au début de cette année au plus tard, après la levée de réserves résultant d'une étude lancée il y a plus de deux ans, notamment concernant la qualité de son minerai de fer. La très élevée teneur du minerai en phosphore empêchait, en effet, l'entrée en activité de la mine de Gara-Djebilet jusqu'au feu vert signifié, il y a environ deux ans donc, après les analyses des échantillons effectuées par des laboratoires étrangers spécialisés. Une issue qui allait être suivie par l'entrée en exploitation effective du monumental gisement. Malheureusement, surtout pour les milliers de personnes en quête d'emploi dans la région allant de Béchar à Tindouf, il a fallu prendre son mal en patience jusqu'à ces derniers mois, lorsque l'industrie des mines a repris droit de cité parmi les grands projets du pays. Projet immense s'il en est avec ses 130 km2 de superficie qui, selon les plus récentes déclarations du ministre en charge du secteur, a vu ses études techniques «quasiment achevées» et l'exploitation devrait, dans un premier temps, concerner le tiers du gisement de fer, soit 1,6 milliard de tonnes de capacité. Le Président Tebboune est donc revenu sur le sujet, dimanche, pour demander d'accélérer l'exploitation de la mine de fer de Ghar-Djebilet et du gisement de zinc d'Amizour, avec la réalisation d'une ligne ferroviaire entre Tindouf et Béchar et «la possibilité de faire appel, dans ce projet, au partenaire chinois pour rattraper le retard», est-il précisé dans le communiqué présidentiel ayant sanctionné la réunion du Conseil des ministres. Ainsi, l'on a appris qu'un partenaire est déjà entré en jeu et devrait ainsi s'impliquer pour relancer un autre projet dormant ; la ligne ferroviaire entre Tindouf et Béchar, dont dépend, dans une grande mesure, la mine de Gara-Djebilet. Un autre vieux projet qui n'a valu que par son «effet d'annonce» durant les années Bouteflika et qui, maintenant, montre combien il aurait été crucial s'il avait été matérialisé. Il reste maintenant à établir le cadre légal régissant l'activité dans le secteur qui consiste en la révision de la loi 14-05, comment développer les gisements majeurs, l'élaboration d'une nouvelle carte géologique nationale des mines. Il s'agira, en fait, de rendre le domaine minier algérien plus attractif et cela passe, comme le révélait le ministre des Mines il y a quelques semaines, par l'adaptation de la loi 14-05 à la réalité d'aujourd'hui, rendre le cadre légal plus «flexible» et capable d'offrir «plus de réactivité» aux investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers. «Un projet de loi est en phase de finalisation pour être présenté au gouvernement afin de permettre au secteur de contribuer à la relance économique et de doter les industries manufacturières en matières premières nécessaires», déclarait le ministre qui se retrouve donc mis en demeure d'accélérer les démarches et en finir ainsi avec les effets d'annonce. Azedine Maktour