Le mouvement Nahda se dirige tout droit vers le refus du projet de révision constitutionnelle. Un refus et la forme qu'il devra prendre, boycott ou vote contre, qui devront être arrêtés lors de la session du conseil consultatif national du mouvement prévu samedi prochain. C'est ce qui ressort des nombreuses réserves émises, hier samedi, par le secrétaire général de Nahda à l'occasion d'une réunion des présidents des bureaux du parti au niveau des wilayas du centre du pays, la seconde après celle de similaires responsables au niveau des wilayas de l'est du pays. Dans son analyse de la situation générale du pays, Yazid Benaïcha a estimé que le pouvoir en place a, une fois de plus, raté l'occasion de mobiliser le pays en vue de faire face aux défis nombreux qui le guettent, regrettant l'unilatéralisme adopté dans la gestion de la crise. À l'exemple, citera-t-il, du projet de révision constitutionnelle qui devait pourtant susciter le consensus de la majorité des composantes de la société, ni dans sa préparation, ni dans son enrichissement et encore moins dans son amendement. «Ce qui nous met, ajoutera-t-il, devant un nouvel fait accompli, en faisant face à un nouveau défi, celui de la crise de confiance, à l'origine aléatoire et qui vient d'être ébranlée par les mêmes pratiques et concepts anciens». Pour le secrétaire général de Nahda, la reconduction du président du comité d'experts qui a rédigé ce projet de révision constitutionnelle pour diriger la commission chargée de réviser la loi organique portant code électoral qui prendra lui aussi le sceau de l'urgence sans débat ni amendement et sans associer, encore une fois, les partis, la société civile dans ses divers segments, constitue un «coup dur porté à la confiance». Ce qui fera dire à Benaïcha «qu'il n'y a eu finalement qu'un changement de quelques personnes au sommet du pouvoir sans aucun changement dans les pratiques et dans les concepts». Au sujet du contenu du projet de la nouvelle Constitution, le secrétaire général du mouvement Nahda relève que celui-ci ne consacre nullement un quelconque changement de régime politique au vu des prérogatives non centralisées au niveau du pouvoir exécutif, ce qui pourrait mener vers un pouvoir personnel. Ceci, fera-t-il remarquer, en dépit de la lettre de mission d'orientation du président de la République au panel d'experts piloté par le Dr Ahmed Laraba, dans laquelle il a insisté sur l'impératif de réduire ces prérogatives présidentielles. Ainsi, le président de la République aura, à la faveur de cette nouvelle Constitution, le pouvoir de nomination dans l'institution législative, l'institution judiciaire et au sein de toutes les instances de contrôle et même l'Autorité nationale indépendante des élections dont les membres seront choisis par le chef de l'Etat, ce qui ferait du président de la République un concurrent dans l'opération électorale. Il y a également l'équilibre des pouvoirs et leur séparation à même de garantir les droits et les libertés puisqu'il y a un pouvoir politique sans responsabilité aucune, note le secrétaire général de Nahda qui parle d'atteinte à l'identité du peuple algérien, allusion à la liberté de culte ou encore la neutralité de l'école qui signifierait, selon lui, sa laïcisation ou encore le rôle attribué à la société civile que l'on veut étatiser (article 10) et la disposition 214 qui institue un observatoire national de la société civile. Ce qui encouragerait, selon Benaïcha, la «clientélisation, qui constitue une des facettes de la corruption politique et sociale». M. K.