Par Dr Boudjemaâ Haichour Jadis, la nakhla de Boussemghoun faisait rêver à l'ombre de la zaouia Tidjania où à l'appel du muezzin, le pouce et l'index ne font plus égrener le chapelet, comme si le temps s'arrêtait de s'écouler dans une spatialité oasienne. À perte de vue, nous visitions El Bayadh, arrachée au prix de grands sacrifices de nos chouhada morts dans le combat séculaire contre le colonialisme. Ce sont les insurrections successives des Ouled Sidi Cheikh et de Bouamama. Le général Pélissier a imposé le nom de Géryville à El Abiod Sidi Cheïkh au nom du colonel Géry. Les martyrs du 1er Novembre 1954 lui ont rendu son nom ancestral. Région alfatière par excellence, elle devenait objet de convoitises entre les grands colons à telle enseigne que le Borgeaud de la Mitidja voulait arracher des mains des colons cette contrée. S'inspirant de Xavier Jacquey, Toumi Nouredine nous donne une liste que nous retrouvons également dans les P.V du sénatus-consulte. Il s'agit des Ouled Ziad (Ghraba et Chraga) installés dans Rogassa - les Ouled Moumen dans la Ghassoul - les Ouled Aïssa dans Brézina et les Krekda- les Touafir dans les terres de Sidi Tifour - les Trafi au Kef Lahmar - Ahl Stitten aux Sttiten - les Rzigat à Boualem - les Ouled Omrane dans la partie du Haoudh. Laamourat à Sidi Amar- Zoua à El Abiod Sidi Cheïkh-M'Chara dans le petit Méchria- les Krarma dans M'Hara-Smaghna à Boussemghoun-Mdjadba,Bouaki à Chellala- Ouled Sidi Boutkhil Affafna dans l'Arbaout - Ouled Sidi Hadj à Sidi Hadj Benameur- Graridj à El Bayadh-Ouled Brahim à Sidi Slimane-Makna à El Wadienne-Ouled Bouali Chérif à Boualem. Pour ce qui est des ksour, on peut citer : Chellala Dahrania et Gueblia - Boussemghoun - Arba fougani et tahtani - El Abiod Sidi Cheïkh - Kerakda - Petit Méchria - El Ghassoul - Khellaf - Sidi Tifour - Sidi Slimane - Brézina - Stitten - El widienne - Boualem - Sidi Ahmed Belabes - Sidi Hadj Benameur. La France coloniale a démantelé l'organisation des tribus pour les rendre parcellaires afin de les administrer. La loi Warnier et la dépossession des terres furent un autre manège pour les affaiblir. Même leur généalogie fut changée, surtout avec l'installation des Bureaux arabes. Leur lignage confrérique des Mrabtines et patronymique a été déstructuré et changé. Leur réalité sociale a été redéfinie et remaniée. En 1847, dans sa conquête du Sud et Sud/Ouest, le général Cavaignac a pris possession de tous les ksour. C'est le cas des Ouled Sidi Cheikh et ceux des Ouled Sidi Ahmed Majdoub et les Amour dans le cercle de Aïn Sefra dont la création date du 20 mars 1882. Les Amour se voient appliquer une nouvelle organisation après les insurrections de 1881 de Bouamama. Ils seront en trois tribus : Ouled Salim (fractions des Mrinat et Ouled Chahmi) - Ouled Boubkar (Ouled Abdellah et les Gtayyeb) -Swala (fractions des Ouled Amor et Ouled Slimane). Alors que les Lamdabih et les Ouled Sidi Tadj se réfugièrent au Maroc en 1885. Aïn Sefra, Isabelle Eberhardt ou la fascination du désert On ne peut quitter la région de Aïn Sefra sans faire une virée pour visiter la tombe d'Isabelle Eberhardt, une femme dont le destin a ramenée pour mourir dans un gourbi emportée par l'oued en crue au mois d'octobre 1904. De parents russes exilés en Suisse, elle naquit à Genève en 1877. Beaucoup a été dit sur ce personnage atypique à travers des récits qui l'ont décrite. Alors qu'elle n'avait que vingt ans, Isabelle rejoignit son frère Augustin en Algérie, engagé dans la légion étrangère. Elle tombera amoureuse de cette terre d'Islam et se marie à Oued Souf avec un certain Slimane. Mais pour échapper à la curiosité des gens, elle se déguise en homme enfilant un pantalon, un burnous et un turban «chèche» sur la tête. Tout au long de son séjour, elle mènera une vie sobre d'une aventurière parcourant à cheval l'immensité de notre steppe. C'est de Aïn Sefra dès l'automne 1903 qu'elle s'applique comme reporter, correspondant et journaliste dont elle traduisit ses rêves, fascinée par le désert, source de ses inspirations. Elle rencontrera Lyautey qui laissera dire aux gens qu'elle est espionne pour les uns, et pour les autres une musulmane enterrée selon le rite musulman au cimetière Sidi Boudjemaâ. On peut dire qu'elle est engagée contre le système colonial. De ses écrits on connaît Ecrits sur le sable. Elle fréquentait la zaouia, on dit d'elle qu'elle est une mystique. Pour mieux comprendre, il faut défricher tout son parcours, ses écrits avant et après sa mort. B. H. Notes : 1- Isabelle Eberhardt : Le Sud oranais Paris éditions Joëlle Losfeld 2003. 2- P-G Soubiron : Les territoires du Sud de l'Algérie Commissariat général du centenaire Alger 1930. 3- Yazid Ben Hounet : Le fait tribal dans le Haut Sud/Ouest algérien contemporain. Thèse d'anthropologie-Paris EHESS 2007. 4- Cap. Mesnier : Monographie du territoire de Aïn Sefra, imprim. L. Fouque Oran 1914.