Aussi paradoxal que cela ait pu paraître, l'élection du nouveau président du COA n'a, à vrai dire, connu aucun dérapage ni incident particulier, passant, de l'avis unanime, comme une lettre à la poste. Au final, le scrutin a nettement tourné à l'avantage de Abderrahmane Hammad, le représentant des athlètes et médaillé olympique du saut en hauteur (médaillé de bronze aux JO de Sydney de 2000). Avec l'allure d'un jeune homme B.C. B.G., l'ancien sauteur a tout pour séduire et convaincre, malgré une mission extrêmement difficile. Avec une réelle optique d'avenir et une envie très forte d'être à la... hauteur de la confiance de ceux qui l'ont encouragé, soutenu et élu, le nouveau «boss» du COA (43 ans) est resté ouvert à toutes nos questions, raisonnant avec philosophie, de façon circonstanciée et très intéressante. Suivez l'entretien, il mérite le détour. Le Soir d'Algérie : Avant d'entrer dans le vif du sujet, voulez-vous déclencher votre mémoire comme par un déclic pour rappeler au bon souvenir du public sportif votre carrière sportive et votre palmarès ? Abderrahmane Hammad : C'est en 1996 que j'ai commencé à cueillir les réels fruits du succès. Outre le titre national junior du saut en hauteur, je remporte également le titre africain de la catégorie de la même année avec le même entraîneur, en l'occurrence Mohamed Zerrouki. En 1998, à 21 ans à peine, je deviens champion d'Afrique senior. La saison d'après, je deviens le premier sauteur africain à atteindre la finale des Championnats du monde se déroulant à Séville, en Espagne. Durant cette même année, je décroche la médaille d'argent au Mondial militaire à Zagreb. L'année 2000 a été la plus faste de ma carrière. J'enlève haut la main le titre africain à Alger, avec à la clé, un nouveau record d'Afrique de 2,34 m. Egalement en 2000, je réussis à décrocher la médaille de bronze à Sydney. En 2001 et 2002, je deviens champion méditerranéen à Tunis et champion d'Afrique à Tunis également, avant de prendre part, avec la sélection d'Afrique, aux Mondiaux de Madrid. En 2004, j'ajoute dans mon escarcelle le titre des Jeux arabes à Alger. Les années 2005 et 2007 resteront pour moi de mauvais souvenirs. Blessé assez sérieusement au pied, j'ai dû subir, la mort dans l'âme, deux délicates interventions chirurgicales. L'une à l'hôpital de Aïn-Naâdja, l'autre en France. J'ai tenté, malgré tout, de reprendre sérieusement du service mais, j'ai été contraint de mettre un terme à ma carrière, non sans avoir réussi tout de même 2,28m. En tant que dirigeant, j'ai été formé à l'ITS de Aïn-Benian, où j'ai décroché le diplôme de TSS en sport. Au COA, je boucle mon 2e mandat (2013-2017 et 2017-2020) en tant que président de la commission des athlètes. Votre récente élection à la tête du COA n'a pas été du goût de certains. Ces derniers n'ont pas hésité à dire que vous étiez franchement désigné à l'avance. Qu'en dites-vous ? Certes, j'ai pu entendre ici et là quelques allusions perfides mais sachez que je ne me suis jamais senti atteint. Ça ne m'a pas du tout chagriné, d'autant que l'élection en question s'est déroulée dans la totale transparence et la réelle convivialité, devant la corporation de la presse qui était en force ce jour-là, faut-il le préciser. Aussi, je n'omettrai pas de préciser que j'ai eu beaucoup de respect pour les autres candidats. Il faudrait que je mette également l'accent sur le rôle prépondérant joué par M. Mohamed Meridja dans la réussite de l'organisation en tous points. Quelles ont été les motivations qui vous ont poussé à vous porter candidat au poste de président du COA. Une mission qui n'est pas de tout repos, d'autant qu'elle ne dépassera pas une année, vous en conviendrait, n'est-ce pas ? Je n'étais pas du tout habité par cette ambition. C'est suite à la démission précipitée de Mustapha Berraf et à la vacance du poste que M. Mohamed Meridja, vice-président ayant assuré l'intérim de 45 jours, selon les statuts en vigueur, a porté avec la grande majorité du bureau exécutif du COA son choix sur ma personne. Il fallait, toutefois, attendre le feu vert des autorités sanitaires pour organiser l'élection dans des moments extrêmement difficiles, faut-il le reconnaître. Membre de l'AG et président de la commission des athlètes, je ne me suis pas privé de consulter quelques grands noms du sport algérien, comme MM. Larfaoui, Si Mohamed Baghdadi, Mesbahi, Zaâter, Noureddine Morceli, Hassiba Boulmerka, Tewfik Makhloufi. Tous ont été d'accord et ont tenu, de manière sincère, à me soutenir. Je leur en suis très reconnaissant. Les membres du bureau exécutif du COA et certains présidents de fédérations m'ont, eux aussi, encouragé et assisté. Vous avez seulement une année devant vous. Sera-t-elle suffisante pour vous permettre une mise en route d'un programme réussi ? Les 12 mois qui restent du mandat sont, certes, très courts. Nous sommes dans l'obligation de mener à terme, notre mission, notamment pour ce qui est de l'échéance des JO de Tokyo qui approchent à grands pas. Selon la charte olympique, on se doit d'accompagner les athlètes dans leurs stages de préparation et leur prise en charge médicale, notamment pour ce qui est des tests PCR (Covid-19), en collaboration avec les laboratoires spécialisés. Ce qui n'était pas le cas avant, hélas, le COA s'étant éloigné de ses vraies prérogatives. Les autres missions ? Le COA s'occupe des bourses du CIO de l'Acnoa, des aides et du soutien des sponsors en faveur des athlètes. Ce sont, faut-il le préciser, les fédérations qui font leurs demandes en ce qui concerne les bourses au bénéfice des athlètes. Le COA les étudie et fait la demande à son tour au CIO, à la Cnoa, selon les critères imposés et dans la totale transparence. Sans léser ni favoriser personne. Toutes les démarches se font en collaboration avec le MJS et la secrétaire d'Etat, afin qu'il y ait une réelle harmonie avec les valeurs et la charte olympique. Justement, comment vont vos relations avec le MJS et le secrétariat d'Etat du même secteur ? La meilleure solution pour réussir notre mission est de travailler ensemble dans la concertation et la collégialité qui s'ouvrent sur un nécessaire et utile débat d'idées. En somme, les relations avec le MJS et le secrétariat d'Etat sont très bonnes. On sent qu'il y a réellement, de part et d'autre, de l'apaisement, sur fond de transparence et sincérité. Quelles sont les autres grandes lignes du plan d'action du COA ? L'organisation de l'AG ordinaire du 14 novembre 2020 (programmée en 2019 et reportée en raison de la pandémie de Covid-19). Journée olympique à Skikda le 21 novembre 2020. Journée sport et média prévue au siège du COA le 23 octobre 2020. Sport-Sud (semaine olympique) prévue certainement à Ghardaïa durant les vacances scolaires, ; budgétisé avec la solidarité olympique en fin d'année. Il est également inscrit des cours de management sportif (2020/2021) assurés par les profs de l'ISTS. Figure également au programme, la Journée de l'environnement. Combien y a-t-il d'athlètes susceptibles de prendre part aux JO de Tokyo ? 23 d'entre eux sont déjà qualifiés. 15 à 20 autres peuvent l'être d'ici là. Le COA a pour mission de les accompagner du point de vue logistique. Sur le plan technique, c'est le rôle des fédérations. On vous laisse le soin de conclure... Le COA de cette fois-ci fera en sorte d'éviter la moindre gestion hasardeuse tant au plan administratif que financier. Me concernant, je ne déroge en rien à mes principes fondés sur la communication et l'écoute. Je parlerai vrai, comme je l'ai toujours fait. Je souhaite vivement que le sport algérien soit porteur de promesses réjouissantes. Bienvenue à toutes les bonnes volontés. Entretien réalisé par Abdenour Belkheir