Tayeb Louh vient d'être récemment inculpé dans une seconde affaire, celle des bracelets électroniques, apprend-on de sources bien au fait de la situation. Le dossier en question est d'ailleurs au centre d'une enquête qui se poursuit dans les milieux concernés. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Cette enquête a été menée au sein même des réseaux sur lesquels s'appuyait l'ancien garde des Sceaux et elle a abouti, cette dernière semaine, à l'arrestation du directeur chargé de la modernisation au ministère de la Justice. On lui reproche d'avoir failli à sa mission qui consistait, entre autres, à surveiller la conformité de tous les achats entrepris dans le cadre de la modernisation de l'institution. Ceci n'aurait pas été le cas dans le cadre de l'achat des bracelets électroniques commandés sur ordre de Tayeb Louh puisque le produit s'est avéré non fonctionnel. Le responsable en question a validé cet achat, mille bracelets électroniques à mille euros pièce, sans prendre les précautions nécessaires. Le mis en cause ne serait pas le seul concerné par cette enquête, nous dit-on, elle s'est étendue au cercle des anciens hauts responsables au niveau du ministère de la Justice et d'anciens ministres qui ont donné leur aval pour cet achat. Les faits se sont déroulés en 2018 suite à une décision, de l'ancien ministre de la Justice, de recourir au bracelet électronique comme mesure alternative à la détention provisoire. La nouvelle avait alors été accueillie très favorablement dans les milieux qui n'ont eu de cesse de dénoncer le « recours abusif » à la détention provisoire dans le pays, mais sa concrétisation sur le terrain n'a, malheureusement, jamais vu le jour. À quelques pièces près, le lot de bracelets acquis s'est avéré défectueux. Négligence dans les démarches entreprises auprès des marchés étrangers sollicités ? Arnaque ou absence volontaire de suivi dans une opération commerciale qui n'a pas encore révélé tous ses secrets ? C'est à toutes ces questions et bien d'autres encore que tentent, actuellement, de répondre les enquêteurs chargés du dossier. Tayeb Louh a déjà fait l'objet d'une audition au niveau de la Cour suprême, et il sera à nouveau auditionné dans les tout prochains jours mais au niveau du tribunal de Sidi-M'hamed cette fois-ci puisque l'instance a été dotée d'un pôle spécialisé dans les affaires de corruption mis en place après l'annulation de la juridiction de privilège (la Cour suprême) dont jouissaient les ministres et responsables. Ce dossier s'ajoute à celui des abus et interférences dans le travail des magistrats pour lequel a été précédemment inculpé Tayeb Louh. L'enquête à ce sujet a été clôturée après plus de douze mois d'investigations. Contrairement aux autres ministres arrêtés dans le cadre de la lutte anti-corruption, l'affaire Louh a été confiée à l'office central chargé de la répression, une différence qui avait été perçue à l'époque comme étant révélatrice de l'importance des faits reprochés au concerné. Le dossier de l'ancien ministre de la Justice sera enrôlé au niveau du même tribunal, Sidi-M'hamed, avant d'être programmé en procès. D'importants témoignages sont attendus lors de son jugement pour abus de fonction et interférence dans les affaires de la justice. Plus de neuf magistrats doivent comparaître, à charge, pour témoigner des abus dont ils ont été victimes, pour certains, et des injonctions qu'ils recevaient, pour d'autres, pour un traitement particulier des affaires de justice des anciens oligarques. Il faut rappeler, enfin, que le dossier de Tayeb Louh a entraîné l'inculpation de Saïd Bouteflika qui comparaîtra ainsi pour la première fois dans un tribunal civil. Ce dernier est soupçonné d'être intervenu à plusieurs reprises pour une intervention directe de l'ex-ministre de la Justice en faveur d'hommes d'affaires ou de connaissances qui le sollicitaient. A. C.