Une virée du côté des points de vente des jeux pyrotechniques dans la capitale donne à voir un décor qui ne s'apparente en rien à celui des années précédentes en pareille période de la traditionnelle célébration du Mouloud Ennabaoui. Les commerces improvisés au cœur de la capitale et dans les quartiers populaires, autrefois animés, ne trouvent plus preneur cette année. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - En effet, un net recul de la vente des pétards, bougies, et autres accessoires convoités notamment par les jeunes et moins jeunes est remarqué cette année. Ni le nombre des étals, ni les quantités de marchandises qui attiraient par le passé la clientèle ne sont les mêmes que ceux auxquels étaient habitués les vendeurs et les acheteurs, en prévision d'une nuit animée de couleurs des feux. Le marché Djamaâ Lihoud, au cœur de la capitale, plaque tournante de ce commerce en pareille circonstance, fait curieusement défaut cette année. Du coup, c'est tout le marché informel des rues de la capitale qui l'imite. Les produits existent, certes, sur les étals des vendeurs à la sauvette, éparpillés dans les quartiers, mais ils ne trouvent pas preneur. Ali et son compagnon, rencontrés sur la place du marché Réda-Houhou, à proximité de la rue Didouche-Mourad, à Alger-centre, regrettent de s'être lancer dans ce petit commerce qui leur paraissait au départ prometteur. «Nous avions espéré récolter quelques bénéfices, mais jusqu'à présent, la clientèle ne s'est pas encore manifestée à une journée du Mouloud», témoignent-ils. Il est vrai qu'à 24 heures de la célébration de la soirée du Mouloud Ennabaoui, l'ambiance ne reflète guère l'annonce de la fête traditionnelle. Une mère de famille, rencontrée sur les lieux en train de négocier les prix des déclare qu'elle a décidé cette année de limiter au maximum les dépenses. «Même les enfants habitués aux pétards n'y auront pas droit cette année», affirme-t-elle. Et pour cause, elle évoque la cherté. Renseignement pris, elle nous avoue que le père se retrouve cette année avec des revenus amenuisés en raison de cette période de pandémie du coronavirus. Plus loin, c'est la même ambiance qui est perceptible au quartier de Belouizdaz, notamment autour du marché couvert, traditionnellement connu pour l'engouement des citoyens en pareille circonstance, où les étals de vêtements, de chaussures, ainsi que d'autres produits, gadget et tabac, se transforment en bougies, traditionnelles et modernes, de différentes tailles et couleurs et même de lanternes destinées à la décoration des tables du Mawlid Ennabaoui. Le même scénario est observé, la clientèle opte pour quelques bougies et rien de plus. Un homme d'un âge avancé, rencontré sur place nous révèle que la situation sanitaire y est pour beaucoup dans la réticence des clients autour de ce commerce. Pour plus de précisions, il dira que traditionnellement, l'événement est fêté en famille nombreuse. «Cette année, on évite au maximum le rassemblement d'un grand nombre de personnes.» Pour son cas, il nous fait savoir que traditionnellement, il invitait la grande famille pour fêter ensemble le Mouloud. Il regrette, toutefois, que pour cette année, ses petits-fils ne soient pas présents pour animer la soirée. Dans les alentours, notamment à proximité de la mosquée de Belouizdad, quelques jeunes exposent leurs produits sur des étals, pourtant assez fournis mais ils avouent qu'ils chôment. «La quantité et la qualité sont disponibles chez les grossistes, mais nous avons préféré limiter au maximum l'approvisionnement au vu de la situation qui a prévalu depuis ces derniers jours», évoquent-ils. A. B.